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Matériel

MacBook Pro Force Touch, le test !

Arnaud

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C’est dans la bousculade des annonces de la keynote « Spring forward » qu’Apple a averti de la mise à jour des MacBook Pro 13″. Une mise à jour intrinsèquement modeste, qui reflète la relative stagnation des processeurs Intel, mais trouve son souffle avec deux nouveautés intéressantes, l’arrivée d’un trackpad « retour de force », nommé Force Touch, et celle d’un SSD hautes performances, connecté en PCIe, censé être quasiment deux fois plus rapide que les SSD équipant la génération précédente.

Mauvaise nouvelle, les prix sont revus à la hausse (entre 150 et 200 € de plus selon les configurations) et notre configuration de test – MacBook Pro Retina 13″, avec processeur DualCore i5 Broadwell 2,7 GHz, 128 Go de stockage SSD et 8 Go de RAM – est vendue 1449 €.

Le Touch de Force d’Apple

La grosse nouveauté matérielle de ce MacBook Pro cuvée 2015 se situe en avant du clavier : le trackpad Force Touch, un système de saisie nouveau chez Apple, sensible à la pression et fournissant un retour sensoriel via un moteur haptique. Qu’on se rassure de suite, cette nouveauté ne perturbera personne, et pour cause, elle est indécelable. En utilisation, ce trackpad donne exactement le même ressenti que les « anciens » trackpad. Il clique, de manière tout à fait normale.

Expérience réalisée sur une dizaine de sujets consentants, aucun n’a trouvé l’utilisation du Force Touch spéciale, bizarre, ou curieuse. « Oui, ben quoi ? », ou « mais qu’est-ce que tu veux me montrer » émaillent le test. Il faut alors éteindre la machine, et demander de renouveler l’opération. Et là, étrange, le trackpad est parfaitement inerte. Cliquer revient à taper sur la coque aluminium de la machine, et produit un son mat, sans espoir de clic. Une fois la machine allumée, direction les Préférences Système > Trackpad pour finir la démo. Apple propose à cet endroit trois réglages de « niveau de clic » pour le trackpad. Chacun modifie le son, et le retour haptique. Au plus faible, le clic est quasiment silencieux. Au plus fort, il est nettement audible. « Ah dis donc, c’est pas mal ce machin ».

Ce trackpad n’a pas encore livré tous ses secrets. Il semble différent de celui qu’Apple a montré lors de la présentation du nouveau MacBook, mais celui-ci n’étant pas encore disponible, il est difficile d’extrapoler les différences. Ce trackpad est composé, pour rester simple, de 3 ensembles : un pièce métallique recouverte de verre qui est la surface que l’on touche, une série de 4 électro-aimants et bobines de cuivre associées, chargées de faire vibrer le trackpad, avec une intensité et des vibrations variables c’est sans doute le pourquoi des 4 ensembles aimants/bobines). À cette partie vibratoire s’ajoute la partie capteur de pression. Il s’agit ici d’une série de capteurs de contraintes, qui se compriment de manière variable, selon la force exercée. Le trackpad est donc capable, dans une certaine mesure, de détecter un nombre non déterminé de niveau de pression.

Bobines, aimants, un moteur haptique pas si hi-tech que ça

Aujourd’hui, l’implémentation que fait Apple, dans OS X, du Force Touch, détecte deux niveaux de pression, un clic normal et un clic renforcé. Selon la pression détectée, l’action réalisée n’est pas la même.

En cas de clic fort, qu’Apple appelle clic forcé, OS X réalise une opération autre que celle déclenchée d’un simple clic. Celle-ci est contextuelle. Par exemple, sur le Finder, elle ouvre un aperçu du fichier. Sur Safari, un clic forcé sur un mot ouvre sa définition, sur un lien, une prévisualisation de la page de destination. Sur une lecture vidéo QuickTime, le niveau de pression fait varier la vitesse d’avance ou retour rapide.

Ce clic forcé n’est pas naturel, du moins pas initialement. Spontanément, on essaye d’appuyer très fort sur le trackpad, ce qui fait bouger le doigt, et donc le curseur, et ne produit aucun résultat satisfaisant. Le clic forcé est en fait un clic en deux temps : on appuie normalement, puis on appuie un peu plus fort, dans le même mouvement. Délicat à expliquer, mais simple à réaliser, une fois le coup pris.

L’utilité de la fonction est indéniable, mais mineure. Elle ne va pas changer en profondeur notre manière de travailler. C’est juste un petit plus, pour les experts du maniement de leur machine.

On peut s’amuser, pour l’expérience, à signer sur le trackpad, avec l’application Aperçu. La signature réalisée tient compte de la pression du doigt pour déterminer l’épaisseur du trait, comme sur une tablette graphique. Évidemment, sur la zone limitée que représente le trackpad, n’allez pas imaginer « dessiner » dessus.

Un SSD qui fait vavavoooum

Le MacBook Pro 13″ Retina 2015 embarque un disque SSD 128 Go fabriqué par Samsung. Des variantes 256 et 512 Go sont proposés sur les modèles plus chers, 1649 et 1999 €. La capacité de stockage est d’ailleurs la seule différence entre l’entrée de gamme, testée ici, et le modèle à 1649 €.

Notre SSD Samsung est composé de 8 modules de 16 Go. Il est directement connecté au bus système par une quadruple liaison PCIe 2.0 (le contrôleur supporte le PCIe 3.0 mais le chipset reste PCIe 2.0), contre du double liaison pour la génération précédente. C’est de là qu’arrive le gain, très significatif, en vitesse de lecture. Comme le note Ars Technica, peu de constructeurs utilisent la connexion PCIe, préférant le SATA, moins performant, mais moins coûteux. Apple est assez clairement au-dessus du lot en la matière.

La Pomme bien au-dessus du lot sur le stockage

Les performances sont assez exceptionnelles et placent la machine dans le très haut du panier en la matière. Le SSD du MacBook Pro assure un débit de lecture de l’ordre de 1,3 à 1,4 Go/s, le double des performances de la génération antérieure, comme indiqué par Apple. Les performances sont moindres, cependant, en matière d’écriture, 630-640 Mo/s, soit un gain de l’ordre de 10 %, bien moins notable.

Dans le détail, notre disque assure des performances assez extraordinairement homogènes en lecture, séquentielle ou aléatoire, et marque un palier en matière d’écriture lorsqu’il travaille avec des fichiers de moyenne taille.

La machine boote en 11 secondes.



Processeur : ça stagne !

Depuis quelques années, la montée en puissance des processeurs s’est considérablement ralentie. Intel, qui n’a guère le choix, se concentre sur l’amélioration du rapport puissance / consommation, un mouvement entamé avec la micro-achitecture Haswell, que les nouveaux processeurs Broadwell poursuivent. L’évolution qu’apporte cette gamme est mineure, même si elle constitue un énorme challenge technique : la gravure en 14 nm, qui permet de réduire la consommation électrique, le dégagement de chaleur du processeur, ainsi que l’espace qu’il occupe.

De fait, le MacBook Pro Broadwell 2015 n’est guère plus puissant que le modèle 2014 qu’il remplace, lequel ne faisait guère mieux que le modèle 2013. À chaque fois, les gains de performances sont de l’ordre de 5 à 7 %. autant dire pas grand-chose.

Broadwell – une déclinaison Core M, plus petite et faiblement cadencée, pourtant, est un élément clef du design sans ventilateur du futur « nouveau MacBook » 12″. Moins de dégagement thermique, et donc la possibilité, en répartissant intelligemment les flux d’air, d’un refroidissement passif de la machine.

Rien de tel sur notre MacBook Pro 2015, qui n’évolue pas du tout sur le plan du design, et qui reste équipé de puissants ventilateurs (lesquels, soit dit en passant se sont déclenchés plusieurs fois durant nos tests, sans lien direct avec la charge d’activité du moment).

Son processeur est un Core i5-5257U, cadencé à 2,7 GHz, avec Turbo Boost à 3,1 GHz (possibilité de pousser la fréquence sur un cœur). Une série U, secondée par un nouveau chipset graphique Iris 6100, capable de faire évoluer sa fréquence de fonctionnement entre 300 MHz et 1,05 GHz. Gravé en 14 nm, le CPU embarque 3 Mo de cache.

Un chipset graphique qui tient la route

La première génération de MacBook Pro 13″ Retina souffrait d’un chipset graphique sous-dimensionné, qui peinait – c’est aussi le cas sur l’iMac 5k Retina actuel – à animer les 2560 x 1600 pixels de l’écran. Les mauvais souvenirs liés à l’antique Intel HD Graphics 4000 sont du passé, et la génération 2015 des MacBook Pro 13″ utilise désormais le GPU Iris 6100, nettement plus performant, même si l’on demeure loin des performances d’une vraie carte dédiée.

L’Iris 6100 est capable de gérer deux écrans externes à 3840×2160 pixels. Niveau performances, il s’agit d’une évolution par rapport aux versions antérieures, apportant un gain de performances relativement modeste, compris entre 10 et 30 % et lié à l’augmentation (+20 %) du nombre d’unités de calcul.

À l’usage, la carte se comporte bien, assurant des performances homogènes sur nos logiciels de référence, et une expérience très fluide à l’utilisation de la machine. On est loin des fenêtres qu’on peine à redimensionner sur Safari, ou le Finder.

L’autonomie (presque) préservée

La cuvée 2015 des MacBook Pro 13″ conserve l’autonomie désormais habituelle sur la gamme, autour de 10 heures en usage courant. Avec une nuance quand le chipset graphique est sollicité. Celui-ci a un impact non négligeable, et en hausse par rapport aux générations précédentes. Ainsi, lors du “stress test vidéo” – une vidéo HD1080p qui tourne en boucle, luminosité de l’écran au maximum, abaissement de la luminosité sur batterie activé – le MacBook Pro 2015 a assuré sa tâche pendant un peu moins de 6h30, quand les générations précédentes Pro et Air tutoyaient les 8 heures.

À l’inverse, nous n’avons pas observé de différence notable sur notre test bureautique – chargement toutes les 30 secondes d’une page lourdement chargée en Wi-Fi – où le Macbook Pro 2015 retrouve l’autonomie revendiquée par Apple, à savoir 10 heures. Le temps de charge n’évolue pas non plus, autour de 2h30 pour une recharge complète.

Une gamme qui évolue peu

Un nouveau trackpad, certes novateur mais d’une utilité relativement limitée pour le moment (mais ça va évoluer, le Force Touch dispose d’un jeu d’API publiques, et les développeurs tiers peuvent gérer ce trackpad dans leur logiciel), un support de stockage encore plus rapide (mais le précédent l’était déjà assez) constituent les seules nouveautés de cette machine. Le CPU évolue peu, tant sur le plan des performances que sur celui de l’autonomie, le GPU à peine plus.

Le MacBook Pro Retina 13″ 2015 est une excellente machine, qui ne sacrifie pas la puissance à la portabilité. Cependant, limité par un chipset graphique intégré, moins performant qu’une carte dédiée, le modèle 13″ n’apporte pas le confort d’utilisation des modèles 15″, plus chers, mais plus performants. Par rapport au MacBook Air, son écran Retina lui confère un indéniable avantage, au prix d’un poids plus important, 1,58 kg (1,35 kg pour le MacBook Air 13″). Le nouveau MacBook, lui, devrait plus faire de l’ombre aux MacBook Air, qu’aux MacBook Pro, limité qu’il est par un processeur peu musclé.