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Édito

Ventes liées, une chance pour Apple?

L’obligation de l’affichage de la part logicielle dans le prix d’un ordinateur est-elle une chance pour Apple ? Mais combien de déçus du “libre” pour avoir voulu éviter Windows… ?

Boro

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Jeudi 3 juillet, se tenait donc sous l’égide de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) une réunion de synthèse qui regroupait autour de la même table poids-lourds de la distribution et ténors de l’industrie informatique. Une grand-messe, aux airs de déjà vu, organisée par les pouvoirs publics pour tenter d’arracher aux acteurs du secteur un accord à propos de la présence de logiciels pré-installés sur les ordinateurs ; le matin-même, le secrétaire d’État à la consommation Luc Chatel avait opéré une énième volte-face sur le sujet, en déclarant au Parisien  « Je souhaite que, sur le montant des ordinateurs, on précise le prix des logiciels préinstallés, afin que les consommateurs aient le choix et puissent se faire rembourser ».

Rembourser, oui : mais rembourser quoi ? Quelle blague, le système d’exploitation bien-sûr ! La rhétorique n’est pas nouvelle ; elle est même exactement semblable à celle qui, à l’hiver 2005 avait empli d’aise le microcosme français, ravi de s’offrir avec le débat sur l’interopérabilité l’une de ces polémique dont il a le secret. Deux ans et demi ont passé, et où en est-on ? Nulle part, et la véritable révolution dans la dématérialisation de la musique est en train de se faire sans eux, avec le renoncement progressif des acteurs aux mesures de protection.

Or après la musique, c’est le même scénario que les tenants du ”libre” s’apprêtent à rejouer à propos du système d’exploitation. On s’abstiendra de considérations sur cette société qui veut que l’ “offre politique” procède désormais du clientèlisme avec l’électeur, à défaut de s’adresser au citoyen, et que l’on préfère infantiliser le consommateur, par nature insatisfait, plutôt que de faire confiance à un client capable d’établir une relation adulte avec un fournisseur : un certain nombre de constructeurs ont déjà commencé à proposer leurs machines avec une distribution Linux, sous la pression de leur clientèle.

D’ici septembre, distributeurs, constructeurs et éditeurs devront réfléchir aux deux propositions soumises par la DGCCRF : mettre en œuvre une procédure d’activation de l’OS, grâce à un numéro vendu par le magasin ; faciliter d’autre part le remboursement d’un OS inutilisé. En fait de “logiciel” et d’affichage de prix, c’est bien de système d’exploitation dont il était question : rien d’étonnant à ce que les deux éditeurs commerciaux de système d’exploitation, Microsoft et Apple, aient boudé la réunion.

Des Romulus et Remus de l’Ère informatique, c’est pourtant probablement Apple qui tirerait le mieux son épingle du jeu dans un tel cas de figure : optimisation de l’architecture oblige, à configuration égale ce sont les machines à la Pomme qui sont les PC les plus véloces, et même les versions “boîtes” de son système d’exploitation et de sa suite de créativité personnelle iLife sont largement plus abordables que ce que l’on peut trouver sous Windows. Un affichage des coûts réels de la part matérielle et logicielle de son offre mettrait celle-ci en valeur sur le marché de l’éducation du primaire et du secondaire, là où les appels d’offres sont le plus souvent saucissonnés au prétexte de “maîtrise des coûts”.

Les seuls qui auraient vraiment à y perdre sont ceux qui, novices dans la chose informatique et tentés d’aller au “meilleur prix”, feraient l’impasse sur les ordinateurs à la Pomme et renonceraient à la version de Windows pré-installée sur les PC au tarif EOM, avant d’être obligé d’y retourner au prix fort de la version boîte après d’inévitables déboires sous Linux. Mais cela importe sans doute peu à ceux qui savent, de toutes façons, qu’un ordinateur de s’achète pas dans un supermarché entre deux barils de lessive…