Suivez-nous

Édito

La fin de Microsoft programmée?

Invité à prendre la parole devant les étudiants de la Stanford Graduate School of Business dont il est lui-même un ancien élève, Steve Ballmer a livré “sa” conception du business et de la gestion d’entreprise, égratignant au passage Google et son mode de développement. Le problème est que la vision que Ballmer a livré à ses jeunes coreligionnaires est désormais totalement obsolète.
Les jours de Microsoft sont-ils comptés?

Boro

Publié le

 

Par

Ballmer.jpg

Ballmer.jpg
Invité le 15 mars dernier à prendre la parole devant les étudiants de la Stanford Graduate School of Business, école dont il est lui-même un ancien alumnus, Steve Ballmer n’a pas manqué de répéter tout le bi… enfin ce qu’il pensait de ses jeunes rivaux de Google, dont les 2 fondateurs Sergey Brin et Larry Page sont d’ailleurs passés par la même prestigieuse Université privée de Palo Alto… où ils y ont, eux, étudié l’informatique…
Non loin de là, déjeunait d’ailleurs au même moment Eric Schmidt, l’actuel P-DG de Google, par ailleurs titulaire d’un Ph.D (Doctorat) d’informatique accordé par [Berkeley] et chargé de cours (lecteur) à… la même Stanford Graduate School of Business où Ballmer était invité pour donner sa conférence. Ambiance…

Parmi les perles enfilées par l’ineffable P-DG de Microsoft, on pourra relever en réponse à la question d’un étudiant “la folie” du rythme de développement actuel de Google, soulignant en contrepoint que Microsoft avait mis 30 ans à atteindre un effectif de 30 000 personnes, dans une structure parfaitement pyramidale et hiérarchisée, et émettant le doute qu'”un ensemble décousu d’individus travaillant chacun de leur côté” soit à même de créer efficacement de la valeur, que ce soit en termes financiers ou d’innovation.

Que Microsoft soit organisé comme une structure pyramidale, et que le géant du logiciel ne puisse imaginer que l’on puisse fonctionner différemment, on s’en convaincra sans peine, à voir l’échec patent que Vista a entrepris de révéler. Microsoft n’en finit pas de traire les mêmes “gagneuse” depuis plus de 10 ans, lesquelles commencent à lui trouver à force les mains singulièrement calleuses… et le temps bien long.

On a trop souvent par le passé entendu l’éditeur parler “d’écosystème“, en faisant un contresens en prenant le terme dans sa seule acception économique : si le concept est aussi opératoire c’est qu’il vaut avant tout dans sa dimension environnementale, en rendant compte du foisonnement d’initiatives qui accompagne chaque nouvelle avancée dans l’industrie, comme cela a pu par exemple le cas pour l’iPod. La métaphore tente de rendre compte du fourmillement évolutionniste, sur lequel Google a fait le choix de baser son développement en interne : la solution ne lui a pas si mal réussi jusqu’à présent. A contrario, on a pu montrer ici qu’une structure pyramidale pouvait produire du gaspillage, précisément en négligeant de prendre en compte et de tirer parti du foisonnement créatif (voir la chronique du 8 mar)s.

Une fin programmée ?

Pour Microsoft, il s’agit essentiellement, lorsqu’on a mis au point une technologie de base, de la “placer” et de la vendre chaque fois que ce sera possible, jusqu’à plus soif. Décrivant 4 moments dans un modèle économique du cycle de l’innovation – 1. on trouve une idée ; 2. on se débrouille pour lui faire atteindre une masse critique ; 3. on trait la vache à lait ; 4. on trouve une nouvelle idée ; il a situé Google dans la 3e partie du cycle, celle où on ramasse le plus d’argent, avant de lâcher “Pour nous, c’était dans les années 1990… ou, devrais-je dire, les années 1980 et 1990“…

Les succès de Cisco, d’Apple, ou de toutes les sociétés qui ont su tirer leur épingle du jeu ont montré qu’au contraire c’était le raccourcissement et surtout le rapprochement des cycles de conception, au service de la différentiation, qui étaient la clé du maintien dans une partie de plus en plus concurrentielle. Un exemple ? Avec l’iPod, Apple a su montrer qu’elle savait non seulement innover, mais également se renouveler : La Pomme aurait en effet pu se contenter de décliner des produits avec la Click Wheel pendant encore des années. L’iPhone a montré que ce ne serait assurément pas le cas… C’est d’ailleurs parce qu’elle est en permanence tendue vers l’innovation qu’Apple symbolise à ce point le dynamisme de l’industrie Hight Tech tout entière… mais c’est également désormais le cas peu ou prou de l’ensemble des sociétés du secteur qui progressent.

A contrario, il est difficile de croire que le P-DG d’une société pesant 272 milliards de dollars de capitalisation boursière et sur laquelle était sensé représenter l’essentiel de l’innovation du secteur informatique ait pu tenir un tel discours aux étudiants de la 3e Business School la plus cotée dans le monde… sauf à se rendre à l’évidence : est-elle déjà morte, ou du moins condamnée à plus ou moins brève échéance ? On a trop souvent prédit pendant des année la fin définitive d’Apple pour se livrer ici à des pronostics douteux à l’encontre de Microsoft. La société gagne (beaucoup) d’argent , et peut espérer durer encore quelques année sur la “masse critique” de sa base installée et sur a trésorerie accumulées. Mais une chose est sûre : tout empire porte en lui les raisons de sa propre fin; or si Redmond conserve encore quelques temps un tel style de management, sa mort est d’ores et déjà programmée. Par obésité…