4D : entrevue MacPlus
Les 20 et 21 Février se tenait à Montréal la “Conférence 4D 2002”, deux journées de conférences et de discussions autour de 4D, un des logiciels phare du monde de la Base de Données. Organisé par LP2G (distributeur de 4D au Canada), cet évènement a permis à de nombreux développeurs 4D de se rassembler pour partager leurs expériences. C’est à cette occasion que nous avons pu nous entretenir avec Laurent Ribardière (Fondateur et actuel Président Directeur Général de 4D) et Pierre Groleau (Directeur Commercial International) qui avaient spécialement fait le voyage depuis Paris. Nous les remercions d’ailleurs d’avoir accepté de répondre à nos questions malgré la fatigue consécutive à une première journée chargée et… à 6h de décalage horaire.
Comment se porte 4D aujourd’hui ?
LR:
Malgré un contexte économique général assez dur, 4D se porte très bien aujourd’hui.
Notre avantage est d’avoir une base installée servant de revenus sûrs et apportant une certaine stabilité. Le point important je pense c’est que nous n’avons pas sacrifié l’avenir pour du futur immédiat, ce qui nous a permis de continuer les développements importants. Sinon, 2002 sera une année assez importante pour nous avec l’annonce de nouveaux produits.
Comment se déroule le passage à MacOS X ? Le calendrier prévisionnel affiché
sur le site de 4D semble quelque peu… dépassé.
LR:
Effectivement, nous ne sommes pas parvenus à respecter le calendrier que
nous avions fixé. La majorité de la gamme sortira en version MacOS X dans le
courant du mois de Mars. Nous avons rencontrés beaucoup de difficultés
techniques. Beaucoup de fonctions n’étaient pas compatible entre MacOS 9 et
Carbon (gestion des layers des fenêtres, gestions des menus, gestions des
évènements, gestion des process,…). Mais aujourd’hui nous avons atteint
notre objectif principal: permettre à l’utilisateur final un passage
“transparent” de son environnement de développement (et de ses
développements) de MacOS 9 à MacOS X.
4D commercialise aujourd’hui 4D Business Kit. Peut-on en savoir plus sur ce
nouveau produit ?
LR:
Nous nous sommes rendus compte que la plupart de nos développeurs devaient
“réinventer la roue” à chaque fois qu’ils voulaient faire un développement
orienté eCommerce de leurs applications existantes. De plus, avec Internet,
ils devaient faire face à une logique de développement sensiblement
différente de l’environnement Client-Serveur auxquels ils étaient
habituellements confrontés.
4D se devait donc de fournir à ses développeurs une solution complète
répondant à ce besoin, c’est aujourd’hui chose faite avec 4D Business Kit.
Le point fort de 4D Business Kit est d’être extrèment convivial. Un ensemble
de modèles couvrant un large éventail d’applications (agences immobilières, restaurants, vêtements, livres…) permet de mettre
en ligne très rapidement un site fonctionnel. Ces modèles peuvent bien sûr
être édités et personnalisés afin de correspondre au mieux à l’image que
souhaite véhiculer le client au travers de son site Web.
Le langage de programmation intégré permet d’étendre les fonctionnalités
déjà existantes, pour des applications plus complexes.
Et bien sûr, 4D Business Kit s’interface avec les bases 4D existantes (grâce
à un module externe à installer dans la base). Ceci permet par exemple
d’utiliser des tables “Clients” et “Articles” déjà opérationnelles et de les
synchroniser avec 4D Business Kit.
Comment 4D Business Kit gère t-il les problèmes de sécurité ?
LR:
4D Business Kit est une solution totalement sécurisée: on peut ainsi avoir
une base 4D derrière un firewall, accessible uniquement en interne, et 4D
Business Kit de l’autre côté, accessible depuis l’extérieur. Les deux
produits communiquent entre eux en HTTPS (donc de façon sécurisée).
Divers paramètres peuvent également être modifiés au sein de 4D Business
Kit, comme le choix entre le mode “Redondance” et le mode “Unicité” de
l’information (l’avantage de la redondance étant que si le serveur 4D
business Kit faisait l’objet d’attaques extérieures, les informations de la
base 4D ne seraient pas atteintes).
4D Business Kit est donc parfaitement adapté aux besoins actuels en matière
de sécurité de la gestion de l’information et des transactions.
A qui s’adresse 4D Business Kit ?
PG:
Nous visons bien sûr l’ensemble de notre communauté de développeurs actuelle
qui aurait besoin de mettre en place une solution eCommerce, mais nous
visons également les professionnels du Web (qui, par nature, ne sont pas des
développeurs de bases de données). Ce nouveau produit leur permet d’intégrer
de façon extrèmement simple le eCommerce dans leurs activités.
Toutes les fonctionnalités d’un site eCommerce (articles, stocks,
illustrations, commandes,…) sont gérées en standard par 4D Business Kit
qui vient alors s’ajouter naturellement à la palette d’outils dont disposent
les concepteurs de sites web (éditeurs HTML, logiciels d’animations,
logiciels de retouche d’image,…).
Nous pensons vraiment pouvoir jouer un role important dans ce marché où les
standards sont loins d’être définis (contrairement aux outils de
développements par exemple).
Par le biais de ce produit, 4D diversifie donc en quelques sortes ses
activités. N’est-ce pas une stratégie un peu risquée dans le contexte
économique actuel ?
PG:
Il est important de nous diversifier et d’étendre la gamme de notre
clientèle.
Nous espérons également que sur le long terme 4D Business Kit permettra aux
gens de faire un premier pas dans le monde 4D. Ce produit s’inscrit donc
dans la démarche logique des choses.
Il semble que 4D ait une politique très active au niveau des Formations /
Certifications et du monde de l’Education: est-ce exact ?
PG:
Oui tout à fait. Cela s’inscrit dans une volonté de préparer l’avenir.
Le marché actuel n’est pas très “réactif” dans le sens où il est aujourd’hui
difficile de faire migrer les développeurs actuels de leur outil de
développement vers un autre (que ce soit 4D ou un produit concurrent).
Par contre, les personnes débutant dans l’informatique ou dans le
développement représentent un marché beaucoup plus ouvert, et on les
retrouve majoritairement dans le monde éducatif.
C’est pour cela que nous nous rapprochons aujourd’hui de ces personnes et
tentons, au travers de formations, de journées d’initiations, de les amener
à découvrir l’univers 4D qui s’inscrit parfaitement au milieu des standards
actuels du marché.
4D semble donc véritablement être “une grande famille” ?
PG:
C’est certain qu’autour de 4D on retrouve une certaine convivialité, une
certaine proximité de la part de 4D (l’éditeur) qui est due principalement à
notre “taille humaine” (par rapport à d’autres société qui aujourd’hui ne
peuvent plus offrir une telle qualité de service).
Beaucoup de personnes se plaignent de la complexité de la gamme 4D actuelle.
Quelle est votre opinion à ce propos ?
LR:
C’était vrai effectivement il y a quelque temps, mais nous avons clairement
une volonté de simplifier l’offre, de la clarifier.
PG:
C’est dans cette optique de “clarfication” que nous proposons, par exemple,
des solutions “packagées” comme le 4D Developper Edition (incluant 4D, 4D Compiler, 4D Insider, 4D Open Suite, 4D Write, 4D Draw, 4D Backup et 4D Runtime) offrant au développeur un ensemble d’outils de développement
fonctionnel.
Néanmoins, 4D étant une gamme de produits complète offrant un large éventail
de possibilités (par le biais notamment de modules complémentaires), il nous
serait difficile de faire une gamme plus simple sans devoir en contre-partie
augmenter la tarification. Nous sommes donc obligés de faire certains
compromis, mais nous pensons sincèrement que notre offre actuelle est
réellement compétitive.
Justement, à ce propos, la nouvelle politique de prix (concernant en
particulier 4D Engine et 4D Installer Maker) déplait à bon nombre de
développeurs. Que leur répondez-vous ?
PG:
Nous avons effectivement apporté des changements à ce niveau là, et dans la
majeur partie des cas cette politique de licence est plus avantageuse pour
le développeur final. Malheureusement, il y a effectivement certains cas
particuliers où ce n’est pas le cas. Mais nous sommes ouverts
commercialement, et nous invitons les développeurs ayant des besoins
spécifiques en terme de déploiement à nous contacter afin d’établir un
accord et parvenir à une solution.
Pouvez-nous nous en dire plus sur 4D Australasia, dernière filière 4D en
date ?
PG:
L’Asie Australe (Australie, Nouvelle Zélande,…) représente une communauté
de développeurs assez importante. C’est notre plus gros marché “hors
filiales” et “hors Europe”. Compte tenu de la distance et des problèmes liés
au décalage horaire, c’est un marché qu’il est difficile de traiter via des
distributeurs. Nous avons donc choisi de monter une structure locale (ce qui
ne posait pas de réelles difficultés étant donné par exemple qu’il n’y avait
pas besoin de traduire nos produits), ce qui nous permet d’être plus
réactif, de lancer des actions commerciales mieux ciblées,…
Et qu’en est-il de 4D au Canada ?
PG:
LP2G, notre nouveau distributeur, est en place depuis un an et demie. Un
grand travail de fond a été entrepris depuis la dernière Conférence 4D et on
constate à tous niveaux qu’il porte aujourd’hui ses fruits. Nous espérons
ainsi redonner à 4D la place qu’il mérite sur le marché Canadien.
LR.:
Sinon, par rapport à la communauté d’utilisateurs, on note un grand esprit
d’entraide.
Quels sont les grands développements en cours au niveau de la gamme 4D ?
LR:
Tout d’abord, achever le portage vers MacOS X de notre gamme de produits.
Parallèlement, nous avons également développé des versions Windows XP de nos
produits (nous en parlons moins car le portage a été plus facile que pour OS
X). Nous tenons ainsi compte des nouvelles fonctionnalités, notamment
d’interface (nouvelle gestion des polices, des skins,…), introduites par
Microsoft et nous utilisons beaucoup plus de composants systèmes de bas
niveau.
4D Business Kit représentait lui aussi un développement assez important.
Nous finalisons également PowerView, un module tableur beaucoup plus
perfectionné que 4D Calc. Ses caractéristiques principales sont la rapidité,
le fait qu’il ne soit pas techniquement limité en terme de nombre de
cellules (4D Calc était limité à une grille de 256×256), les liens
dynamiques entre une table et une feuille de calcul,…
Les béta-testeurs qui l’ont eu entre les mains ont été très enthousiastes et
attendent avec impatience la sortie de la version finale.
4D Webstar va également évoluer avec l’introduction de la version 5.1 qui va
comporter entre autre un nouveau serveur mail sécurisé.
A AppleExpo 2000 [[MacPlus avait en effet entrevu L. Ribardière sur Radio MacPlus]], nous avions parlé de l’intégration dans 4D de modules de
synchronisation avec les PDA (Palm, PocketPC,…). Un an et demi ont passé
: où en est ce projet ?
LR:
En interne, aucun développement n’a été effectué à ce niveau là: nous avons
préféré soutenir des partenaires extérieurs qui devaient mettre à
disposition rapidement de tels outils. Sur l’ensemble, aucun de ces
partenaires n’a aujourd’hui réellement abouti à une solution fonctionnelle.
Un certain nombre d’intégrations existent, mais aucune ne correspond à ce
que j’attendais. Si la situation n’évolue pas nous entamerons certainement
le développement de tels outils ou, au moins, la mise-à-disposition de
librairies permettant la synchronisation avec les fonctions “de base”
(contacts, calendriers, notes,…).
Mais l”objectif final est d’arriver à embarquer de véritables “mini bases
de données” et de les faire communiquer avec les bases existantes.
Un avis sur la stratégie actuelle d’Apple ?
LR:
Tout d’abord, je suis très content de la manière dont Apple fait évoluer
MacOS X. La 10.1 m’a agréablement surpris en corrigeant notamment pas mal de
problèmes de lenteur… mais il reste néanmoins quelques points à corriger
ou à améliorer (notamment dans la gestion des fenêtres). Nous attendons donc
avec impatience la 10.2.
Sinon, j’aime bien leurs nouvelles machines, je trouve le look assez
sympathique.
Je pense qu’Apple est plutôt sur une bonne direction pour l’instant, il faut
maintenant voir avec le temps comment les choses vont évoluer.
