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Édito

Une Directive “malt à propos”?

Les étudiants de l’Université des Technologies de l’Information de Copenhague ont mis au point une recette de bière classique, additionnée de façon originale de Guaramadu et qu’ils ont publiée sous la licence Creative Commons, tandis que le concept d’OpenSource marque des points un peu partout dans le secteur de l’informatique proprement dite.
La directive EUCD que la Commission presse le Parlement d’adopter est-elle dès lors vraiment la plus adaptée?

Boro

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Les étudiants de l’Université des Technologies de l’Information de Copenhague ont mis au point une recette de bière classique, additionnée de façon originale de Guarama, et qu’ils ont publiée sous la licence Creative Commons, tandis que le concept d’OpenSource marque des points un peu partout dans le secteur de l’informatique proprement dite.
Le concept d’OpenSource marque des points un peu partout dans le secteur de l’informatique. Particuliers, mais aussi administrations et entreprises. Une étude IDC datée de mars 2005 montre que ce type de solution progresse dans le secteur privé européen, un tiers des entreprises interrogées déclarant faire un usage significatif des logiciels Open Source, en particulier dans le domaine des systèmes d’exploitation et des bases de données (voir la dépêche du 18 avril 2005).

Mais c’est aussi le cas des administrations, même si certaines mauvaises habitudes ont parfois du mal à disparaître (voir la dépêche du 14 avril 2005). Après certaines collectivités locales outre-Rhin ou la Police et la Gendarmerie française, le Ministère de l’Agriculture vient ainsi d’annoncer que ses 500 serveurs bureautiques sous Windows NT4, arrivés en fin de vie, seraient bientôt remplacés par Mandriva Linux Corporate Serveur 3.0. Loin de mettre la charrue avant le bœufs, le ministère a procédé à une étude sérieuse des devis et de ses besoins avant d’opter pour la proposition de l’éditeur Mandriva… sans pour autant mettre tous ses œufs dans le même panier puisque seuls les serveurs de fichiers seront concernés dans un premier temps.

Les détracteurs ont beau dénigrer à travers Linux le concept même de licence Open Source, celle-ci semble malgré tout faire son chemin dans la réflexion collective. Mais même lorsqu’une solution propriétaire fait une large place à la communauté du “libre”, les différences culturelles entre les deux “mondes” ont souvent la vie dure (voir la dépêche du 5 juillet 2005). Au delà des seuls responsables IT sensu stricto des étudiants danois ont adapté le concept d’ouverture du code source au domaine des recettes… alimentaires et non plus comptables, bien qu’il y soit en quelque sorte question de liquidités.

Les étudiants de l’Université des Technologies de l’Information de Copenhague ont en effet mis au point une recette de bière classique, additionnée de façon originale de Guarama, et qu’ils ont publiée dès janvier dernier selon les termes de la Creative Common Licence, en déclarant sa paternité [[Terme : by]] et, en cas de modification, avec l’obligation de continuer à placer les nouvelles recettes sous la protection des Conditions Initiales à l’Identique.
La démarche s’apparente ainsi à un test grandeur nature, une sorte de “bouteille à la mer” pour évaluer non pas les courants marins mais le devenir des structures Open Source, collaboratives, appliquées à des produits de grande consommation comme peut l’être la bière. Il reste bien entendu possible de vendre le produit en question, mais tout en publiant la recette : la réussite de l’entreprise repose dès lors sur un savoir-faire et non plus sur un savoir tout court. D’autres initiatives du même tonneau verront-elles le jour?

Il serait bien étonnant que les étudiants en question ne fissent point école, tant le concept même de propriété intellectuelle et de droit d’auteur tel que nous le connaissons aujourd’hui fait l’objet d’une réflexion générale, au delà des prise à parti plus ou moins puériles de dirigeants industriels – lesquels appartiennent de toutes façons déjà au passé.
La licence Common Creatives qui permet à l’auteur de moduler les droits de réutilisation sur son travail accordés à un utilisateur, les démarches entreprises par différentes organisations ou syndicats comme l’ADAMI ou l’UFC Que-Choisir autour de la copie privée, font réponse à la crispation des industriels du contenu. La directive dite European Union Copyright Directive qui durcit les dispositions législatives au détriment des utilisateurs apparaît davantage comme une tentative de maîtrise de la part de la Commission, pour aller dans le sens des industriels. Une tentative “malt-à-propos”?

merci à Frédéric pour le lien vers Libé