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Édito

Apple prête à en découdre

Avec une offre de valeur désormais unifiée autour de sa nouvelle génération d’OS, Apple est prête pour les 10 ans à venir

Boro

Publié le

 

Par

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« Transition is now over » Tim Cook aurait pu faire siens les mots de Steve Jobs en janvier 2004, voici à peine 10 ans ou presque, au moment où Steve annonçait fièrement le basculement définitif de la société vers Mac OS X. À ceci près que c’est non seulement la plate-forme Macintosh qui vient de faire un bond résolu vers les 10 années à venir, mais également le deuxième pilier de sa réussite avec sa plate-forme mobile… Et toute la firme de Cupertino avec elles. Le « taulier » a désormais une machine de guerre de nouveau en ordre de marche, bien à sa main et avec des équipes créatives comme au temps des grandes heures, et la concurrence est priée de faire avec. Car c’est bien une guerre, à la fois technologique et commerciale, qu’Apple s’est de nouveau mise en position de livrer, et sur 2 fronts s’il vous plaît.

Pour ceux qui en doutaient encore, Cook est bel et bien aux commandes avec la ferme intention, non seulement de conserver son périmètre, mais de gagner du terrain sur la concurrence – au besoin en utilisant ses propres armes; et ce, à la fois sur la plate-forme informatique traditionnelle et sur celle des devices connectés, dont elle a entrepris de boucler la synthèse. Une nouvelle fois, c’est grâce à sa maîtrise de l’intégration du logiciel et du matériel qu’elle est en mesure de s’adresser à ses compétiteurs, qui commencent à peine à s’organiser sur ce plan. De fait, elle s’adresse autant à Microsoft qu’à Google, à la fois sur le terrain de l’ordinateur et celui de la tablette.

Microsoft, d’un côté…

Déjà perceptible lors des annonces faites à la WWDC, la volonté de ne pas se laisser déborder par un nouvel entrant de la carrure de Microsoft était ici manifeste : ironie du sort, c’est quelques jours après le retrait en catastrophe de la mise à jour de Windows 8 que les dirigeants d’Apple ont annoncé la gratuité de Maverick, la nouvelle version d’OS X. Cela fait maintenant plusieurs années que la firme de Cupertino avait entrepris de tarir l’une des sources de revenus traditionnelles de Microsoft en diminuant drastiquement ses tarifs depuis Léopard, obligeant Redmond à suivre peu ou prou sur ce terrain.

En annonçant également la gratuité, non seulement de la suite iLife refondue, mais également celle de sa suite de productivité iWork avec l’ensemble des machines vendues, elle prive également Microsoft d’une autre source importante de revenus, là où ça fait mal. La Mac BU qui conçoit la suite Office pour Mac concourt en effet pour environ 25 % des revenus totaux de Microsoft Office, bien au delà des ventes effectives du Mac. Elle prend ainsi en quelque sorte sa revanche sur l’Histoire, dans la mesure où c’est justement le maintien de la suite Office sur le Mac qui avait longtemps servi de moyen de pression à Microsoft. Mais elle prend aussi des garanties sur l’avenir, en privant Redmond de l’un ses rares les arguments commerciaux pour promouvoir Surface auprès des professionnels.

Très peu pressée de développer une version d’Office pour iOS, Microsoft claironne en revanche à peu près sur tous les tons que le seul moyen d’utiliser sa suite bureautique dans le nuage, c’est d’utiliser Surface. En présentant non seulement une gamme MacBook pro rajeunie, avec un écran Retina pour tous et des tarifs très sensiblement revus à la baisse, et de l’autre côté un Mac pro non seulement aux capacités de calcul surpuissantes, mais avec une ingénierie qui semble tout droit venue de l’espace, Apple a entrepris d’essorer littéralement le marché du PC, déjà mal en point comme une serpillière en le tordant par les 2 bouts…

… Et Google, de l’autre

Quant au duel avec Google, qui de son côté a fait une timide tentative du côté des ordinateurs avec Chrome son système d’exploitation et ses Netbooks, c’est davantage du côté d’iOS 7 et de la nouvelle gamme iPad présentée ce soir qu’il fallait chercher « la botte » placée par Apple. C’est l’écosystème Android tout entier qui doit se préparer à souffrir, dans la mesure où une fois l’effervescence de l’iPhone 5s un peu redescendue, iPhone 5c est appelé à trouver sa place dans le milieu de la gamme. A présent, Apple a entrepris de faire peser l’essentiel de son effort sur le segment des tablettes. Celui-ci est stratégique pour ce qui la concerne, en particulier sur le marché de l’éducation.

Ici encore, elle s’appuie sur le logiciel et sur ses suites iLife et iWork, gratuites et refondues, et sur une offre matérielle sans équivalent et tarifée très agressivement. Différenciation oblige, les nouveaux iPads ne sont pas équipés de caméras dotées de capteurs de 8 mégapixels comme les iPhones, comme la rumeur l’avait un temps annoncé, mais tout en étant considérablement allégés et affinés ils sont en revanche dotés du même processeur A7 que l’iPhone 5s, capable de tirer parti des fonctionnalités 64 bits offertes par iOS 7, quand Apple se contentait jusqu’ici d’embarquer si c’est l’iPad la puce de l’iPhone du millésime précédent. Ici encore, au-delà du marché de l’éducation sur lequel «l’aération» du modèle plein écran est la bienvenue, c’est clairement le marché professionnel qui est visé, en lui donnant la possibilité d’utiliser des applications de plus en plus exigeantes… en essorant encore un peu plus le marché du PC. À l’autre extrémité de la gamme, l’iPad mini tarifé à 299 € fait également figure d’une véritable grenade dégoupillée !

“Quand le sage désigne la lune…”

Il était temps que Apple achève d’unifier sa chaîne de valeur, avec d’un côté OS X et de l’autre iOS 7, et avec le nuage en clé de voûte. Partie tôt sur ce nouveau concept avec iCloud, la firme de Cupertino se devait de proposer sa propre interprétation du Nuage, face bien entendu à Google dont les services Web sont traditionnellement un point fort, mais également face à Microsoft qui lui aussi avait entrepris de bouger.

Centrée sur l’utilisateur et ses usages quand ses concurrents et la plupart des… commentateurs sont hypnotisés par les produits et leur segmentation, Apple avait l’obligation de proposer à chacune et chacun un écran capable de travailler, de créer et de se distraire, sédentaire ou en mobilité, fut-ce à différents moments de la journée. Il n’est jusqu’à son pilier musical iTunes qui n’ait à terme risqué d’être mis en danger par l’avènement des réseaux très hauts débit sans fil si Apple avait négligé de se border aussi sur ce chapitre-là. C’est désormais chose faite avec iTunes radio, du moins en Amérique du Nord.

Avec un Mac Pro outil idéal pour la création de contenus professionnels aux formats de la décennie à venir, Apple a montré qu’elle était à nouveau prête à se frotter aux nouveaux enjeux qui l’attendent, en s’appuyant cette fois non pas sur un, mais sur deux OS en avance sur leurs concurrents. Restent désormais à dévoiler les deux devices qui lui manquent, chacun à une extrémité de sa chaîne de valeur : la nouvelle gamme iPod et la future TV connectée.