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Economie

Foxconn : du temps libre pour les ouvriers

iShen

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Au fur et à mesure que la demande initiale pour le dernier iPad est satisfaite, les usines qui tournaient à plein régime peuvent commencer à lâcher la bride à leurs employés. Foxconn, principal manufacturier de la tablette, a ainsi allégé les horaires de ses ouvriers, une information que l’on apprend de la bouche même d’un des employés de la chaîne de fabrication.

Wan Xiaoqiao, le travailleur en question, a indiqué au site China Business News que lors du pic de production de pré-lancement, la cadence permettait d’obtenir 1 000 iPad produits en 8 heure travaillées.

Là où le témoignage devient intriguant, c’est lorsque l’ouvrier précise que pour lui, la situation a été plus difficile aumois de mars, date à partir de laquelle le rythme de production s’est considérablement allégé, augmentant du même coup le nombre d’heures non travaillées. Ce temps libre n’est guère du goût de Wang qui précise que durant cette période, ses frais sont restés les mêmes, soit 190 yuans pour la taxe de sécurité sociale, 120 pour la location, 110 pour les frais domestiques et encore un peu d’argent pour les repas.

Sur la base d’un peu plus de 2 000 yuans mensuels, Wang estime donc que le mois de mars va être pénible pour ses finances personnelles et sa capacité à faire face à l’ensemble de ses frais.

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Il faut savoir qu’à Foxconn, et contrairement à l’idée véhiculée d’une usine n’exploitant que des esclaves quasiment non-payés ou presque, les heures supplémentaires sont toutes pointées et rémunérées sous forme de bonus salariaux (à noter que la France est l’un des pays d’europe où les heures supplémentaires sont les moins bien payées, quand elles sont payées d’ailleurs).

Pour un travailleur comme Wang, être obligé de ne pouvoir travailer que quatre jours par semaine est donc vécu comme une perte sèche, pas comme un gain de temps de loisirs.

On retrouve dans ce témoignage une démonstration de plus de l’incroyable simplification de l’affaire Foxconn dans son ensemble. Les cadences infernales ici pointées du doigt, mais considérées comme une aubaine en Chine, le temps de loisirs vu ici comme un symbole du mieux vivre, mais vécu là-bas seulement comme une perte d’argent dans un pays où les usines marchent encore à la pointeuse.

Où l’on découve que l’écart n’est pas seulement dans le niveau de vie, mais aussi dans les mentalités et notre rapport au temps libre hors du travail.

La Chine a l’un des plus fort taux d’employabilité au monde, et le travail, même dur, y a encore une valeur qu’il a beaucoup perdu dans des pays avec des taux de chomâge à deux chiffres et qui, de facto, organisent de grands pans de la vie humaine autour des loisirs. Cela ne revient bien sûr pas à dire qu’il est agréable de travailler pour Foxconn ou pire, dans un SweatShop de Pékin, mais que ce que nous voyons comme des avancées sociales ne sont peut-être pas aujourd’hui les principales priorités de travailleurs qui préfèrent avoir plus de salaire et plus d’heures travaillées pour améliorer leur niveau de vie quotidien.

Du reste, avec la grande crise, ces priorités de revenus deviennent aussi celles d’un grand nombre de citoyens de pays dits riches, le chômage massif ou des salaires trop bas par rapport au coût réel de la vie minorant le gain d’un temps libre qui ne vaut souvent que si on a les moyens matériels et financiers pour en profiter.

Au final, on pourra retenir de ce témoignage que la simplification à l’oeuvre depuis des mois dans l’affaire Foxconn aura fait perdre de vue très souvent les enjeux et les objectifs réels de chacun des acteurs de cette grande scène. La problématique des conditions de travail dans les usines chinoises méritait sans doute mieux que cela.

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