iPod contre… Amazon Kindle !
Après avoir affronté la DSi de Nintendo (et s’en être sorti avec les honneurs), nous mettons aujourd’hui face à face l’iPod touch face au… Kindle d’Amazon !
Rien ne vaut (et rien ne vaudra jamais !) un bon bouquin. Toutefois, il faut bien s’adapter à son temps… C’est pourquoi de plus en plus de constructeurs se lancent dans l’aventure du lecteur d’eBook, ou livre électronique, à l’image de Sony, iriver Japan, ou iRex.
Mais celui qui a su tirer son épingle du jeu, c’est un distributeur historique de vrais bons livres, Amazon ! La boutique en ligne, sans aucune expérience des appareils électroniques, a frappé un grand coup en novembre 2007, avec le premier modèle du Kindle. Malgré son design pour le moins étrange, l’objet fait un carton, notamment grâce à une bibliothèque numérique bien fournie. Depuis le 9 février dernier, Amazon propose la deuxième version du lecteur, c’est ce modèle que nous allons mettre sur le ring face à l’iPod touch !
Préambule
On le verra plus tard dans ce comparatif, mais le modèle économique choisi par Amazon (qui se rapproche de celui mis en place par Apple) ne permet pas une utilisation optimale du Kindle hors des États-Unis. Nous avons donc dû nous limiter aux parties concernant la lecture pure et dure, l’import de nouveaux fichiers, le design, ou encore les fonctions annexes.
Dans un prochain chapitre, on décrira toutes les fonctions dont les résidents hors USA sont privés – et c’est bien dommage !
Design
Le Kindle dispose d’un écran de 6 pouces (15 cm), d’une résolution de 800 x 600. Il affiche 16 niveaux de gris. Le lecteur dispose de 2 Go de stockage, soit 1,4 Go de réellement disponible. On pourra y glisser des livres électroniques certes, mais également des fichiers MP3 (le Kindle dispose en effet d’un lecteur audio) ou n’importe quel type de fichiers.
Proposé à 359$, le Kindle 6 pouces vient avec un chargeur USB (utilisable pour recharger n’importe quel appareil), ainsi qu’un câble USB. La version DX, apparu il y a peu (lire «Kindle DX : un eBook grand format»), dispose d’un écran de 9,7 pouces et est tarifée 489$. Ce modèle embarque 4 Go de stockage.—–
Utilisation
Contenu
Amazon propose sur son site une section spécialement dédiée à la vente de livres électroniques. Le catalogue est assez fourni, avec 275 000 livres en langue anglaise, des dizaines de périodiques et quotidiens (Le Monde et Les Échos pour les journaux français) ainsi que des transcripts de blogs en tout genre. Si les abonnements aux magazines sont très intéressants (14,99$ par mois pour Le Monde, 13,99$ mensuels pour le New York Times), on sent que la volonté d’Amazon est d’arriver à un tarif unique des bouquins, souvent proposés à 9,99$. Le premier chapitre de ces ouvrages est d’ailleurs proposé gratuitement, de quoi se faire une idée avant de passer à la caisse…
Pour tous ceux qui n’habitent pas aux États-Unis, sachez qu’il est tout de même possible d’acheter des livres pour Kindle sur Amazon par le biais de cartes pré-payées, facilement achetables sur eBay. Il sera malheureusement impossible de s’abonner à des quotidiens ou des magazines, renouvellement automatique oblige.
Du côté de l’iTunes Store, on trouve plusieurs applications dédiées à la lecture de livres électroniques : Stanza (racheté récemment par… Amazon ! Lire «Amazon rachète Stanza»), eReader, ReflowPDF… Mais plutôt que d’en passer par une application «portail», les éditeurs préfèrent vendre la production de leurs auteurs «au livre» : une application = un livre. La production est tellement abondante que l’AppStore s’est doté d’une section dédiée aux livres électroniques !
Avec son écran couleur, tactile et multi-points, l’iPod touch et l’iPhone peuvent également s’enorgueillir d’être de parfaits supports pour la bande-dessinée, ce qui n’est pas le cas du Kindle. On trouve ainsi sur la boutique de nombreuses applications de lecture de BD, et tout comme pour les bouquins, beaucoup de titres sortent en version «standalone».
Les prix sont très variés (de 0,79 euro à 5,49 euros et plus), on pourra également fourbir son iPod de livres gratuits. Mais le plus intéressant reste encore… l’application Kindle pour iPhone et iPod touch ! Plutôt qu’un produit seul, Amazon souhaite visiblement d’abord vendre du contenu, c’est pourquoi le boutiquier propose une application gratuite qui, à bien des égards, est plus agréable à utiliser que le Kindle lui-même.
On y retrouvera en effet ses ouvrages (le contenu se synchronise via le compte Kindle de l’utilisateur), la facilité de navigation permise par Mac OS Mobile, mais également des options que le Kindle ne propose pas : changer la couleur des polices et du fond d’écran, zoom sur les images, support du mode paysage… Il n’y manque que la possibilité d’annoter ses passages favoris. Fort heureusement, il reste quelques arguments au Kindle…—–
Lecture
Vient fatalement le moment où il faut aborder le noeud du problème : la lecture ! Car si le Kindle pèche sur bien des aspects, en revanche son écran de 6 pouces fait la différence. Amazon a très logiquement intégré la technologie E-Ink, offrant une sensation proche du papier en ce qui concerne le rendu des caractères et des images. Inutile de dire qu’on est soufflé par la qualité d’affichage du Kindle, qui propose en effet une expérience aussi proche que possible du papier classique.
Par ailleurs, les angles de vision sont sans commune mesure avec les écrans du type iPod touch. L’E-Ink a de plus ceci de particulier qu’il reflète la lumière comme le ferait une feuille de papier. La lecture ne s’en révèle donc que plus agréable encore.
Le Kindle offre quelques raffinements. Il sera possible de créer des marque-pages, mais également des notes, grâce au clavier intégré. Même si ses touches sont petites, elles s’avèrent agréables au toucher et fort pratique. La navigation s’opère à l’aide du joystick, qui fait également office de clic. Le fait de laisser le curseur devant un mot fait s’afficher sa définition provenant du New Oxford American Dictionnaire, offert à l’achat de l’appareil.
Autre fonctionnalité, il est possible de lancer une lecture «à voix haute» de n’importe quel texte (au grand dam d’ailleurs des fournisseurs de livres audio). Cette fonction «Text to Speech» est vraiment épatante, la voix choisie et son intonation aussi naturelle que possible seront un régal pour tous ceux qui veulent améliorer leur prononciation anglaise – inutile de dire qu’un article du Monde «lu» par cette voix synthétique sera absolument immonde !
Un moteur de recherche permet de… rechercher, donc, un ou plusieurs termes dans les livres du Kindle, dans le dictionnaire, mais également dans Wikipedia ou sur Google, pour peu que l’on soit relié au web via la connexion 3G de l’appareil (ce qui ne sera pas souvent le cas si l’on réside au-dehors des États-Unis).
Évidemment, l’iPod touch ne dispose pas d’un écran E-Ink. De plus, avec ses 3,5 pouces, la lecture n’est pas chose aisée pendant un long moment, sans compter que le rétro-éclairage fatiguera rapidement les yeux.
Mais la nature trouve toujours un chemin : les magazines et quotidiens offrent de plus en plus des applications offrant gratuitement leurs contenus, dans des formats facilement lisibles. Le Kindle n’offre rien de tel.—–
Formats supportés
Imaginez un iPod sans compatibilité MP3, ou un Apple TV qui ne saurait pas lire les vidéos DivX : pas sûr que ces produits aient connu un tel succès (évidemment, l’Apple TV, qui n’est pas compatible DivX, fait un four). Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Kindle ne sait que faire des fichiers PDF, pourtant le format le plus répandu en matière de livre électronique !
Amazon a délibérément choisi d’ignorer le format le plus populaire sur le premier modèle du Kindle, tandis que la version DX est elle, compatible PDF. Cela n’a toutefois pas empêché le Kindle de devenir le succès commercial que l’on sait… Car Amazon a une parade : il suffit d’envoyer sur l’e-mail de son compte Kindle un fichier PDF dans un format lisible par un Kindle. Contre 10 cents, Amazon le renverra directement sur le lecteur via Whispersync, ou gratuitement sur l’e-mail de l’utilisateur.
Sur notre plate-forme, il existe une méthode plus simple : utiliser la version de bureau de Stanza, ouvrir le PDF à convertir, puis sélectionner File > Export Book As > Amazon Kindle. Il suffit ensuite de glisser/déposer le fichier dans le lecteur.
Bref, tout cela reste tout de même bien compliqué, alors qu’un support du format PDF aurait été franchement bienvenue – la concurrence l’offre d’ailleurs en standard.
Au niveau des formats supportés, le Kindle se révélera compatible AZW (le format propriétaire d’Amazon), TXT, Audible, MP3, MOBI et PRC. Les fichiers PDF, HTML, DOC, JPEG, GIF, PNG et BMP peuvent être convertis via la manipulation ci-dessus.—–
Fonctions annexes
À l’achat d’un Kindle, Amazon offre à vie une connexion 3G empruntant le réseau de l’opérateur Sprint. Ce réseau est uniquement accessible au Kindle, qui intègre un modem EVDO. Via ce réseau, le lecteur peut surfer sur internet (via un navigateur en beta peu performant), acheter des livres sur le Kindle Store, effectuer des mises à jour du firmware de l’appareil, et surtout de synchroniser ses achats sans en passer par un branchement sur l’ordinateur. Sorti de sa boîte, le Kindle peut d’ailleurs s’utiliser sans l’aide d’un Mac ou d’un PC !
Tout cela est bel et bon. Hélas, Amazon est allé chercher bien compliqué : pourquoi s’en tenir à un réseau 3G coûteux et compliqué à mettre en place, quand une connexion wifi aurait amplement suffi ? Certes, une couverture 3G est plus étendu et disponible que le wifi, mais elle oblige Amazon à devoir négocier dans chaque pays avec un opérateur – et en l’espèce, le Kindle actuel n’est pleinement utilisable qu’aux États-Unis !
Un seul exemple : les quotidiens. Sans rien demander à personne, l’abonné au New York Times reçoit automatiquement son exemplaire sur son Kindle. Pas besoin de le télécharger sur le Mac, brancher le lecteur, glisser/déposer le fichier… Mais ça n’est rien qu’une connexion wifi ne puisse s’acquitter.
Pour conclure
Difficile de recommander le Kindle en tant que tel : l’appareil ne dispose ni du wifi, ni de la compatibilité PDF, obligeant presque immanquablement l’utilisateur à en passer presque exclusivement par Amazon. De plus, le support du réseau 3G est une excellente idée, dommage que cette fonction soit inopérante en-dehors des États-Unis !
De l’autre côté du ring, l’iPod touch dispose d’un contenu riche et varié (apport de la bande-dessinée) et d’une meilleure ergonomie grâce à son écran tactile et multi-points. Toutefois, il paraît impossible de lire un roman sur l’iPod à cause de l’étroitesse de son écran – le Kindle est bien mieux armé pour cela, avec ses confortables 6 pouces E-Ink !
Si l’on tient absolument à en passer par un lecteur de livre électronique, on pourra conseiller d’attendre un peu : soit Amazon se décide à «internationaliser» son Kindle, soit un eBook plus abordable et moins restrictif dans son utilisation fera immanquablement son apparition. En attendant, l’iPod touch pourra éventuellement servir de lecteur d’occasion.
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