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Interview

Interview : Libé.fr

Avec plus de 38 000 téléchargements en l’espace d’un week-end, l’application de libération.fr a pris un départ en fanfare. entretien avec Ludovic Blécher, rédacteur en chef de Libé.fr

Boro

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Avec 38 000 téléchargements en l’espace de trois jours, l’application de libération.fr destinée à l’iPhone a fait une entrée remarquée au sein de l’App Store : celle-ci caracole même en tête des téléchargements depuis deux jours, toutes catégories confondues. Il faut bien avouer qu’elle redéfinit ce qui avait été proposé jusqu’ici par les différents sites d’information, qu’il s’agisse de la presse quotidienne ou même magazine, avec une synthèse très réussie entre le journal au format papier, et son équivalent dématérialisé. Autre trouvaille, la possibilité donnée à l’utilisateur de voir se construire le journal du lendemain. Entretien téléphonique avec Ludovic Blécher, rédacteur en chef de libération.fr et responsable des éditions numériques.

MacPlus : Vous avez été parmi les premiers à proposer un site optimisé pour l’iPhone, avec même «iphone» et non pas «mobile» dans l’URL. Vous proposez aujourd’hui une app, qui est sans doute ce qu’il y a de plus abouti dans la presse. C’est Visuamobile qui a réalisé l’appli : comment s’est passée la genèse de l’application, et comment est partie la réflexion ?

Libération.fr : Être présents sur l’iPhone, c’est quelque chose qui me tenait personnellement énormément à coeur, et c’est pour ça qu’on avait été les premiers à faire un site dès la sortie de l’iPhone. La logique aurait voulu qu’on suive tout de suite avec une application, parce qu’on avait bien conscience de son importance et à quel point il changeait les comportements. Malgré tout, il a fallu qu’on fasse des choix parce qu’on avait beaucoup de choses à développer, et qu’on est moins riches que nos concurrents.

Le choix qui a été fait ça été de développer le site payant, avec toutes les modifications qu’on a fait sur le Web, et de se donner le temps d’arriver avec des applications sur iPhone de façon réfléchie et puissante, et surtout en cohérence avec nos modèles. C’est pour ça que, après avoir pris le temps, on a décidé d’arriver avec une application en partie payante en partie gratuite, et donc un modèle économique original, et surtout une appli qui innove dans le sens où elle est la première à réconcilier les logiques papier et digitale en proposant le journal papier à l’intérieur de l’application.

Je voudrais d’ailleurs rendre hommage à la qualité du travail des gens de Visuamobile, qui nous ont permis de travailler dans une réelle synergie, chacun d’entre nous apportant ses idées. Moi j’avais une idée assez précise de ce que je voulais qu’on fasse, et ils ont su mettre ça en scène, le nourrir de leurs propres idées, ajouter des innovations là-dedans. Et pour finir ça vraiment été un travail de synthèse en commun. Mais on s’est parlé quatre fois par jour pendant trois mois…

MacPlus : Mais c’est la version 3.0 d’iPhone OS qui vous a permis de réaliser ce que vous aviez en tête…

Libération.fr : Ce qu’a permis le firmware 3.0, ce sont les possibilités commerciales que nous ouvrait le nouveau modèle d’Apple. Au départ, on pensait faire une appli payante, parce que c’était dans les applis payantes qu’on pouvait faire de l’in-app purchase [NDLR : des achats à l’intérieur même de l’application de l’iPhone, par micro-paiement], et puis Apple a évolué et a permis de se faire une appli gratuite avec des parties payantes : on s’est donc engouffrés dans la brèche.

MacPlus : L’appli Libé fait le pari  d’une intégration très poussée du format traditionnel papier, dématérialisé, et du format plus familier de l’iPhone… sans compter une tarification à plusieurs entrées et la monétisation des archives, ce qui est une réflexion transversale chez tous les médias avec un peu de bouteille. Est-ce que le modèle de tarification n’est pas quand même un tantinet compliqué ?

Libération.fr : On peut le voir de deux façons : soit effectivement comme un système compliqué, soit au contraire comme un système souple puisqu’il permet tout un tas de systèmes d’achats. Quelqu’un qui est vraiment emballé par le concept va s’abonner à notre site Web, quelqu’un qui veut uniquement lire de temps en temps va acheter à l’unité et celui qui a besoin d’un peu de temps pour se décider va pouvoir l’acheter à la semaine, le temps de se faire une idée. Là, on a tout mis gratuit pendant une semaine pour que les gens puissent se rendre compte de l’intérêt de l’application. Même s’il est vrai que pour ce qui est de la musique, la tarification était plus simple au début, là aussi le modèle a évolué et on espère que les gens nous suivrons aussi là dessus. En tout cas, je pense que ça valait le coup de tenter ce modèle un peu Premium, d’autant que cette application est voulue comme un outil de recrutement : si cela plaît et que ça donne envie aux lecteurs de s’abonner au site web, ils auront également Libé.fr sur leur iPhone pour le même prix.—–

MacPlus : Écrans et Next qui font l’objet de cahiers séparés dans Libération et Libération.fr ne figurent pas dans l’application. Est-ce qu’il s’agit de quelque chose de délibéré et de définitif, ou est-ce qu’il y a une évolution future à prévoir, soit au sein de l’appli Libé ou pourquoi pas quelque chose de spécifique ?

Libération.fr : En ce qui concerne l’application Libé, ça n’était pas l’objet ; même si évidemment on pourra y retrouver des articles d’Écrans.fr, on ne le retrouve pas en tant que tel et en tant que marque… mais rien ne dit qu’Écrans ne devrait pas faire l’objet d’une application en tant que marque par ailleurs, même si on n’en est pas là pour l’instant : l’important était de faire une bonne application pour Libé, qui englobe l’ensemble de nos marques.

MacPlus : Est-ce que l’écran de l’iPhone n’est pas en définitive un peu étroit pour l’application, avec les pages du journal qui s’affichent, et est-ce vous n’aviez pas un autre format, celui de la tablette, en tête quand vous y avez réfléchi ?

Libération.fr : Visiblement, et si je m’en réfère à la façon dont l’application a été reçue, j’ai l’impression que les gens arrivent bien à la lire… Maintenant, ce qui est sûr, c’est que si demain Apple « dégaine » sa tablette, on est quasiment prêts… Et là, ça va être vraiment sympa, donc : Welcome!.

MacPlus : Est-ce que de votre point de vue il y a une accélération de l’usage mobile ?

Libération.fr : C’est indéniable qu’il y a une accélération actuellement des usages mobiles, et que le seul mobile qui aujourd’hui permet de lire de l’info avec une grande qualité c’est l’iPhone. C’est l’iPhone qui a véritablement révolutionné les usages.

MacPlus : Même par rapport à d’autres téléphones disons plus confidentiels, mais avec une taille d’écran comparable ?

Libération.fr : Honnêtement, là je ne sais pas vous répondre ; je ne connaît pas suffisamment les autres téléphones…

MacPlus : L’interactivité avec les lecteurs, c’est :

– une mode ?

– un choix ?

– une nécessité ?

Libération.fr : Ah c’est c’est un choix tout d’abord, et on a joué cette carte-là il y a plusieurs années sur le web, et au-delà d’être un choix c’est une réalité parce que quand je vois le nombre de mobiles reporters qu’on reçoit là [NDLR : en l’espace du week-end] c’est incroyable. Donc c’est un choix et une réalité.

MacPlus : On l’a vu, Libé est assez enthousiaste en ce qui concerne l’utilisation de l’iPhone et ses usages, et d’une manière générale assez en retrait pour le traitement de ce qui touche à Apple et à Steve Jobs. Quelle est votre perception de la marque et de sa façon de fonctionner ?

Libération.fr : Je ne m’exprimerai pas sur le traitement du journal parce que je n’en sais rien et que je ne lis pas tous les articles et que je suis beaucoup moins pointu que d’autres sur le sujet : je ne vais pas me risquer sur ce terrain-là, ce serait un peu osé de ma part. Mais en revanche, ce que je peux vous dire c’est que l’iPhone est un appareil révolutionnaire, et ce que d’une manière générale Apple fait est assez insensé en termes d’usage. En revanche, Apple a un côté « boîte noire », un petit peu complexe et pas toujours facile à comprendre, les processus de validation sont compliqués… Ceci dit, on a eu des contacts d’une grande qualité avec des gens d’Apple.

[Les Bonus de MacPlus :]

MacPlus : Ce n’est sans doute pas la peine que je demande quelle est la marque de votre téléphone portable ; en revanche, le modèle c’est… ?

Libération.fr : (sourire) C’est un 3GS, je l’ai depuis le jour où il est sorti !

MacPlus : Et votre ordinateur ?

Libération.fr : (rire) MacBook pro, le dernier qui est sorti, un 15 pouces… Vous savez, le jour où le premier iPhone est sorti aux États-Unis, je l’ai ramené je l’ai jailbreacké, désimlocké… C’est un moment d’histoire…

MacPlus : Et à la rédaction, vous bossez sur quel ordinateur ?

Libération.fr : A la rédaction, ils sont équipés de PC mais moi je bosse sur Mac…

MacPlus : C’est le privilège du rédacteur en chef ?

Libération.fr : Non (rire), au service web beaucoup de gens passent sur Mac…

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