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Prospective

Apple, comme des petits pains…

En marge de la communication de nouveaux chiffres records, les officiels d’Apple ont laissé filtrer quelques mots sur un énigmatique produit à venir. Explications…

Boro

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En dépit de ce que pourrait laisser croire une lecture distraite des cotations du titre AAPL (voir la dépêche) – – 10%, boom – les résultats publiés par Apple pour son 3e trimestre fiscal clos le 28 juin dernier sont bons… ils sont même excellents, au point d’avoir une nouvelle fois battu un record (voir la dépêche). Qu’à cela ne tienne, que les livraisons de la Pomme continuent à progresser 3 fois plus vite que le reste de l’industrie en ce qui concerne les ordinateurs ; que ses ventes d’iPods continuent de progresser – à la fois en volume mais aussi en valeur, signe que l’iPod touch est en train de trouver sa place petit à petit – ; que le galop d’essai de l’iPhone EDGE ait été un incontestable succès, et que le californien peine actuellement à fournir sa dernière génération de smartphone dans 25 pays, et bientôt dans 50 contrées supplémentaires importe peu : comme à l’ordinaire les prévisions de Peter Oppenheimer pour le trimestre prochain ont été trouvées trop “conservatrices” par les analystes, et un certain nombre de courtiers ont empoché un bénéfice sur le titre… du moins ceux qui ont dégainé les premiers.

Pour le reste, avec pratiquement 2 millions et demi de Macs vendus, dont 49% de mieux pour le bureau, en grande partie grâce à l’iMac ; 37% pour les portables, tous modèles confondus et pour la première fois le MacBook Air à la livraison, Apple a tiré de son activité historique 61 % de son chiffre d’affaires, avec un secteur Éducation en hausse de 25%, non seulement en ce qui concerne son traditionnel point fort sur le Supérieur, mais également le secteur primaire-secondaire qui vient de battre un record. La Pomme fait un gros trimestre dans toutes les grandes régions du globe, avec +38% de mieux aux États-Unis, + 47% en Europe et +27% au Japon, et dépasse même le 50% en France, en Allemagne ou en Australie. Même certains marchés émergents comme la Russie, l’Amérique Latine ou la Chine sont également au-delà des 50% de progression du chiffre d’affaires.

Mais c’est de la conférence téléphonique qui a suivi la publication des résultats qu’est venue la surprise : comme il y a exactement un an Peter Oppenheimer le grand argentier de la société a laissé entrevoir, sinon un changement majeur, du moins un infléchissement supplémentaire important dans la politique tarifaire de la société. Apple, connue jusqu’ici pour vendre cher ses produits à un petit nombre de passionnés même si elle a dans une certaine mesure réussi à se défaire de l’image élitiste qui lui collait à la peau, pourrait en effet aller plus loin en proposant la transition d’un produit vers une technologie que la concurrence ne possède pas encore, à des tarifs propres à le mettre à la portée du plus grand nombre…

Le jour de gloire bientôt arrivé ?

Le bombe lâchée mine de rien par Oppenheimer a du glacer le sang d’une bonne partie des compétiteurs d’Apple, d’autant que ni celui-ci, ni Tim Cook n’en ont livré davantage par rapport à ce que, à l’évidence, ils avaient décidé d’amorcer.

Apple est en effet dans une position très particulière de son histoire, où elle n’est plus seulement le leader incontesté de la musique en ligne tout en étant porteur d’une solution différente sur le plan informatique, mais pas encore d’une alternative à Windows. Or la faillite de Vista, et le regard changé par la réussite commerciale de l’iPod et celle, industrielle et technologique, d’OS X ont entrebâillé des portes par lesquelles le Mac et l’iPhone sont en train de se glisser… chacun d’eux ouvrant davantage d’espace pour l’autre au passage. C’est tout sauf un hasard si Oppenheimer a parlé de “momentum” à propos du Mac : celui-ci est à la veille de monter dans l’ascenseur qui le propulsera en bonne place dans les listes d’achat de la majorité précoce des responsables IT, celle qui se refusait jusqu’à présent par pragmatisme à franchir le pas. Or c’est l’iPhone, avec sa dimension de client mobile léger sous OS X, qui semble bien en train d’emporter l’adhésion : de l’aveu-même d’Oppenheimer des bataillons de commerciaux au sein des opérateurs s’attachent dans la plupart des pays à convaincre les entreprises d’adopter l’iPhone…

Apple joue gros, au moment où tout s’accélère : il aura fallu 14 mois à l’iPod pour passer le cap symbolique du premier million d’exemplaires, et 74 jours soit 2 mois 1/2 à l’iPhone EDGE pour en faire autant, sur le seul marché étatsunien, il est vrai après une réduction substantielle de son prix qui aura fait couler beaucoup d’encre (voir l’édito du 10 septembre). Il n’aura guère fallu qu’un week-end – 3 jours très exactement, dans 21 pays – pour atteindre ce chiffre, après un nouvel effort considérable sur son prix qui marque la volonté de Cupertino de poursuivre l’expansion du volet mobile d’OS X en tant que plate-forme à part entière : c’est la raison pour laquelle la version 2.0 du firmware a été étendue à la génération précédente de l’iPhone, mais également à l’iPod touch, avec sa capacité à faire tourner de véritables applications (voir la chronique du 8 juin 2007).

C’est également la raison pour laquelle cette fameuse transition-produit consistera très probablement à terminer l’adoption d’OS X sur les iPod de la génération click wheel, et forcer l’adoption de l’interface multitouch en même temps qu’un bon moyen d’absorber une part importante des écrans tactiles qui vont commencer à être disponibles en quantités suffisantes.

Une obligation de réussite

Encore faut-il que sa solution de poche soit synonyme d’excellence, au même titre que la version “client lourd” d’OS X. Outre les nuages amoncelés au-dessus de Mobile Me, lequel fonctionne à la “va-comme-je-te-push” depuis son lancement, c’est la capacité-même du logiciel de l’iPhone à faire tourner des applications-tierces qui est, provisoirement, mise en défaut. Impossible en effet au bout d’un certain temps de lancer une application téléchargée, quand les iApps natives de l’OS ne sont pas affectées : même la Télécommande proposée par Apple est touchée, et ne redevient fonctionnelle qu’après restauration des paramètres du terminal, ou bien la réinitialisation de celui-ci : un comble ! Le problème des applications, sans doute victimes de la possibilité qui leur est laissée de reprendre là où l’utilisateur en était resté sera probablement rapidement réglé, quand OS X saura comment faire le ménage dans les différentes “sessions” ouvertes par chaque appli.

Il n’est jusqu’au programme de distribution de ces fameuses applications, directement depuis le terminal, qui ne donne des signes de faiblesse, avec des mises à jour difficiles à faire remonter pour les développeurs et des milliers de nouveaux entrants qui trépignent d’impatience faute de pouvoir apporter leur écot ; avec plus de 25 millions de téléchargements en 10 jours, celui-ci a visiblement fait la preuve de la validité de son concept… et du sous-dimensionnent de son architecture.

La version 2.1 du logiciel interne est, si l’on en croit la rumeur, en bonne voie et une succursale de l’AppStore, destinée aux versions beta, est en préparation mais, pour être victime de son succès, qu’elle ait péché par désinvolture, ou qu’elle ait voulu courir trop de lièvres simultanément, Apple s’est mise à la faute au moment où elle était le plus exposée. En bonne voie pour le marché de masse, la Pomme se trouve actuellement dans la situation de la Perette de fable, et ferait bien de rester concentrée…

Quand à ceux qui attendraient plutôt quelque chose de plus consistant, avec des écrans d’une diagonale plus large mais tout aussi “Multi touch” que celui de l’iPhone, ils pourraient être bientôt exaucés, à l’horizon de la Macworld 2009, lorsque l’intégration des systèmes de PA Semi aura été menée à bien et que les utilisateurs de l’iPhone commenceront à réclamer à cors et à cris quelque chose avec un écran plus large. Juste à temps pour concurrencer les produits conçus autour de la prochaine plate-forme Tolapai d’Intel et du EP80579, conçue elle-aussi autour d’un System on Chip? Apple a en tous cas porté le niveau de sa Recherche et Développement à 47 millions de dollars pour le 2e trimestre consécutif, soit une fois et demi l’équivalent de ce qu’elle consentait voici 1 an. La résurrection du eMate, autour de la fameuse Tablet, n’est peut-être plus si loin (voir la chronique du 19 février 2007)

Si d’ici là on pouvait nous lâcher définitivement avec la santé du Capitaine…