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Prospective

L’iPhone dès aujourd’hui ?

Et si l’iPhone premier du nom n’avait été qu’un amuse-bouche, afin d’assurer le lancement de la version définitive, prévue d’ici quelques jours ?

Boro

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Depuis plusieurs semaines, le web bruit à propos des canaux de distribution de l’iPhone, lesquels se tarissent les uns à la suite des autres. Ce fut d’abord le cas des opérateurs partenaires d’Apple, puis de certains Apple Stores particulièrement achalandés comme par exemple celui de la 5e avenue New Yorkaise. C’est désormais le tour depuis ce week-end de l’ensemble des points de vente autorisés par Apple : non seulement le site de vente en ligne américain déclare-t-il le petit terminal-prodige “temporairement indisponible”, mais c’est également le cas d’Orange dont le site français n’a plus en stock aucun des deux modèles 8 et 16 Go (voir la dépêche du 10 mai). Il n’en fallait pas plus pour que les rumeurs de sortie du nouvel iPhone v.2, dès cet après-midi, commencent à poindre… y compris sur les sites internet de la presse informatique institutionnelle.

Chaque jour apporte d’ailleurs qui son indiscrétion, qui sa véritable annonce (voir notamment la dépêche). Pour autant le cas de l’opérateur français est un petit peu particulier.

D’une part, Orange avait été déjà échaudée par le coup pendable joué par Apple Europe à l’automne 2006, lors de la négociation de l’offre MacBook/ LiveBox : les négociateurs avaient alors “survendu” les potentialtés de l’offre. Cette saison-là, Orange n’avait en effet écoulé qu’une petite centaine de packs, quand les accards passés en prévoyaient dix foix plus. Autant dire que Louis-Pierre Wenes, qui avait déjà négocié le premier contrat avec Hanover Street, savait exactement à quoi s’en tenir quant à l’efficacité du champ de distorsion de la réalité du côté des négociateurs de Cupertino quand il a ferraillé avec Tim Cook et Steve Jobs à propos des conditions de l’iPhone, tout fan de Mac qu’il soit… (voir la dépêche du 10 décembre 2007).

D’autre part, Orange est le seul opérateur européen à n’avoir pas été contraint de réévaluer ses forfaits en cours de route, avec seulement et comme AT&T l’ajout d’un forfait plus généreux et l’introduction d’un option “pro”… Les tracassins coutumiers auront eu beau se lâcher en fin de parcours avec le refrain connu de “l’iPhone trop cher” et “l’arrogance d’Apple”, Orange aura été également le seul européen à ne pas brader le terminal ou les forfaits pour arriver – en temps et en heure ? – au bout de ses stocks…

L’ex- opérateur historique s’est d’ailleurs toujours publiquement félicité de ses ventes d’iPhones, minorant même celles-ci puisque, si l’on croit Emmanuel Torregano qui connaît bien le sujet, ce sont non pas 100 000 mais 110 000 iPhones qui avaient trouvé preneur au printemps chez Orange, dont la moitié étaient des clients nouveaux chez l’opérateur. Une preuve supplémentaire que l’intérêt de l’iPhone réside pour une bonne part dans la qualité de la prestation du partenaire qui font – ou non – le succès du biniou (voir l’édito du 7 décembre 2007).

Doit-on – pour une fois – lire la stratégie de Cupertino à propos de l’iPhone à l’aune de la réactivité somme-toute bonhomme de l’un de ses partenaires européens ? Que l’on nous excuse, et sans céder pour autant à la théorie du complot, il est difficile de croire à une coïncidence entre les successions d’annonces de partenariats aux quatre coins du monde, et l’épuisement quasi-simultané des stocks d’Apple elle-même, et ceux de ses partenaires.

La Pomme peut-elle se satisfaire de laisser son produit-vedette invendu, pendant plusieurs semaines, alors qu’il reste encore pas moins de 27 jours jusqu’à la prochaines WWDC ou devrait-être dévoilé le Software Developement Kit définitif pour l’iPhone ? Apple est parfaitement capable de laisser remonter la pression, alors que les nouveaux pays piaffent d’impatience en attendant de pouvoir en croquer à leur tour ; elle peut parfaitement se permettre d’agacer les désirs encore une semaine ou deux, et ce d’autant plus qu’il n’existe plus nulle part de vrais iPhones pour alimenter un marché gris… et pas encore de produit concurrent à la hauteur !

Mais en lançant de façon autonome un iPhone v.2 doté de ses fonctionnalités définitives, indépendamment de la présentation du SDK commun à l’iPhone et à l’iPod touch, Apple rendrait surtout son autonomie à l’iPod touch, tout en différentiant cette fois clairement l’iPhone dans sa version définitive, tel qu’il était destiné à l’ensemble du marché mondial. De quoi en tous les cas expliquer la placidité de la réaction d’Orange, parfaitement consciente de n’avoir eu, comme c’est bien souvent le cas avec Apple, qu’une première version du produit pas tout à fait encore aboutie [[Les réseaux nord-américains et européens l’étaient-ils davantage lors de sa sortie, en ce qui concerne la 3G?]]… parfaitement invendable sur le marché asiatique sans la 3G, quelles que soient ses qualités et les promesses qu’elle porte en elle. On en dira sans doute pas autant de son business model initial :langue

La question qui est désormais posée est : Steve aura-t-il la chutzpahd’arrêter de facto la commercialisation de l’iPhone, quatre longues semaines durant, simplement pour ménager un effet d’annonce pour la prochaine présentation du SDK définitif… et comment va-t-il différencier la lignée de l’iPod touch par rapport à l’iPhone ?