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Prospective

Vers un ‘New Deal’ pour Apple?

Un certain nombre d’indices apparus ces deux dernières semaines peuvent laisser supposer qu’on est à un moment de bascule. Retour sur ces 15 derniers jours.

Boro

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Il n’est bien évidemment pas ici question de refaire l’histoire, ou d’esquisser un dénouement heureux à une quelconque guerre de la informatique, et quel que que puisse être par ailleurs le désir des aficionados de Cupertino de voir à la fin des fins les méchants confondus, et la fidélité des bons récompensée…

Pour autant, les 15 derniers jours auront vu la précipitation d’un certain nombre de petits faits, ou d’annonces qui, s’il est trop tôt pour dire s’il constituent une tendance lourde, n’en témoignent pas moins d’un climat, d’une atmosphère en train de changer vis-à-vis d’Apple.

Tout d’abord, le regard des analystes financiers a changé. Eux qui voici 6 mois faisaient encore la fine bouche devant les résultats d’Apple, au prétexte de la part trop importante prise par l’iPod par rapport à son cœur de métier, les mêmes (ou presque) y voient désormais un relais de croissance pour des gains de parts de marché, et alors même que le marché de la micro-informatique devrait certes continuer à progresser, mais sur un rythme moins soutenu.

A la suite de Piper Jaffray, l’ensemble des analystes financiers a relevé le seuil d’opportunité de l’action Apple lundi 22 novembre (voir édition du 22 novembre 2004); si tous n’ont pas été comme le courtier new-yorkais jusqu’à monter d’un coup la barre de 52 jusqu’à 100$, même le bas de la fourchette retenue par la plupart des autres représente avec 70$ à peu de chose près l’acmé atteint par le titre AAPL peu avant mars 2000, au plus fort de la bulle internet. 6 mois plus tard, le titre allait dévisser à l’annonce de l’un des rares trimestres fiscaux déficitaires de la gouvernance de Steve Jobs.

On en est loin. La compagnie est florissante, et les produits de la Pomme sont devenus attractifs comme peut-être jamais dans son histoire, au point qu’en ce qui concerne l’iPod on ait dépassé le stade de l’appétence pour confiner à la boulimie… Lundi 29, un certain nombre d’indiscrétions rapportées par AppleInsider et ThinkSecret (voir édition du 29 novembre 2004) faisaient état d’une période très favorable pour Apple : au delà du “pont” du Black Friday (le lendemain de Thanksgiving généralement chômé) qui marqué généralement la tendance pour les achats de Noël et qui a vu une véritable bousculade chez les distributeurs Apple, le regard et la demande se portent aussi sur les ordinateurs de la compagnie.

Ce n’est plus la seule famille iPod mais désormais l’ensemble de l’offre Apple qui est concernée : encore faut-il que celle-ci apparaisse suffisamment novatrice, comme c’est le cas de l’iMac G5 en particulier. A l’ouverture de la corbeille ce lundi-là, c’était même Apple qui soutenait l’indice des valeurs technologiques, quand Wall Street fléchissait à l’annonce de résultats en demi-teinte d’une façon générale, pour la consommation de ce week-end de Thanks Giving

Mais c’est la perception de la société toute entière, et en particulier dans sa capacité d’innover, qui est renouvelée à proprement parler, au point qu’on a pu parler à tort d’un “effet de halo” à propos de l’iPod. Si la fascination à l’égard du baladeur numérique est incontestablement à l’origine du changement d’appréhension du potentiel créatif de la Pomme, c’est seulement à présent que l’on peut parler d'”effet de halo” puisque celui-ci consiste en l’appréciation globalement positive des qualités de l’objet considéré, sans qu’il puisse être fait mention de tel caractère particulier.

C’est dans ce contexte que le concept de Hub Numérique dans sa globalité fait un retour particulièrement remarquable. Gartner (voir édition du 29 novembre) et Merrill Lynch (voir édition du 29 novembre) y voient le principal vecteur de développement de la micro-informatique domestique ; quant à Rebecca Runkle pour Morgan, si elle ne prononce pas le mot, c’est pourtant grâce à synergie entre iPod et iMac G5 qu’elle attribue à Apple l’une des meilleures opportunités de croissance de parts de marché.

Au moment où International Business Machines se sépare de sa division micro-informatique (voir édition du 3 décembre 2004) pour se recentrer sur son activité historique de moyens et gros système, l’ouverture d’un consortium (voir édition du 3 décembre 2004) autour de l’architecture PowerPC est peut-être l’une des meilleures nouvelles quant à la pérennité des choix stratégiques faits par Apple en matière technologique.

Il s’agit en effet d’ouvrir et de mutualiser la réflexion autour des échanges de la puce Power avec son environnement : réseaux, mémoires, etc., et dont on peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure il ne va pas entrer en concurrence avec HyperTransport, dont Apple utilise la technologie pour ses PowerMac G5… Mais Big Blue semble décidé à faire un pas supplémentaire pour imposer définitivement sa technologie RISC face à Intel…

L’avenir dira si nos salon accueilleront ou pas ces fameux serveurs multimedia dont parlait Merril Lynch. L’important est que la Pomme ait retrouvé toutes ses couleurs aux yeux des analystes et des investisseurs. Il lui reste à continuer de satisfaire sa clientèle comme c’est désormais de nouveau le cas… et de réapprendre à la fournir à temps… Les nouveaux venus seront par définition moins acquis à sa cause, et par conséquent moins enclins à l’indulgence…