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Prospective

iPhone Software Take 3.0

La présentation de la 3e version d’iPhone OS montre que le californien a saisi la mesure du boulevard qui s’ouvre devant lui…

Boro

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Il y a fort à parier que certains ont passé mardi une mauvaise nuit, tournant et retournant fort tard sans trouver le sommeil, après avoir passé qui la journée, qui l’après-midi ou une partie de la nuit, en fonction du décalage horaire, en réunions de crise et comités stratégiques. Que se soit à Redmond au siège de Microsoft, à Waterloo celui du canadien RIM ou dans la banlieue d’Helsinki chez le finlandais Nokia, les trombones martyrisés se sont accumulés tout aussi probablement sur les tables au fur et à mesure que s’avançait la retransmission du special event consacré par Apple au troisième opus de l’OS de son iPhone.

Et même si les dirigeants des 3 plus plus gros éditeurs d’OS pour mobiles – jusqu’à l’irruption d’Apple dans le secteur – ont eu la patience d’attendre la traditionnelle mise en ligne de la vidéo de l’événement, nul doute que leurs ingénieurs se sont précipités sur la version préliminaire du deuxième kit de développement logiciel pour l’iPhone pour une partie de reverse engineering des plus fébriles… Quand aux californiens de Palm, qui comptent dans leurs rangs un aréopage d’anciens de chez Apple venus s’installer en voisins dans leurs nouveaux locaux de Sunnyvale, ils ont eux aussi du passer au crible le nouveau SDK : tous ont en effet adopté à la suite d’Apple le modèle de l’»AppStore», qui a bouleversé le secteur en simplifiant l’achat et l’installation d’applications-tierces sur les terminaux mobiles de dernière génération… tout permettant à des développeurs souvent indépendants de générer des revenus confortables et réguliers.

Deux coups d’essai réussis

Les chiffres rappelés pour certains par Greg Joswiak avec gourmandise parlent d’eux-mêmes : en l’espace d’1 an, ce sont 800 000 kits de développements qui ont été téléchargés – il y a eu plusieurs versions successives – et 50 000 comptes développeurs payants qui ont été souscrits. Mieux, en tout juste 8 mois, ce sont 25 000 applications qui ont été mises en ligne – c’est-à-dire davantage que sur Windows Mobile sur une période de 6 ans ! – pour 800 millions de téléchargements… sur une plate-forme qui n’existait pas en tant que telle il y a 18 mois !

Le tour de force d’Apple ne s’arrête pas là, puisque le californien a initialement misé sur Safari en tant que plate-forme mobile (lire MacWorld`07 : ce qu’il faut retenir), puis sur les outils de développement révolutionnaires de la première version de son SDK (lire SDK : la révolution iPhone en marche) et pour finir ramassé la mise sur les 2 tableaux ; Safari Mobile concentre en effet à présent les 2/3 – 66,1% ! – des usages du surf sur plate-forme mobile : sur ses 16,7 millions d’iPhones présents dans 80 pays, mais également 13,3 millions d’iPod touch vendus en 1 an 1/2.

Or Apple vient de délivrer une nouvelle réplique au tremblement de terre qui avait secoué le 6 mars de l’année dernière le petit monde assoupi de la téléphonie “intelligente”, avec une intensité au moins égale à la première. Microsoft ne s’y est d’ailleurs pas trompée, et s’est crue obligée de diffuser précisément hier matin, sous le titre «Microsoft dévoile sa stratégie destinée aux développeurs d’applications ciblant la nouvelle génération de téléphones Windows®», un communiqué de presse qui reprenait ni plus ni moins que les conditions du futur Windows Marketplace annoncé par Redmond au dernier Mobile World Congress… on s’en doute copié trait pour trait sur l’App Store et les conditions consenties par le californien aux développeurs de l’iPhone.

Figures imposées

La citation de la traditionnelle petite phrase du responsable de la société, qui fait partie des figures imposées pour ce genre d’exercice et que l’on trouve d’ailleurs aussi dans les communiqués publiés par Apple, donne exactement la mesure des craintes éprouvées chez Microsoft : « La forte relation nouée depuis plusieurs décennies par Microsoft avec les développeurs a donné naissance à des innovations qui font partie des plus extraordinaires du marché. Nous comptons poursuivre cette collaboration fructueuse avec eux grâce à Windows Marketplace for Mobile, qui leur permettra d’atteindre de très nombreux clients », explique Andy Lees, vice-président senior de l’activité Communications mobiles chez Microsoft Corp, qui poursuit : « Avec le nouveau Windows Marketplace for Mobile et nos excellents outils de développement, les téléphones Windows® représentent une opportunité inouïe pour les développeurs, partout où ils se trouvent. »—–

Tout est dit. Même si le Special Event était suivi par les fans et relayés par la presse, La Pomme s’y adressait en priorité à ses développeurs, à travers un «portrait de réussite» dont Apple seule a le secret et où, 70 ans après Hewlett-Packard et 30 ans après Apple, Steve Demeter ressuscitait le mythe du garage de la Sillicon Valley et racontait avec des mots simples sa joie à la récolte des premières royalties générées par Trism, pays après pays… Même si ont été présentées quelques-unes des fonctionnalités les plus réclamées par les utilisateurs, comme le copier/coller, les MMS, le clavier virtuel en position paysage dans toutes les applications ou une fonction de recherche, Apple s’est montrée attentive comme peut-être jamais en ce qui concerne les desiderata exprimés par les développeurs.

“Developers! Developers ! Developers!…”

Parmi la centaine de features implémentées et le millier APIs proposées, bon nombre vont permettre la souscription d’abonnements (à des magazines, des journaux, des services de streaming de musique ou de VoD ou même de navigation satellite), sans même parler d’achats d’impulsion ou l’affichage de publicités contextuelles. Le copier/coller, le clavier universel et Spotlight, ainsi que la fonction d’échange de fichiers achèvent de faire d’iPhone OS la plate-forme mobile à l’égale d’OS X, l’OS de bureau d’Apple – c’est-à-dire ce que n’a jamais pu réussir Microsoft avec les siens – tandis que le Framework pour les accessoires externes achève d’en faire un véritable tricorder potentiel, et même le point de départ d’un écosystème potentiellement encore plus considérable que celui de l’iPod… en même temps qu’une inépuisable vache-à-lait avec le label Works with iPhone…

La question n’est d’ailleurs pas tant de savoir s’il y aura des fraises en mai ou des girolles en septembre… et a fortiori un nouvel iPhone en juin : les dirigeant d’Apple ont d’ores et déjà annoncé qu’étant donné la forte saisonnalité et de renouvellement de l’iPod et de l’iPhone, ces 2 produits étaient les seuls sur lesquels ils pouvaient s’avancer sur un renouvellement annuel de la gamme, en septembre pour l’iPod et en juin pour l’iPhone. Il n’est même pas de savoir s’il fera de la video, ou s’il permettra des fonctions de modem externe : iPhone/iPod touch est en pleine phase d’ascension – les graphiques montrés par Joswiak en témoignent – et Apple doit à ce moment précis multiplier les usages, tout en décramponnant ses adversaires comme en 2004 avec l’iPod mini, puis en 2005 avec le nano. C’est avec le video-chat que SFR qui a négocié depuis décembre avec Apple a lancé ses offres 3G+ , et le constructeur a d’ailleurs prévu la possibilité d’implanter un capteur vidéo à l’intérieur de l’écran de ses appareils… Mais quand ? :langue

Un véritable nouveau taxon…

Ce dont il est absolument nécessaire de se rendre compte, c’est qu’au moment où Apple a précisément besoin de multiplier les usages, iPhone OS est à présent bien à l’étroit derrière un écran de 3,5 pouces de diagonale. Les quelques fonctionnalités qui ont brièvement été présentées en font d’ores et déjà une alternative crédible pour une tablette, ou quoi que ce soit d’autre qui tienne dans une poche, un pupitre ou une table de salon – télécommande universelle y compris – et ce d’autant plus que le constructeur semble décidé à utiliser cette fois le protocole Bluteooth sur son OS mobile… et d’une façon plus générale à lever petit à petit les restrictions qu’elle s’était imposée à elle-même.

Or c’est bien à la puissance et à la souplesse d’OS X qu’elle le doit, en même temps qu’elle a su plier les contraintes d’approvisionnement à sa main grâce à ses acquisitions, ses partenariats ou ses prises de participation (voir par exemple un iPhone 16 cœurs ?). Il reste d’ailleurs à Apple à résoudre la problématique du client internet ultra-léger, et si possible abordable à défaut d’être bon marché, alors que ses concurrents comme Dell, HP ou Lenovo semblent bien décidés à l’attaquer sur le créneau de la valeur ajoutée, avec des “tout-en-un” de bureau ou des ultra-portables… en tentant même d’appliquer ses recettes à base de marketing sophistiqué et de designer-communiquant à l’accent exotique, comme avec l’Adamo… :langue

Il reste à attendre la WWDC de mai ou de juin pour en savoir plus, qui devient de fait le 2e rendez-vous des développeurs de la Pomme, tant que celle-ci souhaite donner un caractère événementiel à la présentation de la version préliminaire de son kit de développement pour l’iPhone. Avec quels devices ? La «machine à rumeurs» a le temps de s’emballer d’ici-là, même si Apple semple avoir quelque peu levé le pied ces derniers mois sur le buzz marketing qui reste sa marque de fabrique… Encore un signe des temps ? Microsoft saura alors à quelle sauce elle va être mangée, entre Snow Léopard et iPhone Mobile, quand Windows Mobile 6.5 ne sera pas prêt avant l’automne. Le cauchemar pour elle serait de se voir éjectée du marché de la téléphonie mobile, comme ce fut le cas de la musique dématérialisée… avant de voir un jour Apple débarquer sur celui du PC en OEM?