Samsung cherche à noyer le poisson
Il faut espérer que chacun des membres du jury du procès qui oppose Apple a Samsung ait non seulement consciencieusement pris des notes, tout au long des trois semaines d’audience qui viennent de s’écouler, mais qu’en outre on trouve parmi eux une proportion élevée de Master et de Ph.D, de préférence en électronique. La juge Lucy Koh a en effet déclaré éprouver de sérieux problèmes de compréhension vis-à-vis du projet de verdict qui devrait être proposé aux jurés, sous forme de questionnaire fermé auquel il ne sera donc possible de répondre que par oui ou par non.
La juge qui préside la cour du tribunal fédéral de Californie du Nord est pourtant loin d’être la première venue : elle a en effet siégé pendant deux ans au tribunal ad hoc de l’État de Californie pour le comté de San José, après avoir travaillé en tant qu’avocate dans un cabinet de la Silicon Valley spécialisé dans les conflits de propriété intellectuelle qui opposent fréquemment les entreprises high-tech de la vallée.
Or c’est bien elle qui a déclaré craindre que le jury ne soit sérieusement embrouillé à la lecture du document de 21 pages, soumis par les représentants de Samsung et d’Apple, ajoutant même : « j’ai des problèmes pour comprendre tout ceci, et j’ai pourtant passé un petit peu plus de temps qu’eu!x sur ce genre de problématique », reprochant au document en question d’être à la fois trop touffu et trop complexe… Cela n’a d’ailleurs pas empêché les conseils de Samsung de proposer un nouveau document, encore plus pointilleux selon les dires des avocats d’Apple.
Il nie s’agit de fait que de la poursuite de la stratégie menée de bout en bout par le Coréen depuis le début de ce procès : noyer le jury composé de non-spécialistes avec des détails insignifiants et des précisions millimétriques, afin de brouiller les cartes, alors que ce qui reproché à Samsung est à l’inverse d’avoir copié une impression d’ensemble, grâce à l’accumulation de détails, après avoir échoué à s’imposer en proposant quelque chose de différent. La confusion érigée en méthode de défense, après l’avoir été en tant que stratégie commerciale, en somme…
