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Prospective

Angers réinvente le campus numérique

Au delà d’un équipement 100% Apple, c’est la pertinence des solutions retenues par St Edward’s qui font sens .

Boro

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Nous l’évoquions le 24 novembre dernier (voir la dépêche), Apple va bénéficier d’une nouvelle vitrine pédagogique dans le Maine et Loire, avec l’implantation française à Angers de la St Edward’s University qui sera officiellement présentée ce matin. Historiquement implantée à Austin au Texas depuis 1885, l’Université qui a conclu un partenariat avec l’UCO (Université Catholique de l’Ouest) et l’Institut Bois-Robert à Bécon-les-Granits présentera en outre la particularité de proposer à ses étudiants non seulement une infrastructure informatique composée de Macs, mais également un certain nombre de corpus professionnels éducatifs organisés autour du Mac, et sanctionnés par des certifications Apple.

La chose pourrait n’être pas étonnante en soi, a fortiori lorsqu’on se rappelle qu’Apple est le premier constructeur sur le marché européen de l’éducation depuis 4 ans maintenant (voir la dépêche du 17 novembre) – et ce sans discontinuer – mais la démarche effectuée par St Edward’s est intéressante à plus d’un titre… et dont la ville d’origine, qui est également celle du siège social de Dell, n’est pas le moindre ! Le campus américain d’Austin, qui accueille 5 300 étudiants prépare notamment à un MBA of Digital Media Management et, par-delà les querelles de clochers, soutient sans discrimination Mac OS X et Microsoft et propose même d’un Apple Store en ligne au même titre qu’une boutique Dell…

L’Université qui avait souhaité s’implanter à l’étranger pour ouvrir un certain nombre de perspectives culturelles et linguistiques à ses étudiants, en ouvrant l’établissement sur le monde, a souhaité retrouver en même temps ses racines : St Edward’s avait en effet été fondée par des de religieux venus de l’Ouest de la France. L’attractivité de la région, les facilités offertes par le Conseil Général et la proximité géographique avec Paris ont fait le reste… sans parler de la sollicitude du Vice président d’Apple Europe, qui a creusé des racines à Angers depuis son passage chez NEC Packard-Bell en 1995. Benoît Patier le Directeur de St Edwards France l’avoue avec un sourire : “C’est vrai que Pascal Cagni, quand il a entendu parler du projet, nous a accompagné aux différents stades et que ça facilite un certain nombre de choses

Le Mac, maître-mot dans l’apprentissage des langues ?

L’implantation française de St Edward’s accueillera dans un premier temps 90, puis 150 étudiants américains qui poursuivront sur le sol français leur cursus américain ; en 2009 grâce au partenariat avec l’UCO une trentaine d’étudiants français et européens pourront suivre une première année de Bachelor of Art américain (Licence), sanctionnée par une équivalence européenne et américaine qui pourra permettre aux étudiant qui le désirent de poursuivre leur cursus dans n’importe quel établissement étatsunien, qu’il soit public ou privé. Dans un second temps, St Edwards proposera un programme baptisé “English at Work” à destination des entreprises.

Point commun des enseignements dispensés aux étudiants américains en France, aux Freshmen (1eres années) européens et aux stagiaires envoyés par les entreprises, la volonté de faire de l’apprentissage des langues un atout pour l’établissement, en s’appuyant sur la spécificité des solutions proposées par Apple et son écosystème. La première tranche de 15 iMacs 24 destinés à faire tourner Final Cut Pro et Logic Pro pour les stagiaires des certifications AATCe va également servir de support à Kallylang, un laboratoire de langue numérique développé un peu particulier puisqu’il est le seul à tourner sur Mac OS. Développé par Kallysta, la société fondée par Jean-François Joureau et Claude Bratu qui a repris le concept de mallette numérique (voir la chronique du 21 septembre 2007), le logiciel permet au professeur d’assigner des exercices à distance sur le poste d’un ou de plusieurs élèves, qu’il s’agisse d’écrit ou d’oral, de documents audio ou video ou d’interaction avec l’enseignant grâce à iChat.


Angelo Keely, lui-même ancien étudiant de St Edward’s à Austin et à présent responsable des partenariats, ne tarit pas d’éloges à son sujet : “En donnant au professeur la possibilité d’assigner des tâches spécifiques à tel ou tel étudiant ou tel groupe d’étudiant, en fonction de son aisance, Kallylang le libère pour consacrer davantage d’attention à d’autres étudiants qui peuvent se montrer moins à l’aise. C’est quelque chose d’essentiel, car on sait bien qu’un groupe n’est jamais homogène, et c’est d’autant plus important dans l’apprentissage des langues où l’immersion est un facteur primordial”. Le programme “English at Work” qui débute l’année prochaine fera d’ailleurs également appel à des iPods nano, couplés à des micros.—–

Pour Jean-François Joureau, cet enthousiasme et l’intérêt que commence à susciter Kallylang un peu partout est à la fois un peu surprenant par sa rapidité – la version vraiment opérationnelle de Kallylang n’a été présentée qu’en septembre dernier à l’Apple Expo Remix, après un premier démonstrateur à l’Apple Expo précédente – tout en venant les conforter dans le sentiment d’avoir eu la bonne idée au bon moment, et surtout celle d’avoir apporté une facilité d’utilisation aux enseignants qui n’existait peut-être pas auparavant, et qui signe la qualité de l’expérience utilisateur sur Mac. “C’est vrai que nous avons un certain nombre de dispositifs qui sont en cours d’évaluation ou de déploiement, et que la façon dont les gens sont en train de se les approprier nous fait très plaisir. Il y a même des enseignants d’autres matières qui sont prêts à l’utiliser dans leur propre pratique”, poursuit-il en souriant “c’est vrai qu’il n’y a pas besoin forcément d’une grosse machine, un MacBook suffit comme poste client même s’il vaut mieux quelque chose de plus costaud comme poste-maître”.

L’avenir du Mac dans le secteur de l’éducation passe-t-il par les langues ? On pourrait le penser, car en ce qui concerne Kallylang si St Edward’s a ouvert la voie dans le supérieur, d’autres déploiements devraient rapidement suivre en Suisse et également dans la région d’Angers ; quant au secteur du K12, qui continue pour le moment à résister aux sirènes d’Apple, l’apprentissage des langues est précisément l’un de ses principaux facteurs de pénétration, en grande partie grâce à l’iPod. La solution Kallylang y soulève à présent un véritable intérêt, grâce à des expérimentations réussies comme à Belfort.

Application pratique de l’immersion à St Edward’s, qui sera également la seule université américaine en Europe à proposer un Centre de Formation Agréé Apple : les certifications AATCe seront dispensées par des professeurs bilingues, ce qui devrait améliorer l’aisance des candidats lors de l’épreuve des tests qui se déroule en anglais… c’est du moins le postulat de l’équipe pédagogique.

Le pari de l’université numérique

Mais l’investissement dans les TICE ne s’arrête pas là, et à St Andrew’s on se montre bien décidé à tirer parti de tout ce que l’ordinateur, a fortiori lorsqu’il arbore une pomme, peut offrir comme ressources pédagogiques : en janvier, un Xserve et 15 machines supplémentaires – Mac Pro ou iMac – vont être commandées, et à terme, un MBA de Digital Media Management est également prévu pour ouvrir ses portes en 2011, avec un soutient actif d’Apple au niveau des stages et des enseignements et qui proposera également des certifications AATCe.

Mais pour l’heure, l’université attend ses premiers étudiants pour la rentrée, avec un certain nombre de professeurs. Une salle informatique sera ainsi réservée au photographe Joe Vitone, qui enseigne aussi Final Cut Pro à Austin : il y sera également question d’Aperture. Le partenariat qui lie le campus d’Austin à Dell et Microsoft, y compris pour les certifications, a donc été transposé à Angers avec Apple et, sans surprise, la dimension du eLearning devrait également faire la part belle aux solutions de la Pomme, puisque la possibilité d’assister à des cours à 7 000 km de distance par visio conférence, grâce à iChat, est validée. Quant au podcasting, il va sans dire qu’il est d’ores et déjà programmé grâce au Xserve et à podcast producer.

La partenariat signé par Apple avec St Edward’s peut-il ouvrir davantage à la Pomme les portes de l’enseignement privé sous contrat, et derrière elles celles de l’Education Nationale après avoir fait la preuve de la pertinence de ses solutions ? On peut l’espérer. L’exemple d’Angers, à côté des expérimentations menées notamment dans le Sud-Ouest, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives et susciter le désir chez les enseignants. Université privée et classée en 2009 parmi les meilleures facs américaines, les moyens dont St Edward’s semble disposer ne sont pas sans poser la question des moyens dégagés pour les établissements publics de l’hexagone, même s’il est bien entendu qu’il s’agit ici de formations professionnalisantes. Pour l’heure, l’accord-cadre signé en juin 2004 pour quatre ans, entre Apple et le ministère de l’Education Nationale n’a pas encore été renouvelé à ce jour. Un nouveau son de cloche cherche pourtant à se faire entendre du côté de l’enseignement des langues…