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Prospective

iPhone 3G : pourquoi il fait craquer

Un an après son premier essai, Apple a véritablement posé les bases d’un Macintosh d’un nouveau type, hyper communicant : si vous vous approchez, vous êtes fichu !

Boro

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Un peu plus de deux semaines après le lancement planétaire de l’iPhone 3G, et huit jours encore plus tard en France, difficile de se préparer à évoquer le nouveau mobile d’Apple sans un brin d’appréhension tant celui-ci a mobilisé les attentions, depuis la présentation de la version 2.0 du logiciel interne le 9 juin dernier. Signe qui ne trompe pas : un certain nombre de lecteurs ont d’ores et déjà protesté à voir ainsi nos colonnes monopolisées par ce qui n’est, fut-il conçu par Apple, “qu’un téléphone” ; le temps n’est sans doute plus loin où, par complaisance, par posture journalistique ou tout simplement en suivant la pente habituelle du “lécher, lâcher, lyncher”, les titulaires des rubriques high tech vont bientôt expliquer d’un air de connivence que, décidément, le battage autour de l’iPhone 3G est tout à fait surfait…

Or, même si tout le monde est plus ou moins réfractaire à la nouveauté a priori, il est difficile de ne pas reconnaître au smartphone d’Apple sa rupture fondamentale dans l’approche de l’interface et de l’expérience utilisateur, et dont procède le plaisir immédiat que l’on éprouve à utiliser les différentes fonctions ; disons-le tout net, il est pratiquement impossible de lui résister.

Tout d’abord, les fanboys américains de la marque qui, après avoir piaffé d’impatience pendant des semaines avant le lancement de l’iPhone première version, puis desséché pendant des heures sous le soleil de la fin juin, avaient tapé juste en baptisant “leur précieux” l’objet tant convoité, en référence à l’œuvre de Tolkien : l’iPhone d’Apple a ceci de commun avec l’anneau de Sauron que – est-ce la forme qui trouve tout naturellement sa place dans la main ou la satisfaction esthétique procurée par l’interface utilisateur à chaque étape de la découverte – le bidule semble enchanté ; si vous passez ne serait-ce que quelques minutes au calme avec lui, celui-ci semble vous implorer de ne pas le laisser…

Un indice de son succès à venir et la preuve qu’Apple a su éviter le fameux “syndrome du couteau suisse”? Prêtez-le à votre épouse ou votre compagne : celle-ci tombera sous le charme et en voudra un également ; même les vendeurs qui, dans la boutique Orange que nous avons visitée avaient craqué pour la première version, attendaient avec impatience de pouvoir s’acheter la seconde lorsque la tension sur les approvisionnements sera apaisée…

L’iPhone est-il toujours un téléphone ?

On a raconté un certain nombre de sottises lors de la sortie du modèle EDGE en juin de l’année dernière, les deux tiers des critiques qui lui étaient opposées étant imputables à l’immaturité flagrante de l’OS – on a vu que celui-ci avait évolué tout au long du 2e semestre 2007, et la version actuelle reste basée sur Tiger – mais également aux prestations fournies par l’opérateur choisi par Apple ; le reproche le plus fondé, et qui portait sur la qualité des communications téléphoniques sticto sensu, était paradoxalement passé à l’arrière-plan. Or, cette fois-ci, l’essai posé avec le premier modèle d’iPhone est transformé, avec la manière : que ce soit en mode EDGE ou 3G, en direct ou avec les écouteurs et le micro intégré, sans qu’on puisse relever différence notable entre les 2 normes pour ce qui est du confort de la conversation. Cerise sur le gâteau, le réseau UMTS / HSDPA permet de continuer sa conversation et de surfer en même temps, pour effectuer une recherche par exemple.

Côté surf en revanche, même si les différences entre Edge, 3G et WiFi sont notables, il faut respectivement 53”:08 ; 38”:07 et 29”:03 à chacun d’entre eux pour charger la page d’accueil de Macplus (cache vidée), les différence ne sont pas rédhibitoires.

Autre reproche que l’on avait pu faire à la précédente génération, l’absence de véritable GPS. Parmi la dizaine d’antennes embarquées dans l’iPhone 3G on compte désormais une vraie puce GPS, laquelle s’en tire avec les honneurs… il est vrai en continuant de s’appuyer sur Google Maps. Et, à l’instar des ordinateurs portables que l’iPhone a d’ores et déjà commencé de remplacer pour un certain nombre d’usages courants, il faudra d’ailleurs s’habituer à gérer au mieux les différents services en fonctionnement, au fur et à mesure des besoins, et veiller à ne pas laisser tous les “robinets” ouverts… sauf à vider la batterie en une demi-journée à peine, comme il faudra pour les mêmes raisons apprendre à baisser l’intensité du magnifique écran tactile. La connexion WiFi est paramétrable suffisamment finement pour se tirer de la plupart des pièges du quotidien, et les iApps qui sont livrées en standard s’intègrent parfaitement à celles présentes sur les machines de bureau, comme elles intéragissent également en elles : le carnet d’adresse est notamment partout disponible. De même, le GPS “marque” – si lui en donne l’autorisation – les clichés pris avec l’appareil photo toujours de 2 mégapixels. Celui-ci s’acquitte honnêtement de sa tâche, même si l’objectif ou le traitement électronique de l’image auraient gagné à se voir améliorer.

L’iPhone est-il pour autant exempt de défauts ? Il est évident que non, et en particulier le logiciel interne reste largement perfectible : certaines applications-tierces sont inexplicablement instables – dont la propre télécommande proposée par Apple – et le clavier virtuel, s’il réclame du doigté et une maîtrise fine de la gestuelle (souvenez-vous de l’apprentissage du “pointer, cliquer” avec la souris) – bloque parfois sur certaines lettres et fait alors quitter l’application ouverte. Ceci posé, celui-ci va rapidement être débarrassé des scories qui l’encombrent encore, comme il est très probable qu’un certain nombre de fonctions qui lui manquent encore (copier-coller, envoi de MMS, capture video) pourront être introduites ultérieurement, au fur et à mesure de l’évolution de la version de poche d’OS X. Même les débuts de push-au-crime de Mobile Me – c’était bien la peine de s’offrir un data center dernier-cri pour y faire sauter les plombs à la première occasion – devraient bientôt être derrière nous.

Une nouvelle rupture, centrée sur l’utilisateur

Du moins faut-il l’espérer, car l’iPhone n’a véritablement contre lui que les vieux démons d’Apple, ou ceux de ses partenaires opérateurs, le californien pouvant laisser ses clients sans mails pendant près d’une semaine avant de donner signe de vie, ou tel client professionnel, depuis 17 ans chez France Télécom abandonnant 200 € par mois à l’opérateur historique, se voyant proposer le modèle blanc au prix fort (609 €), au prétexte qu’il lui manque 400 points de fidélité… et surtout qu’il vient de renouveler son contrat pour un an…

Une seule chose est peut-être véritablement gênante : c’est la fâcheuse propension de l’écran à immédiatement se couvrir de traces de doigts. Que votre belle-mère souffre de troubles obsessionnels compulsifs et que vous songiez à vous débarrasser d’elle, vous tenez le crime parfait : offrez-lui un iPhone et elle mourra bientôt d’épuisement à force de frotter…

Pour le reste, si vous devez changer de téléphone portable, si vous êtes tenté par un smartphone ou avez tout simplement envie de vous faire plaisir avec l’iPhone : foncez, d’autant que son prix est devenu beaucoup plus raisonnable ; il ne vous restera plus qu’à trouver votre chemin dans l’offre buissonnante des forfaits Orange. L’interface Multitouch en fait le plus merveilleux des iPods, et une télécommande pour iTunes rapidement indispensable… en attendant mieux. Les 1001 applications désormais disponibles sur l’App Store forment le noyau vivace d’une nouvelle plate-forme mobile qui repose sur OS X. Véritablement lancée au printemps dernier après une première tentative en s’appuyant sur Safari (voir la chronique du 6 mars), celle-ci ne demande qu’à se développer et à accueillir – dès cet automne ? – de nouveaux Touch-bidules.

L’iPhone, et dans une moindre mesure l’iPod Touch, sont les représentants, sinon d’un nouveau taxon, du moins d’une nouvelle classe d’appareils omniprésents, ultra-légers et connectés en permanence, à la fois les uns avec les autres et avec les réseaux mondiaux et/ou privés, que ceux-ci soient domestiques ou internes aux entreprises. A la fois plus dotée que la précédente tout en matérialisent un premier pas dans la nouvelle direction, l’iPhone 3G noue même temps des liens significatifs avec les entreprises, comme sans-doute jamais encore dans l’histoire d’Apple et ce, grâce à la compatibilité avec Exchange. Par là, ccette mouture de l’iPhone tient à la fois du Mac 512, et du Macintosh Plus.

On a pas si souvent l’occasion de monter à l’heure dans le train de l’innovation technologique. Dans le domaine de l’interface, le dernier démarrait voici bientôt 25 ans…

[Edit : étoffé la conclusion, à propos des appareils à venir et du parallèle avec le Mac le 31/07]