Suivez-nous

Prospective

Microsoft décline…

L’irruption de l’iPhone semble devoir rebattre les cartes de l’interface utilisateur, bien au-delà de la simple téléphonie. Mais au delà, c’est la capacité de Microsoft à rebondir qui est posée une nouvelle fois.

Boro

Publié le

 

Par

Le titre a beau être racoleur, il ne précède pourtant aucune prophétie millénariste sur la fin prochaine du Léviathan, ni même un regard faussement apitoyé sur la panne d’innovation de l’Ogre de Redmond qui dure maintenant depuis… depuis…
La vidéo de l’interview de Steve Hodges le responsable de l’unité de Cambridge consacrée aux capteurs et aux appareils mobiles montre pourtant une évidence : Microsoft est une nouvelle fois en panne, complètement dépourvue face à l’iPhone, plusieurs années après avoir identifié comme stratégique le secteur de la téléphonie mobile.

Publiée le 20 juin, cette vidéo n’arrive certes pas pas hasard, à l’acmé du buzz généré par la sortie prochaine de l’iPhone, à la fin de la semaine… Passons charitablement sur l’air pénétré avec lequel le chercheur commente les manipulations des fenêtres depuis une télécommande infra-rouge, comme si Front Row n’existait pas depuis 1 an 1/2 : là n’est pas l’essentiel puisque, précisément, le dispositif fonctionne à l’infrarouge, quand celui de l’iPhone utilise les différences de potentiels électriques sur de zones bien précises…

Mais c’est la façon dont ce fonctionnement a répété à la lettre sur un écran de portable de 15″ la sémantique gestuelle de Surface présentée fin mai, en marge du D: All Things Digital, pour une table de 30 pouces de diagonale (voir l’édito du 30 mai), lequel était lui-même la répétition des gestes utilisés à l’échelle d’un tableau noir par le démonstrateur de Perceptive Pixel (Ibid)

Or c’est bien là que le bât blesse… Quand Apple reprend de zéro avec l’aide de FingerWorks l’ensemble de son interface utilisateur grâce à des gestes fins comme le pincement entre le pouce et l’index , elle repense toute la métaphore de la manipulation des objets virtuels à l’échelle de l’iPhone. Microsoft, lui, se contente de parodier ce qui a été pensé pour une surface 10 fois plus importante : viendrait-il à l’idée de quelqu’un de manipuler une épreuve photo classique au format 10×15 cm en utilisant ses 2 mains, au lieu de l’attraper par un coin, a fortiori sur une surface si réduite, quand il suffisait de transposer à la nouvelle interface les “coins tactiles” ou les barres horizontales qui existent déjà sur les fenêtres depuis l’invention de l’interface graphique utilisateur et de la souris?

Le 54e Cannes Lions, le Festival International de la Publicité qui s’est tenu à Cannes du 17 au 23 juin dernier est sans doute symptomatique du décrochage qui est en train de s’opérer. C’est Apple et Adobe qui ont mis à disposition MacPro et Creative Suite 3, pour les ateliers. A la suite d’une erreur d’aiguillage qui a vu des numéros de licences pour Windows d’abord fournis, situation rapidement rattrapée grâce à la souplesse de déploiement en réseau sur la plate-forme, les langues se sont rapidement déliées et on en est venu à «causer bécanes» parmi les festivaliers…

Résultat des courses, un sentiment général de ras-le-bol vis-à-vis de Windows, en particulier en ce qui concerne les machines nomades, sur lesquelles il est extrêmement difficile de désinstaller Vista et de revenir à Windows XP. Et pour finir, des commerciaux Apple hypersollicités et qui ne savent pas où donner de la tête, tous secteurs confondus. Spirale descendante d’une part, courant ascensionnel d’autre part, c’est à un véritable retournement de tendance complet auquel l’on est en train d’assister (voir la dépêche du 23 juin), et que le lancement de l’iPhone et de Leopard – en attendant d’autres clients léger – ne feront qu’accentuer…

Microsoft décline : il ne s’agit rien de de plus qu’un simple constat clinique, ou plutôt l’illustration de ce que Steve Ballmer le CEO avait lui-même décrit comme le modèle industriel de son entreprise, devant les étudiants de la Stanford Graduate School of Business (voir l’édito du 23 mars) : trouver une idée, et en tirer le maximum de revenus possibles en la déclinant au maximum, jusqu’à plus soif…

La différence entre déclin et déclinaison, quelle que soit la racine commune, tient décidément beaucoup moins à la désinence qu’à l’état d’esprit. Un peu comme dans innovation par exemple…

Merci à Matthieu pour le lien

Istartedsomething