En détails, l’iPad Pro fait (enfin) surface

Longtemps cité dans les rumeurs, le “grand” iPad qu’est l’iPad Pro n’avait pas beaucoup de crédit auprès des analystes avant la keynote mais Apple l’a finalement annoncé et c’est une nouveauté particulièrement intéressante.

Avant même d’entrer dans le détail, on voit qu’encore une fois Apple est capable de revenir sur ses choix du passé en concevant un stylet (ou crayon ?) que Steve Jobs avait qualifié de “has been” à la présentation du premier iPad en 2010. Cette pique à l’attention de Microsoft à l’époque est à regarder de façon encore plus ironique quand on voit l’arrivée d’un clavier avec connexion magnétique qui n’est pas sans rappeler l’accessoire phare de la Surface depuis son lancement.

Cependant la comparaison avec la tablette de Microsoft s’arrête là car Apple n’a pas cherché à intégrer l’OS du Mac dans une grande tablette mais à préféré donner plus d’espace à iOS. Cet iPad Pro est intéressant à plus d’un titre avec l’arrivée d’iOS 9 et son multitâche amélioré et la maturité de nombreuses applications professionnelles (à commencer par Microsoft Office pour iOS) car les utilisateurs seront peut-être amenés à hésiter entre un MacBook (Air ?) et un iPad Pro…

C’est grand, grand comment ?

Avec sa dalle de 12,9″, l’iPad Pro est grand mais pas tant que ça. Prenez une feuille A4 et vous aurez une idée de son encombrement. En termes d’épaisseur, avec 6,9mm sous la règle, il est à mi-chemin entre l’iPad Air (7,5mm) et l’iPad Air 2 (6,1mm) . Sur la balance, c’est un demi MacBook Air 13″ ou à peine le poids d’un iPad de première génération.

En mains il sera certainement mal adapté pour n’être tenu qu’à une seule main, mais il sera plus mobile et pratique qu’un MacBook qu’il faut déplier pour une consultation ou une réponse rapide à envoyer.

Avec ses 5,6 millions de pixels, l’iPad pro en propose plus qu’un MacBook Pro 15″ et permet d’afficher presque l’équivalent de deux iPad Air 2 côte à côte (2732 x 2048 pixels). Autant dire que le partage d’écran qu’iOS 9 inaugure enfin prendra tout son sens sur un iPad Pro et apportera un sérieux gain de productivité gâché à l’heure actuelle par les nombreux gestes ou clics sur le bouton d’accueil pour passer d’une app à l’autre.

Derrière l’écran, l’expérience multimédia n’est pas en reste avec l’intégration de 4 haut-parleurs à même de délivrer (enfin) un son stéréo de qualité et qui s’adapte en fonction de l’orientation de l’appareil.

Un vrai clavier sans fil ni batterie

Les claviers pour iPad sont légion mais avec l’iPad Pro, Apple a choisi de proposer sa propre définition du clavier mobile en piochant sur ce que fait la concurrence, non sans rappeler ce qui existe pour la Microsoft Surface…

La connexion magnétique permet de ne pas avoir à ajouter une source d’alimentation au clavier : pas de batterie, pas de Bluetooth, il suffit d’aligner le “Smart Keyboard” au bas de l’iPad pour en profiter. Les utilisateurs perdront le choix de placer le bouton Touch ID à gauche ou à droite du clavier mais gagneront en tranquillité en évitant d’avoir à penser à la recharge.

Le véritable point fort du Smart Keyboard est d’utiliser le mécanisme ultra-fin des touches du MacBook qui n’en fait pas un clavier ultra-portable au rabais. Recouvert d’un tissu résistant à l’eau et aux taches, ce clavier proposé à 169$ devrait pouvoir survivre aux prochaines générations d’iPad Pro.

Apple joue tout de même l’ouverture en permettant aux fabricants de produire leur propre vision du clavier pour iPad Pro et d’utiliser le “Smart Connector”.

À l’utilisation, si le clavier virtuel est désormais “pleine taille” et encore plus confortable, le Smart Keyboard et ses 64 touches aura pour lui toute une série de raccourcis claviers pour changer d’application, réaliser des copier/coller et interagir avec les applications sans toucher l’écran ou le bouton d’accueil.

Enfin, comme tous les accessoires Apple pour iPad appelés “Smart”, le clavier se plie de deux manières différentes : avec ou sans clavier suivant l’activité réalisée sur la tablette.

Un crayon stylé

En voyant Apple renier ses déclarations sur le stylet et, encore une fois empiéter sur le marché des accessoiristes, on est en droit de se demander l’intérêt d’un nouveau “crayon” pour l’iPad Pro. Mais en y regardant de plus près, Apple propose une expérience différente et pas inintéressante pour ceux qui dessinent sur leur ardoise numérique.

Ce crayon n’est pas un énième stylet destiné à éviter des traces grasses sur la dalle de verre ou à tenter de reproduire ce que fait une tablette graphique : Apple l’a étroitement intégré avec le matériel et le logiciel pour réduire la latence et amélioration la précision du trait.

L’écran tactile détecte si vous utilisez un doigt ou le stylet et dès cet instant double la “fréquence de capture” des mouvements sur la dalle pour assurer un trait fluide et précis qu’il est souvent difficile d’avoir avec le meilleur des stylets actuels. Bardés de capteurs le stylet sait également précisément communiquer la pression exercée et son orientation pour jouer sur l’épaisseur et la forme du trait à l’écran.

Comme la majorité des stylets connectés, le “Pencil” détecte les “saisies involontaires” mais permet tout de même de poser des doigts sur la tablette pour réaliser une action en même temps que l’autre main dessine. Lors de la keynote, la démonstration de la règle était à cet égard bluffante : deux doigts de la main gauche “tiennent” une règle virtuelle qui guide tout aussi virtuellement le trait.

Dans le capuchon situé à l’opposé de la pointe, Apple a caché un connecteur Lighting qui permet de le recharger en le branchant sur l’iPad Pro : 15 secondes de charge pour 30 minutes d’autonomie. Avec une charge pleine, Apple annonce 12 heures d’utilisation soit un peu plus que ce que tiendra l’iPad Pro (10 heures). Cependant si l’utilisation du connecteur de l’iPad est maline, il ne faudra pas que l’iPad et le stylet soient en manque de jus au même moment car vous ne pourrez pas recharger le Pencil… l’iPad Pro utilisant déjà la prise pour s’alimenter !

Plus de puissance, plus de mémoire

Pour assurer un affichage fluide et une utilisation confortable d’un écran comportant autant de points, Apple a dû concevoir comme par le passé une déclinaison “X” de sa nouvelle puce qui délivre toute la puissance nécessaire.

Ainsi malgré un écran 78% plus grand et affichant deux fois plus de pixels, le processeur A9X délivre des performances deux fois supérieures à l’iPad Air, aussi bien pour la partie calcul que pour la partie graphique. Si l’on regarde en arrière, depuis la première génération d’iPad les performances du processeur ont été multipliées par 22 et celles de la partie graphique par 360 !

Apple ne s’est pas arrêtée aux performances brutes du processeur central mais a également revu le contrôleur de stockage qui lit et écrit aussi vite qu’un Mac, sur les 32 ou 128 Go d’espace disponible, photos et vidéos.

Adobe indique également une information qu’Apple rechigne toujours à donner : l’iPad Pro embarque 4 Go de RAM pour assurer tout le confort nécessaire aux applications les plus gourmandes.

iOS 9 conçu pour l’iPad Pro

Si iOS 9 rejoindra une large partie des iDevices, les nouveautés telles que Split View, Slide Over ou “Image dans l’image” prendront tout leur sens sur cet écran surdimensionné.

Vous pourrez avantageusement afficher deux applications côte à côte (Split View) pour écrire un texte avec vos sources en regard, dessiner à partir d’une photo, etc. grâce à la surface d’affichage équivalente à presque deux iPad !

Par contre pas de “Peek” et “Pop” sur l’iPad Pro, ces raccourcis pratiques liés à la pression exercée sur l’écran et démontrés sur les nouveaux iPhone 6S ne seront pas disponible sur l’iPad Pro en l’absence de la technologie 3D Touch. Ce manque sera certainement comblé sur une prochaine génération d’iPad Pro, mais pour l’heure il faudra se contenter des gestes habituels.

L’arrivée de l’iPad Pro, on l’a vu lors de la keynote, sera l’occasion de voir de plus en plus d’applications professionnelles faire la transition du Mac à la tablette sans faire de compromis sur les fonctionnalités.

Pour la fin d’année

L’iPad Pro sera disponible en novembre, dans les coloris argent, gris sidéral et or avec moins de déclinaisons qu’à l’habitude. Vous n’aurez le choix qu’entre 32 Go et 128 Go de stockage et la connexion “WiFi + cellulaire” sera réservée au modèle le plus cher.

Le “Pencil” et le “Smart Keyboard” sont des accessoires proposés à part à, respectivement, 99$ et 169$ sans choix de couleur.

– iPad Pro