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bitchat : l’app qui veut enterrer WhatsApp… sans même utiliser Internet

Pas de Wi-Fi, pas de numéro, pas d’amis ? bitchat s’occupe de tout… sauf du dernier, bien sûr.

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© Unsplash / JF Martin

Une messagerie qui n’a besoin de presque rien pour fonctionner ; sans même utiliser le Wi-Fi ou disposer de compte utilisateur ? « Impossible ! », pourriez-vous rétorquer, mais ce n’est pas ce que pense Jack Dorsey, l’ancien boss de Twitter, déjà à l’origine de Bluesky. L’informaticien et entrepreneur américain entend créer un système de communication complètement chiffré, anonyme et résistant à la censure. Comment ? En utilisant simplement un protocole extrêmement commun : le Bluetooth.

Elle s’appelle bitchat, et autant dire que ce genre d’idées à de quoi donner quelques sueurs froides à Meta (WhatsApp et Facebook Messenger) et consorts au vu de l’engouement qu’elle a déjà suscité.

La messagerie la plus libre au monde ?

Comme expliqué en introduction, bitchat fonctionne sans l’aide d’Internet ; cela grâce à ce qu’on appelle le réseau maillé ou « mesh network », rendu possible ici par l’usage du Bluetooth Low Energy (BLE). Ce protocole, déjà présent sur tous les smartphones modernes, permet aux appareils de communiquer entre eux à très courte portée, tout en consommant très peu d’énergie.

En l’utilisant de manière détournée, bitchat transforme chaque téléphone en nœud de réseau, capable de transmettre un message à un autre smartphone à proximité, qui à son tour peut le relayer plus loin, et ainsi de suite. Les messages se propagent de proche en proche, maillant le réseau telle une longue chaîne, sans antenne-relais, ou de serveur central. Comme les messages sont chiffrés de bout en bout, il est strictement impossible de les intercepter en chemin.

Un système qui n’est pas spécialement nouveau puisque le « Bluetooth Mesh » a été rendu public en juillet 2017 et ses fondations remontent aux années 1960, à l’époque d’ARPANET, l’ancêtre de l’Internet moderne. Par exemple, les AirTags l’utilisent pour fonctionner : ils envoient un signal Bluetooth crypté qu’un iPhone à proximité peut capter et relayer de façon anonyme jusqu’au propriétaire de l’objet. Il en va de même, pour une Apple Watch qui peut, dans certaines conditions, communiquer avec d’autres appareils Apple proches sans passer par Internet.

Dorsey pousse cette logique bien plus loin avec bitchat, là réside la différence. Au lieu de simplement localiser des objets ou de synchroniser des notifications, elle permet de tisser une messagerie humaine décentralisée, tournant sans aucune infrastructure. En zones blanches, lors de catastrophes naturelles ou dans des pays soumis à la censure, une telle application pourrait devenir le seul canal de communication réellement libre.

Dorsey relance sa croisade contre les applis centralisées

Pour celles et ceux qui verraient ce projet comme un gadget de cryptopunks ou de nerds paranoïaques, il n’en est rien. Il est l’essence même de la vision politique et idéologique de Dorsey : celle d’un Internet affranchi des plateformes privées, établi sur des protocoles ouverts que personne ne contrôle. Une idée qu’il défend depuis 2019, après avoir lu l’excellent manifeste Protocols, Not Platforms de Mike Masnick (disponible à la lecture sur cette page, pour les curieux), qui propose une alternative structurelle à la concentration du pouvoir numérique.

C’est cette philosophie qui l’a conduit à lancer Bluesky lorsqu’il dirigeait encore Twitter, avant que le projet ne devienne indépendant. C’est aussi ce qui a motivé la création de Damus, un réseau social fondé sur le protocole libre Nostr, conçu pour résister à la censure.

En quelques heures à peine, les 10 000 places disponibles sur TestFlight destinées à bitchat (plateforme officielle d’Apple permettant de tester des applications iOS en version bêta avant leur sortie publique) ont toutes été prises. Preuve que l’intérêt pour ce type de messagerie alternative ne se limite pas à une poignée d’idéalistes technophiles.

Est-ce que bitchat remplacera vraiment WhatsApp un jour ? Ce ne sera probablement pas pour demain, mais le succès qu’elle a rencontré sur TestFlight montre bien que la notion de souveraineté numérique prend de plus en plus de place dans les consciences. Ce sont parfois les projets les plus dissidents (Mastodon, Signal, voire même Tor à ses débuts) qui finissent par devenir les symboles de la contre-culture numérique. La page Github du projet étant relativement bien fournie, nous ne pouvons que vous conseiller d’y faire un tour si vous désirez en apprendre plus sur bitchat.

  • Une nouvelle messagerie, bitchat, créé par l’ancien PDG de Twitter, permet de communiquer sans internet ni compte, en s’appuyant uniquement sur le Bluetooth.
  • Elle transforme chaque appareil en relais, créant un réseau décentralisé et résistant à la censure.
  • Porté par la conviction de Jack Dorsey en des systèmes de communication libres, ce projet a rapidement captivé l’attention.
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