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Édito

Big Brother is watching him…

Fin de la polémique du week-end autour de la santé de Steve : les rumeurs distillées depuis cinq ans sur le sujet sont-elles si désintéressées ?

Boro

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Le Methodist University Hospital Transplant Institute a donc, sous la pression de l’emballement médiatique de ce week-end et avec l’autorisation de son illustre patient, officialisé l’existence du transplant hépatique subi avec succès par le patron d’Apple, et pour lequel le pronostic est excellent selon le patron de l’unité qui l’a accueilli. La position d’Apple était en effet devenue intenable. Voilà pour les faits.

Sur le fond, nous ne retirons rien de ce que nous avions pu écrire sur le sujet. Le feuilleton médical savamment entretenu depuis 5 ans autour de la santé de Steve Jobs par quelques “foies jaunes”, pour lesquels la médecine hélas ne peut rien, outre le but immédiat de vendre du papier ou de la “page vue” répond en fait, sous le prétexte de “transparence”, à la satisfaction d’arrières-pensées nettement moins avouables.

Même si la communication de Cupertino a évolué ces dernières années comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, l’establishment financier de New-York n’a jamais vraiment pardonné à Steve Jobs de s’être affranchi des règles du sérail, en particulier de la tyrannie de transparence et de la déférence à l’égard des actionnaires qu’affectent la plupart des dirigeants des entreprises cotées au Nasdaq ou au Dow Jones. C’est notamment le cas du Wall Street Journal qui reste le garant de cette orthodoxie – malgré sa faillite évidente à laquelle on assiste aujourd’hui – mais également celui d’un certain nombre d’analystes, qu’ils soient free lance ou commissionnés par les banques de conseils, et dont la vista de Jobs a régulièrement fait mentir les oracles depuis son retour à la tête d’Apple jusqu’aux resultats de ces derniers trimestres. Sans jamais vraiment entamer leur crédibilité, d’ailleurs.

La remise en cause régulière de la capacité de Jobs à diriger son entreprise – non sur des critères entrepreneuriaux et quel que puisse être ou avoir été son style de management, mais sur des rumeurs ou des fuites à propos de son état de santé – nous apparaît comme une petite vengeance destinée à “user” la fraîcheur et l’enthousiasme de l’enfant terrible du secteur au moment où celui-ci traverse une épreuve longue et difficile. Si l’on ajoute à ceci la pratique des médias américains, aussi prompts à encenser un jour qu’à déchiqueter le lendemain dès qu’ils ont senti le goût du sang, et la fascination morbide du public pour le people, on a les ingrédients d’une mayonnaise assez nauséabonde dans laquelle l’attachement réel et la compassion des aficionados de la marque pour la personne de Steve pèsent finalement assez peu.

Dernier exemple en date en guise d’ultime tour de moulin à poivre – mais jusqu’à quand ? – le papier du WSJ sur l’envergure grandissante de Tim Cook au sein de la société, dont on nous expliquera bientôt que la place de n°2 est trop étroite pour lui… Reste que pour l’heure, c’est Steve Jobs qui reste aux commandes de la société qu’il a cofondée, quelles que soient les qualités des personnalités exceptionnelles qu’il a su fédérer autour de lui, cela dut-il poser problème au Wall Street Journal ou à ses concurrents. Jusqu’à qu’à quand ? La réponse lui appartient. En ce qui nous concerne, la chronique médicale est close. Avec soulagement.