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L’iPad Pro pris en main par des dessinateurs (vidéo)

Peut-on vraiment dessiner avec un iPad Pro et un Apple Pencil ? nous avons confiés ces appareils à deux pros, voici leur verdict.

Arnaud

Publié le

 

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L’arrivée de l’iPad Pro et son Apple Pencil suscite pas mal de curiosité chez les dessinateurs, illustrateurs et graphistes. La promesse d’Apple – un dessin sans latence en toute simplicité – et la portabilité de la tablette d’Apple tranchent, en effet, même avec certains des meilleurs produits du marché, qui sont souvent plus lents, plus lourds et moins autonomes.

Mais que donne réellement cet iPad Pro en matière de dessin ; remplace-t-il une tablette graphique type Wacom et un Mac ? Quelles sont les sensations lorsque l’on dessine ? Nous avons sollicité deux professionnels, le célèbre Marc Boutavant, auteur et dessinateur de très nombreuses BD pour enfants, et Olivier Audy, qui s’est spécialisé dans les dessins réalistes de grands monuments, et dans l’heroïc Fantasy. Nous leur avons confié un iPad Pro et son stylet, ainsi que Procreate, qui est sans doute le meilleur logiciel de dessin sur iOS. Un essai malheureusement trop bref, quelques dizaines de minutes, mais qui a permis à nos artistes de se faire une opinion et de s’exprimer sur leur ressenti. L’un travaille sur une tablette Wacom (sans écran) et un Mac, l’autre sur un Tablet PC hors d’âge et sur Photoshop.

 



 


 


Les deux ont été conquis. L’absence de latence dans le dessin y compris en utilisant de grosses brosses sur de grosses images (Procreate gère des images 16K !) les a frappés. De même le ressenti du Pencil sur l’iPad a été salué. La friction est suffisante pour un ressenti précis – certains stylets glissent trop, ce n’est pas le cas ici, sans pour autant que le mouvement ne s’en trouve entravé.

 


La précision de pointage est également excellente, mais Olivier Audy a ressenti le besoin d’afficher un “fantôme” de la brosse pour savoir exactement où il dessinait. Apple a largement réduit l’espace qui sépare l’écran de la surface de dessin (en supprimant une couche de verre intermédiaire), mais il demeure, évidemment, un léger espace qu’il faut pouvoir maitriser quand on veut une précision de l’ordre du point.

Marc Boutavant a été surpris de retrouver des sensations plus immédiates. “Une grosse partie de ma manière de travailler est née de la séparation entre mon œil (sur l’écran), et ma main, sur la tablette. C’est cette sorte de troisième œil cérébral qui me permet de concevoir mes dessins. Souvent, quand je dessine sur des tablettes-écrans, j’ai l’impression que quelque chose est cassé. Mais pas avec l’iPad Pro, où j’ai l’impression de me retrouver à dessiner sur du papier, sans pour autant en ressentir une gêne”, nous explique-t-il.

Le rejet des saisies involontaires fonctionne fort bien. Parfois, cependant, quand la paume effleure simplement l’écran, l’iPad enregistre des saisies. Mais ce phénomène se produit tout de même très rarement et la note globale, en matière de “palm rejection” est excellente.

Au rang des griefs, Olivier sera le plus volubile. Le Pencil, très précis, lui semble trop peu paramétrable, manquant de potentialité. “Sur les stylets Wacom il y a un ou deux boutons que l’on peut paramétrer pour leur affecter une fonction. Par exemple l’annulation, ou l’affichage des brosses. Là, sur l’Apple Pencil, il n’y en a aucun, ce qui oblige à systématiquement aller tapoter ailleurs pour sélectionner l’option voulue”, note-t-il.

Une certitude également : les deux dessinateurs ont, à un moment ou un autre, été tentés de retourner l’Apple Pencil pour gommer. Signe, sans doute, qu’il y a là quelque chose de naturel, manquant sur le pencil pommé.

Apple, pour l’heure, garde sa technologie secrète, refusant d’en dévoiler les détails. Tout juste nous confiera-t-on que le Pencil embarque trois capteurs, chargés de déterminer à tout moment le positionnement de la pointe et l’inclinaison du corps du stylet, l’un étant situé dans la mine, les deux autres sur le cône qui conduit au tube principal. Verra-t-on, dès lors, des concurrents de l’Apple Pencil ? Dans un premier temps, sans doute pas. Cupertino ne licencie pas la technologie de son stylet, et les concurrents n’auront sans doute pas accès aux couches basses du système en charge de l’Apple Pencil. Mais si l’iPad Pro décolle dans le domaine graphique, et il a toutes les chances de le faire, la concurrence n’aura d’autre choix que de monter dans la barque pommée… aux conditions de la taulière.