Nouvel iPad : quelles perspectives ? (1)
Les feux de la rampe à peine éteints, les commentaires n’ont pas tardé : tout ça pour ça ! Les fans d’Apple sont-ils vraiment des gogos ?
Quelles conclusions, et quelles perspectives, tirer de ce Special Event consacré à l’iPad et à l’Apple TV ? Une fois noté que, pour une fois que MacPlus se lançait dans le pronostic (lire «iPad 3 et Apple TV 3 mercredi ?») votre magazine web préféré n’était pas tombé trop loin, en particulier en ce qui concerne la HD 1080p «à tous les étages» (lire «Un Special Event sous le signe de la HD ?»). Une fois la séquence d’auto-congratulation bouclée, on peut dégager ce qui s’est montré et dit ces dernières 36 heures un certain nombre de conclusions, seur la forme, le contenu et les perspectives.
Tim Cook, plus didactique que charismatique
Sur la forme, et même s’il est vrai que Tim Cook le nouveau CEO ne semble pas aussi à l’aise que son prédécesseur – au bout de combien de keynotes avait-il taillé l’exercice à sa démesure ? – comme d’habitude un certain nombre de commentaires plus ou moins bien intentionnés n’ont pas tardé à fleurir chez les habitués du genre.
Citons au hasard «Tim Cook cherche à singer le look de Jobs» – n’en déplaise aux arbitres des élégances, la chemise bleue marine par-dessus le jean est aussi indissociable des prestations de Tim Cook sur scène que le «turtleneck» de la dernière période de Steve – ou, traditionnel mais servi cette fois non sans arrière-pensées, le fameux «Ah, mais y’avait pas de ‘one more thing’»… sous-entendu de la part de certains trolls définitivement allergiques à la peptine le syllogisme suivant :
– « Apple était créatif du temps de Steve Jobs»
– «Il y avait ‘One More Thing’ à la fin des keynotes»
– «Steve Jobs n’est plus là et y’a pas eu de ‘One More Thing’, donc Apple n’est plus créative». CQFD.
Sauf que, vérification faite – il paraît que c’est une pratique qui fait partie des standards journalistiques – sur les 20 (vingt) dernières keynotes tenues par Apple depuis janvier 2007, la seule où le clin d’œil a été utilisé est celle du 6 mars 2008. D’un point de vue quantitatif, cela fait donc très exactement 4 ans et 17 keynotes (dix-sept !) qu’il n’y a pas eu «Une dernière chose…». Et d’un point de vue qualitatif, s’il a été utilisé pour la dernière fois pour ce moment charnière qui a été le lancement du premier Sofware Developer Kit et de l’iFund pour permettre à quiconque avec une bonne idée de pouvoir se lancer (lire SDK, la Révolution iPhone est en marche), le gimmick n’était pas de la partie lors du lancement de l’iPhone ou de l’iPad, qui parait-il ont pourtant eu quelques effets sur le marché de la téléphone et, au hasard, celui de la presse…
La formule (provisoirement) définitive de l’iPad ?
Du point de vue du contenu, il n’y avait sans doute pas de quoi défriser des sceptiques au poil ras voire aux idées courtes, encore que la modestie de Phil Schiller à propos de l’autonomie inchangée par rapport au modèle précédent (“Nos équipes ont travaillé très dur pour arriver à ce résultat”) disait en fait la déception d’avoir concédé un soupçon d’embonpoint pour réussir à alimenter pendant 10h un écran avec quatre fois plus de pixels que son prédécesseur, avec le composant graphique quadri-core qui l’accompagne… A fortiori si l’on garde à l’esprit que l’affichage est le principal poste de consommation énergétique sur un appareil nomade, fut-ce avec une puce de type System on Chip.
Plus puissant, à l’accutance démultipliée, le «nouvel iPad» pris isolément constitue sans doute un pas supplémentaire par rapport à son prédécesseur, ni plus ni moins, propre à satisfaire pour les 12 mois qui viennent les joueurs addictifs qui ont désormais adopté en grand nombre la plateforme d’Apple.
Enfin, et comme l’ont très bien souligné les invités de Benjamin Vincent et de son 360 Hi Tek Live, le maintien de l’iPad 2 16 Go au sein de la gamme avec un prix plus abordable est un atout pour Apple sur le marché de l’éducation… Mais si on le rapproche des annonces du Spécial Event pour l’Education de janvier dernier, c’est à la barre à mine qu’Apple a l’intention de s’attaquer à la forteresse du marché du K12 (Primaire + Secondaire) dont elle a été écartée si longtemps.
Désormais, avec Pages, Keynote et Numbers d’une part, mais également iMovie et iPhoto, l’iPad devient désormais un instrument pour créer et travailler «au bahut», au même titre que l’iBook en son temps. Quant au nouvel iTunes U et iBook Author, il n’en a pas été question : faut-il en conclure que le succès n’est pas au rendez-vous, alors que les programmes d’équipements scolaires commencent à être annoncés ?
Seul regret, le retour de la pusillanimité de la Pomme en matière de taux de change, les tensions dans la zone Euro ayant retenu les stratèges du Californien de rester sous la barre symbolique des 100 € de remise. Dommage, un iPad 2 sous la barre symbolique des 400 € aurait sans doute un impact psychologique beaucoup plus important.
Pour autant, on annonce le chiffre d’un million d’iPads 3 probablement vendus pour le lancement : les propositions de la marque à la Pomme ne sont donc pas si surfaites qu’on a pu le dire, et on en revient à la fameuse phrase-culte : “On peut tromper un homme 1 000 fois… Euh, non…”
[Mise à jour : L’iPad 2 est vendu en Europe sous ladite barre symbolique des 399 €, à défaut des 100 € tous ronds de baisse du prix. Si le prix de l’iPad 2 en France reste supérieur à 400 €, la Taxe pour copie privée n’est pas entièrement coupable : celle-ci est en effet de 8,00 €. Le différentiel se situe au niveau de la TVA, et Apple apple d’ailleurs un prix HT différent pour un certain nombre de pays de la zone Euro, pour maintenir le prix TTC en dessous de cette barre symbolique des 399 €.
A titre d’exemple, et pour 399 € TTC, le prix HT en Allemagne est de 335,29 € pour 63,71 € de TVA ; il est en Belgique (Wallonie) de 329,75 € pour 69,25 € de TVA ; en Espagne ce prix HT est de 338,14 € pour 60,86 € de TVA.
En ce qui concerne la France, les prix affichés par l’Apple Store en ligne sont les suivants : 333,97 € HT et 67,03 € de taxes, auxquels il faut rajouter pour être complet les 0,04 de taxes prélevées pour le recyclage.
Pourtant, si on applique au prix HT français de 333,97 € le taux normal de TVA, on obtient 65,46 € : l’explication tient à l’application de la TVA SUR le prix HT+ la taxe pour la copie privée, à la manière de ce qui se passe sur l’essence. Il n’empêche : un effort de 2 ou 3 € sur le prix HT, comparable à celui qui est consenti par Apple en Belgique, aurait permis de rester dans les clous]
