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Édito

iPad : ce brillant objet du désir…

Comme peut-être jamais auparavant, Apple fait la Une des journaux depuis ce matin avec le lancement de l’iPad en France et dans huit autres pays.

Boro

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Cette première vague de lancements d’iPad à l’étranger bénéficie sans aucun doute de l’engouement suscité par le démarrage en fanfare de la tablette aux États-Unis : plus d’1 million d’exemplaires y ont en effet été vendus en moins de deux mois [màj : 2 millions au lendemain de ce week-end], ampleur du succès qui a nécessité le décalage de plusieurs semaines de cette sortie initialement programmée fin avril.

Même si le lancement de l’iPhone 3G avait donné lieu à une certaine tension sur les approvisionnements, avec même des listes d’attente, Apple n’avait pas été contrainte de décaler un lancement à l’étranger depuis le succès remporté par l’iPod mini en 2004. On sait ce qu’il en est advenu par la suite.

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La presse est en effet intéressée au premier chef par la popularité et le succès commercial de ce nouveau support numérique, dans lequel elle voit une planche de salut : sa composante papier cumule la lente érosion de sa diffusion depuis des années avec le choc de la dématérialisation, incapable de trouver un modèle économique viable dans un contexte de gratuité générale sur Internet ; sa composante audiovisuelle lorgne avec insistance sur ce nouveau vecteur de consommation de ses contenus, après avoir saisi tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer avec le podcasting de la rediffusion de ces productions. Au confluent de ces deux mondes, un nouveau type de média est d’ailleurs en train d’apparaître sur Internet, les sites de la presse papier intégrant de plus en plus de contenu multimédia, audio ou audiovisuel, qui ne demande qu’à prendre leur place sur l’iPad, consommé « sur place ou à emporter ». On en oublierait presque les pubs peut se révéler un merveilleux outil de travail (lire à ce sujet l’évaluation d’iWork réalisée par Jean-Luc Michel sur son blog : iWork : travailler en s’amusant).

Cette bienveillance n’a pourtant pas toujours été de mise, et le traitement réservé à l’iPod au moment de la tragi-comédie de la loi DADVSI a montré combien la communication des lobbys du divertissement et du « libre » pouvait se montrer efficace. Même si – du fait de sa popularité grandissante, ou à mesure que les différents médias y trouvaient leur place – celui réservé à l’iPhone est devenu de moins en moins ambivalent, l’épisode des écrans brisés l’été dernier a montré que le retour du refoulé n’était jamais très loin.

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Il ne reste encore que les vieilles dames de l’édition des 6e et 7e arrondissements parisiens qui boudent encore la petite merveille, le groupe Lagardère ayant été le seul, ou presque, à tenter l’aventure dès la présentation de l’iPad en janvier. Il reste à espérer que les autres ne resteront pas indéfiniment les pieds dans le même sabot, plantés derrière leur guichet franco-français. Les éditeurs de manuels scolaires eux ne s’y sont pas trompés, qui attendent avec impatience la commande des premières valises numériques iPad par les établissements.—–

Reste en suspens l’épineuse question des approvisionnements. MacPlus s’en fait régulièrement l’écho : les listes d’attente s’allongent sur l’AppleStore en ligne et même si, chose assez rare pour être notée, les réseau de distribution partenaire de la marque – Apple Premium Resellers en tête – ont été assez généreusement dotés pour ce lancement, il est tout sauf certain qu’Apple réussira à faire correspondre son offre d’iPad avec une demande grandissante avant la rentrée, alors que la marque va devoir rapidement satisfaire la demande au sein d’un groupe de neuf pays supplémentaires dont le lancement est prévu dès juillet. Les délais de livraison affichées sur l’AppleStore en ligne sont ainsi de sept à 10 jours sur l’échoppe américaine, tandis que les autres pays où le lancement est intervenu aujourd’hui indique une disponibilité pour le mois de juin sans autre précision.

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Aucun doute là-dessus : les lignes de production chez Foxconn sont portées au rouge, en même temps que sont mis à rude épreuve les organismes et la résistance des ouvriers chargés d’assembler le petit prodige révolutionnaire conçu à Cupertino. De quoi éclairer sous un jour moins mélodramatique la décision d’Apple début mai, d’ailleurs annoncée comme provisoire, de ne pas inclure l’iPad parmi les produits dont la vente en ligne permet à certains sites – dont MacPlus – de toucher une commission lorsque la transaction est effectuée à partir d’un lien référencé. Il y était même demandé de cesser d’en faire la promotion, ce qui avait conduit certains à crier un peu hâtivement sans doute qu’Apple voulait la mort du petit cheval…

Pourtant, dans le même mail, l’équipe d’affiliation d’Apple a également annoncé la suspension, également provisoire, de l’éligibilité de l’ensemble de la gamme des iPod à molette (iPod Shuffle, nano et classic) : de là à conclure que des lignes de production d’une gamme désormais non prioritaire – c’est l’iPod tchatche qui est désormais systématiquement mis en avant – aient été redéployées pour satisfaire un véritable rush vers l’iPad. Il était alors évident que la demande sur le marché américain débordait même la montée en puissance de la capacité de production initialement destinée aux nouveaux pays, au fur et à mesure des lancements programmés… au risque de susciter insatisfactions liées à la pénurie et à l’augmentation inévitable des défauts de fabrication.

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Dès lors, à moins que l’on brûle d’envie d’être parmi les premiers à posséder ce qui est incontestablement un appareil révolutionnaire par son ergonomie et son interface utilisateur, riche de tous les possibles, le bon sens ne conseille t-il pas de différer son achat – alors même qu’il est évident que ce modèle est une première ébauche pour tester les usages – et d’attendre quelques semaines que la tension retombe dans les magasins et dans les usines… Et pourquoi pas attendre même la version suivante ?