Un iMac en trompe-l’oeil
L’Apple Special Event qui s’est tenu mardi 7 août au 4 Infinite Loop, Cupertino, dans l’amphi ‘Town Hall’ attenant au campus d’Apple, lequel abrite régulièrement les présentations en petit comité de la marque iPhone ou l’iPod.
On notera au passage que cette petite planète Macintosh est décidément bien particulière, où les journalistes et analystes invités n’ont pu une nouvelle fois s’empêcher de “ faire la claque ”, comme s’il s’était agi d’un MacWorld ou d’une Apple Expo…
Seule nouveauté, après l’introduction sur des parts de marché en forte hausse, les 10 petites minutes consacrées à l’iMac lui-même et la partie logicielle bien plus conséquente sur .Mac, iLife ou iWork 08, et même des mises à jour de produits moins en vue passées sous silence comme c’est désormais la coutume : une brève séance de questions-réponses avec les analystes et les représentants des médias, en compagnie de Tim Cook et de Phil Schiller.
Un mise-à-jour convaincante…
La machine présentée mardi ne manque pas de qualités, avec son nouveau clavier blanc/alu qui sera d’un entretien probablement beaucoup plus commode que le précédent ; celui-ci n’avait pratiquement pas bougé depuis 2002 et l’Apple Pro qui accompagnait l’iMac G4, après une première version à touches noires associée au Cube et au PowerMac G4 à compter de l’été 2000. Un retour au noir est-il envisageable, à la faveur d’un changement de design, pour que ledit clavier continue de bénéficier de l’appellation “White” ? Il n’est également pas exclu que ce soit le fond d’écran Apple qui devienne noir à terme par défaut, comme c’est déjà le cas pour l’interface de Front Row ou de Time Machine. On relèvera en tout état de cause que celui-ci accueille enfin deux véritables ports USB 2.0 auto-alimentés, ce qui va faciliter l’accès à un certain nombre de périphériques.
Dévoilé le jour-même du lancement de Number – le très attendu tableur de la Pomme – et pas disponible avant plusieurs semaines, son pendant bluetooth s’est vu délester de son pavé numérique, une première depuis le MacPlus de 1986. Est-ce un retour aux sources vers le Mac des origines ? Il faut tout de même une jolie dose de chutzpah pour tenter ce coup-là, même si, officiellement, c’est pour en faciliter l’emport avec les ordinateurs nomades de la marque qui s’arrachent trimestre après trimestre comme des bagels…
On ne pourra certes pas empêcher les mauvaises langues de persifler que c’est sans-doute pour mieux vendre un pavé numérique USB plus tard dans la saison, mais il est également difficile de ne pas penser que ce clavier-là serait bien commode devant une nouvelle génération d’AppleTV, voire un téléviseur intelligent par exemple…
Celui-ci est en tout état de cause très agréable à utiliser, et rappelle par bien des points la qualité de frappe de celui des PowerBook et MacBook qui ont fait le bonheur d’une bonne génération de programmeurs. On peut relever également l’arrivée d’une touche Fn qui leur est fort utile ; l’apparition d’une section IT Pro sur le site d’Apple n’est sans doute pas fortuite…
Enfin, parmi les nouvelles caractéristiques (voir la dépêche du 7 août) on notera l’adoption de l’ATI Radeon HD sur l’ensemble de la gamme – quand le modèle 24 pouces précédent proposait lui des processeurs graphiques NVIDIA GeForce – , l’adoption du port FireWire 800 également sur les modèles 20 pouces, et la possibilité d’opter pour un disque dur de 750 Go ou 1 To ou de pousser la RAM jusqu’à 4 Go. Quant aux écrans brillants, ils voient leur contraste et leur luminosité augmenter à 290 cd/met 800:1 contre 280 et 800:1 (inchangé) pour le 20 pouces et 380 cd/m et 700:1 contre 400 cd/m et 750:1 à présent pour le modèle 24 pouces. L’adoption du nouveau chipset d’Intel semble elle aussi aussi devoir porter ses fruits (voir la dépêche du 12 août).
Ceci posé, en dépit de ce que les premières réactions qui ont suivi l’Apple Special Event pourraient laisser penser et pour réussie que soit cette nouvelle version de l’iMac de 4e génération ? Assurément non.
… pour un modèle tout sauf nouveau
Pour réussi qu’il soit, le petit dernier d’Apple est tout sauf nouveau à tel point que – la langue du CEO a-t-elle fourché ? – celui-ci a parlé d‘upgrade à propos du nouveau modèle, au cours d’une présentation nettement moins enthousiaste et plus “en dedans” qu’à l’accoutumée…
L’allure générale et les dimensions sont pratiquement identiques, même si, plus minces d’environ 1/2 centimètre, chacun des modèles a également perdu un petit centimètre environ en hauteur et en largeur et si le 20 pouces se voit alléger de quelques centaines de grammes, en dépit du remplacement d’une bonne part de la résine et du polycarbonate par du verre et de l’aluminium.
En ce qui concerne la robe alu et l’écran de verre, ceux-ci sont mis en avant par leur symbole chimique : difficile de ne pas penser à la guérilla menée par Greenpeace et au tableau de marche publié par Apple iMac rejoint l’ensemble de la gamme Apple dans la conformité aux critères Energy Star 4 entrés en vigueur le 20 juin dernier.
Outre le bénéfice environnemental dans la cycle de vie du produit, les arguments mis en avant par Steve Jobs au cours de la conférence ne manquent pas d’intérêt, en particulier lorsqu’il aborde le positionnement marketing en insistant à plusieurs reprises sur la qualité “professionnelle” de l’aluminium utilisé. On y apprend d’ailleurs au passage que, malgré sa réputation de secret obsessionnel, Apple ne procède pas autrement des autres grandes sociétés industrielles et soumet ses avant-produits à l’évaluation d’échantillons d’utilisateurs, en recueillant très attentivement leurs diverses appréciations (ce dont on pouvait se douter).
Mais Jobs a également insisté sur le fait que ces clients triés sur le volet percevaient ce nouvel iMac en tant que destiné aux professionnels lorsqu’il s’agissait justement de professionnels, et davantage comme un produit grand-public de très bonne qualité par le panel de la population concernée. Raison invoquée : le verre et surtout l’aluminium utilisés, un peu à la manière du segment supérieur de l’électronique grand-public comme c’est le cas sur les amplis et les platines. D’ici à dire qu’Apple a des fourmillements de ce côté-là… On notera pour le moment un regain d’intérêt manifeste pour le marché “consumer”.
Pourtant ce changement – pas plus que la mise à plat du boîtier et de l’écran désormais d’un seul tenant derrière la façade de verre – ne peuvent expliquer à eux-seuls le décalage de deux mois avec la date apparemment prévue qui avait “fuité“, et surtout le coup d’envoi de la saison des achats dans le secteur de l’éducation dont on voit désormais à quel point il est redevenu stratégique dans le développement d’Apple iMac précédente est carrément passé à la trappe !
Une fois ce constat posé, se dessinent un certain nombre d’hypothèses qui méritent d’être soulevées.
iMac en trompe-l’œil (2)
[1] Depuis 2004, les machines conçues par Apple sont recyclables à plus de 90%
