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Prospective

BETT : vitrine d’Apple en Europe

Les bons résultats d’Apple en Europe sur l’Éducation sont venus rappeler l’importance traditionnelle du secteur dans les résultats de la marque, avec des perspectives de développement toujours très importantes dans un secteur en pleine croissance.

Boro

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L’irruption d’Apple en tête des constructeurs informatiques sur le marché de l’Éducation en Europe de l’Ouest au 4e trimestre 2005 a brusquement braqué les projecteurs de l’actualité sur le constructeur californien, propulsé à une première place où l’on a davantage l’occasion de voir Dell (voir la dépêche du 4 février 2006).
Avec 15,2 % de parts de marché, la Pomme a en effet damé le pion aux 2 premiers constructeurs mondiaux, notamment son éternel rival texan lequel n’a d’ailleurs devancé HP son poursuivant immédiat que d’un demi-point avec 14,7% contre 14,2.

Si avec presque 22% de hausse cette première place était semble-t-il plutôt une bonne surprise, même si aux Ul… à Regent Street (voir la dépêche du 27 février 2006) on espérait bien se maintenir au moins dans le Top3 Européen, non seulement ces bons résultats étaient déjà au rendez-vous au trimestre précédent – du moins en ce qui concerne la France – mais encore témoignent-ils de la bonne santé retrouvée par Apple (voir l’édito du 16 février 2006), fruit du travail “foncier” entrepris par toutes les équipes depuis plusieurs années : d’abord sur l’offre, et ensuite sur le volet commercial. Or la disparité des chiffres – 54,4 % de parts de marché en Suisse, 25,2 en Suède,19,5 en France – recouvre aussi celles des diverses particularités nationales.

Apple France a ainsi du ferrailler ferme pour lutter contre le retour de NEC, HP ou Dell, et son alter ego allemande a du céder le pas face au constructeur local Fujitsu-Siemens. Mais c’est du Royaume-Uni où ce trimestre encore Apple totalisait un petit 12,5% de parts de marché que la filiale française avait choisi de montrer son savoir-faire à quelques décideurs du marché de l’Éducation dans l’hexagone, notamment des représentants de la mairie de Rennes ou du Conseil Général des Hauts-de-Seine.

L’éducation britannique, une longueur d’avance sur les TICE

Si Apple avait choisi le BETT qui s’est tenu du 11 au 14 janvier dernier pour montrer ses solutions, c’est qu’il s’agit probablement du premier salon mondial en matière de Technologie de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement. Et pour cause, les budgets consacrés aux “nouvelles technologies” y sont bien plus importants qu’en France par exemple, pour une population équivalente. Quand selon IDC l’hexagone devrait investir à hauteur de 1,3 milliards d’euros en 2008 dans le secteur pour son École Publique, ce sont 2,36 milliards d’euros (£1,62 milliard) qui seront investis par le gouvernement de Londres dans son propre service public d’éducation entre 2006-2007 et 2007-2008.

Ce à quoi viennent s’ajouter 617 millions d’euros (£ 423 million) dépensés chaque année par les établissements publics sur leur propre budget, en équipements pour les cours comme les tableaux interactifs ou les logiciels, ce qui ne comprend pas l’achat des ordinateurs par eux-mêmes. Et les prévisions pour 2005-2006 sont de 816 millions d’euros (£560 million). Selon le supplément éducation du Times, les établissements scolaires britanniques dépenseraient désormais en matériel pédagogique IT plus de cinq fois le montant de ce qu’ils consacrent aux achats de livres. Le secteur est donc en pleine phase de renouvellement et en matière d’éducation aussi, la dématérialisation des contenus est en train d’avancer.

Une situation… et un engagement très particuliers

Tout cela est du à l’engagement des politiques comme l’explique Hervé Marchet, lesquels “apprécient de voir que depenser de l’argent sur l’IT a l’ecole est utile“. Le but pour Apple est donc de montrer l’engagement et la motivation des enfants à utiliser des ordinateurs, devenus des outils familiers, à l’école. “Quoi que l’on fasse, ceux-ci ont de toutes façons adopté l’ordinateur, et s’en servent sans se poser de questions. Or si le professeur ne se sent pas à l’aise, il y aura forcément ce hiatus enfants-profs vis à vis des nouvelles technologies…“.

C’est pourquoi le Royaume-Uni a adopté une solution “au plus près” pour la formation des enseignants, que celle-ci soit initiale ou continue, avec la mise en place sur tout le territoire de [85] centres de formation où chaque professeur doit aller prendre des cours d’utilisation des Technologies de l’Information. Baptisés Regional Training Centers, ces structures tiennent à la fois de l’Académie, de l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) et du CRDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique).

Nous avons investi une partie de ces centres depuis le début de l’année scolaire, poursuit Hervé Marchet, en proposant d’animer des formations… avec Macs, bien entendu. Et ces formations se passent très bien, à tel point que les profs en arrivent à décider qu’ils doivent acheter un Mac pour la maison, afin de préparer leurs cours et d’être plus à l’aise en classe… et bien entendu, nous n’allons pas leur démontrer le contraire ! Le “retour” des RTC participants et des profs est d’ailleurs très positif, et les autres centres nous demandent d’intervenir. Ensuite, nous faisons un suivi avec les partenaires sur les écoles dont les professeurs ont participé aux formations…

… et des difficultés non moins spécifiques

Les enseignants britanniques sont en effet confrontés à des défis sans commune mesure avec les maux dont on accable parfois l’Éducation Nationale française : si en France les chiffres de 4 à 9% des élèves qui ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture en classe de 6e, et de 15% ayant de grandes difficultés sont relativement stables d’une année sur l’autre, en Grande Bretagne ce sont 35% des élèves du même âge qui étaient considérés dans une étude de 2004 de l’Office for Standards in Education (Ofsted) comme ne sachant pas lire, du fait du manque de formation des professeurs dans ce secteur particulier.

Quand les enseignants français ont parfois l’impression de “faire la danse du ventre pour garder l’attention des élèves” selon l’expression de certains d’entre eux, leurs homologues britanniques se battent eux pour faire rester les élèves dans l’établissement, confronté à un absentéisme massif et persistant, dans un contexte très contrasté – pour ne pas dire très controversé – du fait de l’autonomisation des établissements d’enseignement en 1990.

Rien d’étonnant dès lors à ce que puissance publique [[ce qui est un euphémisme dans un contexte de désengagement vis-à-vis des interventions de l’État en Grande Bretagne]], collectivités locales et établissements
voient dans les Technologie de l’Information une planche de salut à même de remotiver les élèves… Encore faut-il que les enseignants maîtrisent leur outil pédagogique, tout en présentant des contenus attractifs propres à susciter l’intérêt et la curiosité des élèves : c’est là qu’interviennent les formations dans les Regional Training Centers.

Apple y propose d’ailleurs une démarche originale, l’idée étant que le professeur crée lui-même son propre contenu : “l’intérêt n’est pas de digitaliser, de numériser du contenu existant mais de créer son propre contenu…et pour ce faire le professeur doit avoir un outil informatique a la maison“, indique Hervet Marchet, avant d’ajouter en souriant : “on devrait peut-être mettre en place un plan MIPE pour les profs?“.—–

La France prête à franchir le pas ?

Même si les enseignants français sont confrontés à des problématiques différentes, les membres des collectivités locales françaises qui accompagnaient Hervé Marchet à Londres se sont montrés intéressés à plus d’un titre par les pistes explorées outre-Manche. Parmi eux, on comptait notamment Frédéric Bourcier, adjoint à l’Éducation de la Mairie de Rennes. On se souvient que celle-ci avait fait l’année dernière la démarche d’équiper l’ensemble de ses classes de Maternelle, avec rien moins que 200 eMacs déployés sur une période de 3 ans ; lors des discussions, puis de la phase de test, c’est le volet “formation des enseignants” qui avait fait la différence en faveur de la solution Apple (voir la chronique du 23 février 2005).

C’est sans surprise que Frédéric Bourcier s’est montré particulièrement intéressé par l’accompagnement sur le terrain des enseignants après la formation initiale, tout comme l’ensemble de ceux qui avaient fait le voyage depuis Paris : “tous nous demandent d’avoir la même politique en France, souligne Hervé Marchet avec satisfaction. Il s’agit en fait d’une véritable cascade d’ITICA (voir la chronique du 14 novembre 2005) au niveau local, à l’échelon des régions ; ce sont de petits cours d’eau, mais au total ce sont de nombreux profs qui connaissent Apple, qui comprennent comment on utilise l’ordinateur en classe et qui s’approprient l’outil“. Officiellement, l’ITICA se limite pour l’instant en France à une session nationale unique qui se déroule aux vacances de Toussaint, même si une réflexion sur son “essaimage” à l’échelon local est engagée depuis un petit moment.

de nombreuses pistes à explorer

Le développement d’Internet 2 – avec son réseau très haut débit notamment à destination des établissements d’enseignement – en particulier avec ses solutions middleware de services interactifs en ligne, offre des perspectives de développement nouvelles à la Pomme, qui a pu longtemps pâtir de son étiquette “non compatible”… L’occasion d’investir davantage le secteur secondaire et le collège, où Apple est beaucoup moins implantée qu’à l’Université :
Vous savez qu’il y a encore beaucoup de gens qui se demandent si on peut aller sur internet avec le Mac, ou du moins sur tous les sites. En fait avec Internet 2 et le côté plus interactif, on pense qu’il faut se positionner dès maintenant sur les collèges car les logiciels seront online, et peu importe la plate-forme : il s’agit de se positionner en temps que plate-forme stable et sûre, pour être prêt quand des solutions seront sur le marché. Beaucoup de gens nous disent qu’ils vont développer des choses à ce sujet, c’est notamment le cas de France 5“.

Cela ne préjuge en rien bien entendu des efforts de mise en valeur de l’intérêt de l’utilisation d’iLife en local, dans des projets pédagogique à l’echelle de la classe ou de l’établissement… même si là non plus la thématique des réseaux et du partage en ligne n’est jamais très loin : iWeb est considéré en interne comme un outil majeur pour l’éducation, et il ne serait guère étonnant de voir une offre spécifique du service .mac élaborée en direction du monde de l’enseignement. Dans ce contexte, le podcast vient ainsi mettre en lumière les deux problématiques majeures mises en jeu par les TICE, la manière de faire et le contenu :
le fait que le podcast soit simple a utiliser est super pour les profs, mais ce n’est que la face voyante de l’iceberg. Les questions sont maintenant sur le contenu, le “créer”, l’utilisation : après avoir communiqué sur la simplicité pour réaliser des podcast, il faut maintenant parler des contenus, sinon inventer un nouveau format du moins élaborer une meilleure compréhension de quoi faire avec“.

De quoi alimenter la réflexion des responsables des budgets informatique sur l’ordinateur “utile” et productif tel que le conçoit Apple, quand la plupart de ses concurrents se battent au niveau des prix pour emporter les appels d’offre…