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Test Apple TV : toujours un hobby

L’Apple TV de deuxième génération n’a plus grand chose à voir avec son prédécesseur : plus petit, plus abordable, il offre aussi paradoxalement moins de fonctions. Si l’avenir s’annonce excitant, il faudra se contenter aujourd’hui du strict minimum…

iMike

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C’est peu dire que la première version de l’Apple TV n’a pas rencontré le succès. D’un usage un peu lourd et vendu plutôt cher, ses fonctionnalités, pourtant intéressantes, ont peu pesé face aux box plus riches et mieux dotées des opérateurs. Sans parler du contenu vidéo plus qu’anémique proposé sur l’iTunes Store français ! Il ne restait plus guère aux utilisateurs du boîtier TV que la possibilité d’afficher des diaporamas photos sur leurs téléviseurs… ou d’en passer par la bidouille pour installer un media-center capable de lire des formats de fichiers plus répandus dans l’internet interlope.

Apple a donc tout repris à zéro et propose avec l’Apple TV de deuxième génération un boîtier plus discret, plus abordable, et totalement orienté vers le streaming : exit le disque dur de la précédente mouture, le nouveau boîtier est incapable de stocker en dur un fichier (malgré ses 8 Go de stockage). Tout passe par le wifi, ou par l’Ethernet pour les réfractaires du sans-fil !—–

Dans le salon

L’Apple TV est fourni avec le strict minimum : un cordon d’alimentation, l’habituelle paperasse, la paire d’autocollants Apple, ainsi qu’une télécommande qu’on remplacera sans regret par un iPhone, iPod touch ou iPad (on y reviendra). Ce qu’Apple ne fournit pas : une connexion internet, un téléviseur HD, un câble HDMI, un ensemble home-cinema, et un Mac bourré de contenus. Autant dire que l’Apple TV, ça se mérite ! En revanche, pour celui qui dispose de tout cela, les 119 euros demandés seront moins douloureux que les 270 euros et quelques de l’ancienne version 160 Go… Du moins, il ne faudra pas lorgner trop fort du côté de l’AppleStore US, où le boîtier ne coûte que 99$, hors taxes certes. C’était avant que l’euro ne reprenne du poil de la bête…

L’installation se déroule sans anicroches : une fois branché à la télé et au courant, l’Apple TV réclame fort logiquement une connexion au wifi. Taper la clé WPA est un cauchemar avec la télécommande mais enfin, on y est : bienvenue dans le monde de la télé vu par Apple !

Mais auparavant, il aura tout de même fallu activer le partage à domicile, via l’iTunes de son Mac, une opération qui nécessitera de posséder un compte sur le Store. Car s’il est possible de se contenter du contenu vidéo, photo et musical de son ordinateur, il faudra tout de même disposer d’un compte sur l’iTunes Store.

Une fois ces formalités remplies, l’interface de l’Apple TV s’affiche dans toute sa relative splendeur : c’est sobre et bien pensé, mais rien de révolutionnaire pour autant – on reste dans le sillon tracé par la précédente version de l’appareil. On trouvera sur la moitié supérieure les jaquettes des films et autres contenus disponibles à la location sur le Store ou disponibles sur le Mac, et dans la moitié inférieure les différents menus. Cette disposition change ensuite suivant les contenus que l’on souhaite visionner, mais cela reste de bon goût et propre (peut-être un peu trop, la fantaisie n’a pas vraiment sa place). En même temps, quand on est devant sa télé, ça n’est pas pour admirer son interface mais pour en prendre plein les yeux !

Avec le Mac

L’Apple TV permet donc de visionner du contenu provenant du Mac. Première remarque : il faut impérativement que ce dernier soit allumé et disponible. Impossible de regarder ou d’écouter quoi que ce soit sur un ordinateur en veille… Au moins, les premiers modèles permettaient de stocker des fichiers en local ! Et on ne pourra pas brancher de disque dur externe ou de clé de stockage sur le port microUSB situé sous le port HDMI du boîtier, réservé à la maintenance, ainsi qu’à la restauration de l’appareil (il suffit de brancher l’Apple TV à un Mac pour que celui-ci «monte» dans iTunes, offrant uniquement l’option de restauration).

Gageons également que les bidouilleurs sauront tirer tout le jus de la présence d’un tel port, qui a été la porte d’entrée des nombreuses bidouilles sur la précédente génération du boîtier TV.

Notons qu’on ne pourra accéder qu’au contenu d’iTunes : en l’absence d’un navigateur de fichiers, l’Apple TV ne saura pas lancer un fichier présent sur un disque dur externe relié au Mac, ni même un dossier de vidéos placé dans l’ordinateur, mais ailleurs que dans la bibliothèque iTunes. On reste donc solidement planté dans le fameux «jardin fermé» d’Apple, avec un appareil qui ne saura lire que les formats compatibles iTunes (m4v, mov, mp4 pour la vidéo, AAC, MP3, Audible, AIFF et WAV pour l’audio et JPEG, GIF et TIFF pour les photos). Pour le DivX et autres conteneurs MKV, il faudra attendre les bonnes grâces des hackers, voire un AppStore officiel dédié qui offrirait des lecteurs plus complets (et pourquoi pas VLC !), comme on l’a vu pour l’iPhone et l’iPad.

Si l’Apple TV ne propose qu’une sortie 720p, en revanche les fichiers en 1080p que vous auriez à disposition ne nécessiteront pas d’un réencodage long et douloureux pour être lus sur votre téléviseur : l’appareil «dowscale» le fichier 1080p pour qu’il soit lisible sans demander son reste. Évidemment, cela coincera du côté des vidéophiles qui ne jurent que par le Full HD, mais l’Apple TV ne s’adresse objectivement pas à eux.

iTunesEcranSnapz002-256.jpgL’activation du Partage à domicile fait apparaître un bouton Airplay en bas de la fenêtre d’iTunes : c’est grâce à ce bouton qu’il sera possible de diffuser un fichier audio depuis le Mac vers l’Apple TV. C’est encore assez limité, mais iOS 4.2 ouvrira le champ des possibles, puisqu’il sera possible de diffuser vidéo et musique vers le téléviseur, depuis un iPhone ou un iPad, en passant par l’Apple TV. De plus, AirPlay devrait (si tout va bien) être disponible pour les applications tierces : les possibilités seront donc nombreuses et devraient sérieusement augmenter l’intérêt de l’appareil.

AirPlay ne se limitera pas à l’Apple TV : des constructeurs d’enceintes sont déjà sur les rangs pour intégrer la fonctionnalité dans de futurs produits.

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L’un dans l’autre, la lecture de fichiers en provenance du Mac n’appelle aucun commentaire négatif : l’Apple TV remplit convenablement son rôle. Niveau musique, il sera possible de lancer la fonction Genius pour générer une liste de lecture «compatible» avec le morceau en lecture. Toujours côté son, la compatibilité avec le Dolby Digital 5.1 surround comblera les adeptes du home cinema qui voudront en prendre plein les oreilles. La lecture de photos est elle aussi très agréable (Apple a toujours réussi cet aspect, ce depuis le tout premier Apple TV), avec de très jolis diaporamas aux effets professionnels : idéal pour animer une soirée diapos.—–

Sur internet

Avec son accès internet, il aurait été ballot que l’Apple TV ne puisse rien faire sur le web. Ça n’est évidemment pas le cas puisque l’appareil permet de se connecter à YouTube, et sait afficher des galeries photos en provenance de MobileMe et de Flickr.

La recherche de vidéo sur YouTube est une vraie plaie avec la télécommande fournie. Mieux vaut donc en passer par l’application Remote qui permet d’utiliser le clavier virtuel de l’iPhone ou de l’iPad. Il faudra préférer les vidéos HD, les fichiers basse qualité qui font l’ordinaire de YouTube sont vraiment immondes sur le téléviseur. On pourra se connecter à son compte YouTube mais les interactions sont limitées à noter une vidéo, l’enregistrer dans ses favoris ou la signaler comme «inconvenante». En même temps, difficile d’en vouloir plus à ce niveau.

On regrette qu’il ne soit pas possible d’accéder à d’autres sites de vidéo, comme DailyMotion ou Vimeo, qui eux aussi proposent leurs catalogues dans un format compatible avec le boîtier.

Du côté des galeries photos MobileMe et Flickr, il suffit d’ajouter l’identifiant d’un utilisateur pour accéder à ses clichés et en lancer un diaporama. Rien de sorcier en somme, mais on notera l’impossibilité de lire des photos ou vidéos privées depuis un compte Flickr.

Ces trois options sont fort sympathiques, mais on reste dans l’anecdotique, bien loin en tout cas d’un Google TV qui mise tout sur l’accès au contenu disponible sur internet.

À la location

La grande affaire de l’Apple TV, c’est la location de contenus : films et séries TV. Du côté des films, le choix est identique à celui de l’iTunes Store, donc relativement limité : certes, on y trouvera les dernières grosses nouveautés et, parfois, quelques surprises (le fonds de catalogue n’est pas vilain, par exemple). La location d’une nouveauté comme Iron Man 2 revient à 4,99 euros ce qui n’est pas si onéreux par-rapport à ce qu’un vidéo-club pourrait proposer.

En revanche, là où l’offre est loin d’égaler celle du petit loueur d’en bas de chez soi, c’est au niveau des bonus (inexistants), d’une bande audio dans une langue étrangère (connait pas) ou encore la présence de sous-titres. Le magasin de l’Apple TV est encore moins bien fichu que sur un iPhone ou sur l’iTunes de bureau puisqu’on ne sait pas à l’avance si tel film est proposé en VOST ! Et impossible de retrouver le «Film de la semaine» proposé à la loc’ à 0,99 euro sur l’iTunes Store, mais invisible sur le boitier, à moins de s’être renseigné auparavant.

Indéniablement, il manque à l’Apple TV quelques catégories : pourquoi ne pas imaginer (comme sur le Store) une section «films à moins de 3 euros» ou que sais-je encore. De plus, à moins d’en passer par la recherche, on ignore l’étendue du catalogue proposé, la catégorie «Mieux classés» n’affichant effectivement… que les mieux classés ! Tandis que le classement par genres se mélange parfois les pinceaux : le Robin des Bois de Ridley Scott voisinant le Lovely Bones de Peter Jackson dans la catégorie Drame sonne un peu bizarre…

La durée de location est de 30 jours suivant l’achat du film. Attention, dès que la lecture a débuté, vous n’aurez plus que 24 heures pour la terminer ! Par contre, dans ce laps de temps, il sera possible de visionner le film autant de fois que souhaité.

Bon point concernant la qualité des vidéos proposées (en 720p, mais il est possible de louer des fichiers SD) : l’image est belle et il faut avouer qu’on en prend plein les yeux. On comprend mieux dès lors que Steve Jobs voue le Blu-ray aux gémonies : il est tout à fait possible de distribuer de la HD via internet, sans à-coups. Reste le problème du catalogue et de la gestion des langues et des sous-titres.

Lors de nos tests, la lecture des films loués s’est lancée dans les deux minutes après leur location. Sur un seul film, nous avons «subi» une image gelée alors que l’audio poursuivait son bonhomme de chemin : rien de grave, il a suffit de «rembobiner» le film pour que la séquence soit lue sans autre forme de procès.

On a pu suivre avec plus ou moins d’intérêt la saga des négociations «secrètes» entre Apple et les différents réseaux US afin de fournir des séries TV à la location tarifées 0,99$ l’épisode. Une idée somme toute plutôt bonne dans le cadre d’un visionnage de rattrapage. Hélas, celle-ci n’a pas franchi l’Atlantique : l’Apple TV ne donne tout simplement accès à aucune série TV en France, il n’y a même pas d’onglet idoine dans l’interface du boîtier.

C’est bien dommage : le catalogue de l’iTunes Store français est désormais bien achalandé, on y trouve aussi bien des séries du cru que des séries américaines en VOST et le tout bien souvent en HD. Malheureusement, l’absence de stockage en local interdit l’achat d’épisode, et visiblement Apple ne souhaite proposer que son catalogue de séries TV à 0,99$, c’est le seul que l’on trouvera sur l’Apple TV US.—–

Avec l’iPhone et l’iPad

L’application Remote, qui végétait depuis un moment au fin fond de l’AppStore, est revenue en grande forme avec dans sa besace, un sérieux argument : le pilotage de l’Apple TV ! Et force est de constater que l’iPhone (ou l’iPad) et le boîtier sont fait pour s’entendre.

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Il suffit de jumeler l’iPhone à la bibliothèque de l’Apple TV pour prendre la main… Et c’est le cas de le dire puisque le contrôle se déroule grâce à des gestures naturelles. On prend rapidement ses marques et on délaisse la télécommande fournie qui n’a rien de pratique au moment d’effectuer une recherche : c’est tellement plus simple avec le clavier virtuel de l’iPad !

À noter d’ailleurs qu’il n’y a que la tablette qui sache basculer à l’horizontale. Certes, ça commence à faire cher la télécommande grand luxe, mais le plaisir des yeux n’a pas de prix…

Pour conclure

L’Apple TV nouveau genre semble encore plus handicapé que son prédécesseur, du moins pour ce qui concerne la Franc (et l’Europe) : absence des séries TV, pas de Netflix… Mais les consommateurs US souffrent également d’une interface simpliste et d’un catalogue relativement limité (surtout en séries TV). L’obligation d’en passer par le streaming transforme le boîtier en simple passe-plat entre le téléviseur et le Mac, alors que la première version de l’Apple TV bénéficiait d’une plus grande autonomie.

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En ce qui concerne les contenus, Apple n’est pas la seule à blâmer : on sait que les négociations avec les studios et les producteurs sont particulièrement difficiles et longues. C’est pourquoi il est fort étonnant qu’Apple n’ait pas lancé en même temps que son boîtier un AppStore dédié : la connexion avec l’iPhone, l’iPod touch et l’iPad est déjà de la partie et pourrait transformer ces périphériques en manettes de jeu ! Sans compter que des applications plus «sérieuses» pourraient voir le jour : service météo, flux RSS, Google Earth, édition de photos en lien avec la bibliothèque du Mac… le champ des possibles est vaste.

Les bidouilleurs sont sur le pont et après avoir jailbreaké l’appareil (motorisé par iOS, rappelons-le), ils ont déjà bricolé une première application basique de météo ! Si l’on rajoute à cela un Google TV qui fait des applications une des «killer app» de son service, on peut penser qu’Apple a clairement sa carte à jouer dans ce domaine, surtout avec l’expérience engrangée avec l’AppStore iOS. Les apps devraient transformer le «hobby» de l’Apple TV en business rentable, bien mieux que le contenu à louer sur lequel Apple n’aura jamais complètement la main.

L’Apple TV 2G se révèle donc être une promesse de lendemains qui chantent pour le téléviseur, mais en attendant, il faudra se contenter du peu disponible, en attendant mieux !



Apple TV sur le site d’Apple

Apple TV sur l’AppleStore

– Design
– Abordable
– Application Remote
– Tarif des locations honnête
– Bonne qualité vidéo

– Obligation d’avoir le Mac allumé
– Beaucoup plus cher que son homologue US
– Pas de séries TV pour la France
– Peu de choix de personnalisation pour les films (sous-titres, bande audio…)
– En attente d’un AppStore pour faire la différence
– Intérêt pratiquement nul en face des box des opérateurs