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Édito

Leopard, la puce à l’oreille ?

C’était bien la peine de se moquer… Après avoir copieusement daubé sur les reports à répétition de Vista, c’est à présent Apple qui se trouve confrontée à un retard pour la sortie de la prochaine version de son système d’exploitation. En cause, le développement à marche forcée de l’iPhone.
Faut-il y voir le signe d’une intégration beaucoup plus étroite qu’à première vue entre le futur téléphone et l’OS dans la stratégie de Cupertino?

Boro

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C’était bien la peine de se moquer… Après avoir copieusement daubé sur les reports à répétition de Vista, c’est à présent Apple qui se trouve confrontée à un retard pour la sortie de la prochaine version de Leopard, son système d’exploitation. En cause, le développement à marche forcée de l’iPhone, qui a mobilisé des ressources auparavant affectées aux développement de Mac OS X… dont on retrouvera une version pleinement fonctionnelle dans l’iPhone. Faut-il y voir le signe d’une intégration beaucoup plus étroite qu’une simple diversification à risque entre le futur téléphone et l’OS dans la stratégie de Cupertino, comme avaient cru pouvoir l’établir la plupart des analystes du secteur? La réponse est bien évidemment : oui.

Tout d’abord il faut bien le reconnaître : DigiTimes qui avait annoncé ce report dès le 23 mars (voir la dépêche) dans l’incrédulité générale ne s’était finalement pas trompé… du moins en ce qui concerne la date de sortie, si ce n’est sur les causes du retard de celle-ci (voir la dépêche du 25 mars). Quoi qu’il en soit, l’annonce d’un report de produit, a fortiori aussi emblématique du savoir-faire de Cupertino que peut l’être OS X, n’est faite de gaieté de cœur.

Après avoir communiqué à ce point sur l’excellence de sa solution et tourné en dérision son principal compétiteur, c’est même d’une certaine manière le constat d’un certain échec, même si le communiqué se veut rassurant sur l’état d’avancement du projet : toutes les fonctions sont là et seront présentées en temps et en heure aux développeurs pour la WWDC de juin prochain, seules les boîtes de la version finale destinée au client sont reportées au mois d’octobre. Pour autant, et sans vouloir à tout prix se raccrocher aux branches ou se rassurer à bon compte, l’annonce intervenue hier soir n’est pas à proprement parler une catastrophe.

Même si l’on ne consolera pas les amours-propres meurtris en rappelant que c’est de près de 3 ans que la révision majeure Windows s’était faite attendre – et encore, pour rattraper les résultats calamiteux de la version précédente de l’OS tout en faisant son deuil des nouveautés promises les plus alléchantes – ce ne sera pas la première fois qu’Apple annoncera le report d’une version de Mac OS X, même s’il faut pour cela remonter à… la version 10.0 et à avril 2001, les autres versions de l’UNIX de La Pomme s’étant depuis succédées avec la régularité et la précision d’un métronome.

Mais c’est surtout le lien intime qui unit l’iPhone et la ou les prochaines versions de Mac OS X que le retard annoncé vient ici signifier. Au-delà de Core Animation et de ses effets bluffants sur la navigation et l’affichage du nouveau “bébé” de Steve Jobs, c’est toute l’interface utilisateur que les deux versions de l’OS X ont très probablement en commun (voir la dépêche du 28 mars, ainsi que celle du 13 avril). A ce titre, la date choisie pour le lancement de l’iPhone et la présentation officielle de la version définitive de Leopard peut difficilement passer pour une heureuse coïncidence… a fortiori si l’on considère les fonctionnalités attendues sur la version Server en direction des entreprises, en particulier en ce qui concerne le mail et les fonctions collaboratives…

Il marque également à quel point on a pris au 1, Infinite Loop, Cupertino la mesure de l’importance de l’échec de Microsoft en matière de fiabilité… et de la nécessité de se différencier absolument de Redmond non seulement en matière d’innovation et d’évidence dans l’expérience utilisateur, mais également avec le caractère irréprochable de la qualité de son produit, ce qui n’a pas toujours été le cas des versions initiales de la ménagerie de Cupertino… Reste qu’Apple a perdu là une occasion superbe d’assommer Microsoft, dont la stratégie consiste précisément à tenter de faire passer le message de la banalisation de Mac OS X depuis la sortie de Vista.

Il reste à attendre juin et la WWDC puisque – c’est promis? – toutes les fonctionnalités de Leopard mais également celles de l’iPhone seront cette fois dévoilées. Steve Jobs et sa dream team auront-ils retrouvé la clef de la cage d’ici octobre? Réponse très probablement aux alentours de l’Apple Expo…