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Édito

Fini, l’adolescence

Achat, fait. Déballage, fait. démarrage, en cours. Et après ?

Yrogerg

Publié le

 

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Revenons quelque peu en arrière. Oui, ça devient une habitude, et je m’en excuse par avance. Revenons au moment solennel où vous appuyez sur le bouton de démarrage, délicatement, par respect pour sa magnifique intégration à la coque de votre nouveau MacBook Pro, fraîchement acheté du matin frais.

L’écran devient gris. Vous relevez les yeux. La machine émet son premier son, un son que vous connaissez déjà, que vous avez déjà entendu quelque part, dans un passé lointain. Ce son (écoutable ici), vous remet en mémoire votre première rencontre avec un Mac. Pour moi, c’était un Quadra (de mémoire, ou alors, ça y ressemblait), celui d’un pote. Enfin, vu le prix, cela devait être plutôt celui de son père. C’était dans les années 90, de mémoire. Mais déjà, à cette époque, cela vous a marqué. Plus tard, vous apprendrez que ce magnifique son était la composition d’un ingénieur (Jim Reekes pour ne pas le citer) qui a bossé pour la firme de Cupertino, et qu’il ne s’agit en aucun cas d’une recherche spirituelle et marketing dédiée à votre conversion.

Ce son énigmatique laisse apparaître, pour la première fois, la sainte pomme. Affichage de ce que l’on appelle, dans un jargon professionnel anglicisé, un « loader » que vous considérez finalement comme assez habituel car réutilisé partout sur le web. Vous repensez à ce moment là au magnifique sablier noir et blanc que vous connaissez depuis le début des années 90 et qui vous suit depuis près de 20 ans. 20 ans, donc. 20 ans à contempler ce sablier qui annonce le lancement des applications (pardon, excusez-moi, des programmes). Lancement… ou plantage en série, ou en règle. Rappelez-vous, le moment où vous voyez apparaître ce sablier. Ce sablier qui vous fait craindre un plantage qui s’avère assez souvent inévitable. C’est même à ce moment là que vous regardiez vers le ciel avec l’espoir de ne pas avoir perdu, à tout jamais, votre meilleure et plus belle composition sous Photoshop et espériez même de revoir le système se stabiliser. Parfois, cela se passait même en couleur, sur fond bleu. Si, si. Une couleur unie, pour un message clair. Enfin, pas vraiment, pas dans son contenu en tout cas, mais dans sa perception. Vous aviez deux options à ce moment : corrompre l’espace temps, mais vous n’êtes jamais parvenu à vos fins ou filer un bon gros coup de latte à votre honorable machine.

Donc, vos 20 ans se terminent sous vos yeux, devant cet écran gris, cette pomme gris foncé et ce loader qui tourne pour le moment vers l’infini car vous ne savez pas réellement ce qui vous attend après. Fini l’adolescence, pas de nostalgie en vue pour le moment. C’est du sérieux maintenant, on va pouvoir voir ce que ce nouveau monde nous réserve.

Vous contemplez.

Vous contemplez la superbe animation d’introduction qui a pour objectif d’appuyer votre conversion. Immersion en cours… Magnifique démonstration d’animation graphique qui vous permet d’imaginer déjà le reste. On le voit bien, ils ont pensé à tout et on vous a programmé un vrai parcours d’intégration, comme lorsque vous démarrez un nouveau boulot et que l’on vous accueille avec un grand sourire sponsorisé par Tonygencil, formule blancheur extrême. Est-ce que vous allez déchanter après cette petite mascarade de circonstance ? Vous n’en savez rien, mais à priori, vous n’êtes pas en phase d’intégration mais plutôt en phase de recrutement et on commence par vous demander votre Curriculum Vitae. Soit, je vais te dire qui je suis. J’espère que je vais découvrir assez vite qui tu es, toi qui me regarde avec ta webcam.

On vous pose quelques questions : « Ça va bien ? », pas mal, merci, « C’est quoi ton nom ? », « Dis-donc, ce ne serait pas ton réseau wifi, ça, par hasard ? », si, si, tu veux que je te donne le double des clés ?, « J’peux t’prendre en photo ? » Vas-y, et je te donne mon numéro sécu ? Bref, des questions de circonstances, d’une machine qui souhaite faire votre connaissance : salut ma belle !

Jusque là, rien de surprenant, mais vous n’êtes déjà plus dans le même monde. Les fenêtres ne sont plus les mêmes, les codes typographiques ne sont plus les mêmes, les couleurs ne sont plus les mêmes, les boutons ne sont plus les mêmes. Votre tête n’est sûrement plus la même, non plus. Il faut le dire, même dans cette étape de préliminaires (vous voyez toute de suite le côté charnel des mots) Windows est déjà loin, très loin si on repense à l’installation de la mouture de Redmond avec ses questions fastidieuses sur les fuseaux horaires, ses questions sur les groupes de travail, son assistant réseau sans fil, son centre de sécurité et le magnifique bleu primaire de fond qui s’affiche lorsque votre machine tente désespérément de vous expliquer qu’elle a eu un problème d’IRQL qui n’était pas moins ou égal (ce qui n’est pas faux dans l’absolu)… Je cite :

« *** STOP : 0x0000000A
(0x00000011, 0x0000002, 0x00000001, 0x80443205)
IRQL_NOT_LESS_OR_EQUAL
DRIVER_IRQL_NOT_LESS_OR_EQUAL”

On dirait du Victor Hugo traduit par Mister Driver Irql, en binaire et crypté en SSL 128 bits, pas moins.

… Bref, vous contemplez.

Premier contact avec l’interface. Simplicité déconcertante : mais pourquoi ai-je récemment acheté un PC à ma mère, espèce de fils indigne ? C’est combien déjà le délai de rétractation ? 7 jours ou 7 mois ?

Vous êtes tout benêt devant votre nouveau bureau, devant le vide intersidéral. Index agile, mais quelque peu tendu, le doigt sur votre nouveau TrackPad, prêt à conquérir le monde tel un héro mystique, enfin, comme n’importe qui plutôt. N’importe qui, qui découvre pour la première fois une machine et son système d’exploitation. Cela fait maintenant 20 ans que cela n’était pas arrivé. De l’Atari au PC, vous aviez eu le même effet, malgré votre âge de mouflet. La grande question, lorsque l’on est un mouflet adulte devant son jouet est : que fait-on, quand on est un parfait noob, devant un si beau léopard blanc ? 6 étapes peuvent résumer cette question existentielle :

1 – Vous jouez avec le dock. Vous le connaissiez pourtant, ce n’est pas votre tout premier contact. Vous aviez bien évidemment essayé de l’installer sur votre bonne vieille brouette. Par contre, l’objet n’étant pas nativement fourni sur l’operating system à fenêtres, il s’est avéré que le dispositif soit un dépoussiérant pour CPU. En effet, vous faisiez monter la charge de votre CPU au plus haut, à force d’allers et retours incessants de gauche à droite garantissant l’activation de votre ventilateur et du chauffage pour la journée. Bon, là, on sent que c’est natif. Le truc est parfaitement intégré. Pas d’images baveuses ou manquantes, tout est en vectoriel et donc sans pixelisation au zoom, c’est fluide et aucun ventilateur ne se met en route lors du survol, et ça a l’air de fonctionner… Bref, vous faites joujou cinq minutes, et c’est à ce moment fort en émotion que vous vous dites qu’il va être temps de cliquer quelque part, ne serait-ce qu’une fois. Quelle icône sera la gagnante ?

2 – Si vous n’avez pas lu le premier point, vous ne comprendrez pas la phrase suivante : le grand gagnant de notre concours « la nouvelle icône » revient tout naturellement au Finder, notamment parce que c’est la seule icône qui ose vous sourire. Vue votre tête, on comprend pourquoi il a le sourire. Ah, le Finder, un grand mystère pour un noob qui débarque dans ce nouvel univers. Vous ouvrez donc le fameux Finder, la fenêtre correspondante s’exécute rapidement vous faites vos premiers pas dans la découverte du nouveau système de fichiers, auquel il va falloir désormais se plier. Clairement, c’est ce qu’il y a de plus complexe à comprendre pour un novice, sauf quand vous êtes habitués à tâter du Pingouin, ce qui est mon cas, à petite dose cependant. Vous comprenez vite la logique de la structure de fichiers. Chaque chose à sa place, pas comme dans Windows ou tout est mélangé telle une salade de saison. Vous découvrez parallèlement l’ergonomie appliquée à l’affichage des fichiers : ludique, simple et efficace. Du bonheur donc avec un tout petit temps d’adaptation, rien de grave.

3 – Vous ouvrez l’outil de paramétrage de l’OS, cliquez sur toutes les icônes, pour vous rendre compte qu’au final, rien à changer, et vous fermez l’outil. C’est pourtant une des premières choses que l’on fait sur un bon vieux Windows. Installer un thème, modifier les couleurs, modifier les paramètres d’affichage, lisser les polices, changer le fond d’écran. Là, vous n’avez surtout pas envie de dénaturer la belle. Donc, on laisse tout comme ça, et surtout on ne change rien. Vous passez donc du mode « tuning » au mode « néo-classique branché hyper hype », enfin, c’est ce que vous pensez. Est-ce si loin au final ?

4 – Vous ouvrez toutes les applications pré-installées, découvrez au fur et à mesure les possibilités que vous offre nativement la bête. Punaise ! Il ne manque finalement pas grand-chose pour satisfaire l’ensemble de vos besoins. Widgets en tous genres, mail, navigateur, chat, carnet d’adresses, calendrier, photothèque, musique, vidéo, solution de montage vidéo, montage son, outil de backup, player vidéo. Bien sûr, les OS concurrents ont des offres similaires, quoique pas aussi fournies, mais pas besoin de les chercher, elles sont sous vos yeux. Vous n’avez plus qu’à cliquer. Si vous en voulez plus, vous pouvez aller faire un petit tour dans le répertoire « applications ». Bref, pas besoin, comme le veut la coutume d’avoir moult disques contenant vos programmes usuels. Tout le monde est là, à l’appel. Manque juste la suite bureautique qui va bien, mais ça, on verra plus tard. Pour l’instant, on va se focaliser sur le loisir.

5 – Une fois que vous avez cliqué partout, lancé toutes les applications les unes après les autres, puis après les avoir fermés avec la petite croix rouge en haut à gauche, jusqu’à vous rendre compte que nous ne fermiez rien du tout, mais ça c’est un autre problème, vous recensez tout ce qui vous manque par rapport à votre passif windowsien, et flippez à l’idée de perdre tous vos outils habituels ou de devoir les retrouver sous un autre format : c’était le risque ! Vous l’assumiez parfaitement lors de l’achat et lors de vos recherches pour connaître les spécifications de votre future bestiole. Maintenant que vous êtes devant le fait accompli, eh bien, vous faites moins le malin, ah, ah. Heureusement, vous vous rendez vite compte que la plupart des outils que vous utilisiez sur Windows existent également sur la plateforme Mac, parfois complètement iso aux versions PC, parfois avec des variantes afin que le logiciel soit plus en accord avec le contexte Mac OS. La plupart des outils, oui, mais pas tout. Vous avez l’habitude de chiner pour découvrir le programme « best in class » pour votre PC. Eh, bien, en tant que noob, il est beaucoup moins évident de trouver chaussure à son pied parmi les méandres des applications disponibles pour la plateforme. Vous vous mettez donc à poser des questions qui vous paraissent stupides sur des forums, ce que nous n’aviez pas fait depuis quelques années maintenant. S’il faut passer par là, allons-y, et tant pis.

6 – Vous envisagez de prendre une semaine de congés pour vous plonger concrètement dans le sujet ! Oui, car malgré l’apparente simplicité de la machine et de son système d’exploitation, beaucoup de conventions vous sont parfaitement inconnues. Le coup de la croix rouge en haut à gauche des fenêtres (rien à voir avec l’organisme humanitaire) en est le parfait exemple. Autant, sur Windows, le programme aurait disparu, là, vous vous rendez compte qu’il est parti se cacher dans le dock (vous en profitez d’ailleurs pour rejouer avec). Et tous ces raccourcis que vous maîtrisiez parfaitement sous Windows que vous redécouvrez totalement sous Mac ? Que dire du clavier également, à chercher partout comment écrire tel ou tel caractère, ou encore la recherche désespérée de la touche « impression écran » et de la touche « suppr » ? Bref, tous ces automatismes qui vous poursuivent et auquel vous devez trouver une adaptation, sans pour autant les effacer de votre mémoire, surtout si vous êtes sous PC au boulot. Aussi, comme dans toutes les rencontres de la vie réelle, il faut s’apprivoiser. Et vous n’y échapperez pas, même avec la belle.

En attendant de prendre le temps de découvrir et d’apprivoiser la machine, vous alternez entre PC et Mac afin de ne pas perdre tous vos repères et réaliser les actions que vous ne maîtrisez pas encore sous Mac. Pas grave, on va se faire une pause, on mange une pomme, on retourne bosser (sur PC) et on se revoit plus tard ? A ce soir chérie.