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Édito

Apple : Greenpeace continue l’agit-“propre”

La Pomme n’en a semble-t-il pas fini avec Greenpeace. L’organisation non-gouvernementale qui avait récemment pris Apple à parti sur sa politique environnementale à plusieurs reprises, a pris une nouvelle fois le constructeur californien comme symbole d’une industrie IT polluante.
Derrière la Pomme, c’est la directive REACH qui est en fait visée.

Boro

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La Pomme n’en a semble-t-il pas fini avec Greenpeace. L’organisation non-gouvernementale qui avait récemment pris Apple à parti sur sa politique environnementale à plusieurs reprises (voir la dépêche du 29 août), le constructeur californien a en effet été pris une nouvelle fois comme symbole d’une industrie IT polluante.

Greenpeace, qui avait pourtant été accueillie parmi les exposants de la MacExpo londonienne pour y  tenir un stand baptisé ‘Green my Apple‘ (Rend ma Pomme plus verte), expliquant les risques que présentent certaines substances toujours utilisées par Apple dans certains de ses composants électroniques, a fini par être expulsé de la manifestation à la demande de plusieurs exposants : selon l’organisateur les écologistes n’avaient été admis qu’à la condition de ne pas prendre de photos sur les autres stands, et de “tracter” sur leur seul périmètre. Ces derniers n’ont bien entendu pas hésité à tirer sur la corde et à passer outre, se faisant expulser aussi sec par les officiels.

Ce n’est pas la première fois que des ONG prennent à partie Apple à des moments “sensibles” de son calendrier, en profitant du moment où celle-ci se trouve sous les feux de l’actualité et essaie de faire passer un message : voici 2 ans le collectif Computer Take Back Campaign avait interpellé de la même manière Apple et son CEO au moment de la MacWorld de San Francisco, puis de l’assemblée générale de ses actionnaires, à propos de la  collecte et du recyclage des iPods usagés. En l’occurrence, Greenpeace utilise exactement les mêmes outils : incident provoqué lors d’un rendez-vous de la marque largement couvert par la presse, pétition d’utilisateurs, interpellation directe de son si charismatique dirigeant, la distribution de pommes de culture bio étant en quelque sorte la cerise sur le gâteau…

Après l’iPod, sont à présent dans le collimateur des eco-warriors de Greenpeace les Polluants Organiques Persistants, particulièrement le PVC et les retardateurs de flamme bromés soupçonnés d’avoir des effets à long terme sur la reproduction humaine, mais également la politique de recyclage des constructeurs qui n’est pas assez systématique et se contente de se plier au coup-par-coup aux législations nationales.

Or Greenpeace s’est cependant retrouvée épinglée à son tour, prise en flagrant délit de “flou artistique” dans son baromètre des constructeurs les plus respectueux de l’environnement (voir la dépêche du 28 septembre dernier). Depuis, elle a déplacé son discours, en renouant avec les pratiques d’Agit`Prop`de ses débuts : le principal n’étant pas le contenu objectif du message mais son retentissement médiatique, et son impact émotionnel. On se souvient par exemple encore 25 ans après des membres de l’ONG s’interposant avec bravoure sur leurs Zodiacs, entre les baleiniers russes ou japonais et leurs victimes désignées, au moment où se discutait âprement le moratoire sur la chasse commerciale des grands cétacés. L’important n’est pas tant que l’événement se soit produit, ou même ses circonstances, mais il faut qu’il en existe des images, qui vont témoigner de celui-ci et susciter l’émotion. Au besoin en créant l’incident.

Autres temps sans doute, cette fois-ci c’est Apple qui fait les frais du calendrier international, la radicalisation du discours de l’organisation allant de pair avec l’arrivée des échéances de la discussion sur la Directive Communautaire dite REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals – enregistrement, évaluation, autorisation et restrictions relatifs aux des substances chimiques). La Commission ayant fait connaître sa position à la mi-juillet, la réglementation définitive est en effet attendue d’ici la fin de l’année 2006 avec la 2e lecture au Parlement de Strasbourg, Il y a donc urgence pour l’ONG écologiste si elle veut faire entendre sa voix et peser une dernière fois sur le débat.

Ormerry faisait fort justement le constat ici-même voici quelques semaines d’un changement d’attitude à l’égard de la Pomme, une exigence nouvelle étant en quelque sorte la contrepartie de son succès (voir l’édito du 1er septembre). Dans le cas des environnementalistes comme le Computer Take Back Campaign ou Greenpeace, ce pourrait sans-doute aller au-delà : Apple et son calendrier sont bel et bien utilisés pour véhiculer un message qui concerne l’industrie électronique toute entière : quel meilleur amplificateur médiatique que la société la plus en vue du moment?

DailyTech
MacExpo evicts environmentalists
Chez MacWorld
Le site de Greenpeace
Les photos sur le blog de l’un des militants