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Justice

Apple vs Samsung, compte-rendu d’audience #2

Boro

Publié le

 

Par

Jour 2

Résumé des épisodes précédents :

Maple, jeune créateur très en vue, est venu s’installer chez Sam, une import-export très douée d’origine étrangère, dont il est devenu le premier client et à qui il confie désormais certains travaux. Mais Maple n’a pas été long à s’apercevoir que, non seulement Sam copie ses création et lui fait concurrence, mais que par-dessus le marché elle fricote avec Gogol un jeune publicitaire d’origine russe et ancien meilleur ami de Mapple, qui lui aussi avait cherché à copier ses créations pour arrondir ses fins de mois.

Mapple a porté plainte, et Sam et lui sont à présent devant le juge, en train de se traiter de tous les noms. Maple aurait pourtant pu se méfier, puisque Sam s’était conduite exactement de la même manière avec Sonny, un ancien jeune créateur autrefois très en vue, et désormais à la rue… Mais Maple croyait dur comme fer comme il disait que « Sam et moi, c’est du sérieux » et… Aaaarrrh… Arrière, Roberts et Garrigos, on est pas à l’Eurovision…

Reprenons…

Le contexte et les enjeux de cette affaire sont exposés ici

Le premier compte rendu d’audience se trouve là

Résumé des épisodes précédents :

Rien n’est simple dans le procès qui oppose Apple à Samsung pour la violation du design et des brevets de l’iPhone et de l’iPad. La sélection de jurés qui ne soient liés ni de près ni de loin à l’Apple ou Samsung dans les listes électorales de la Silicon Valley s’est révélée à peu près aussi ardue que de trouver au 19e sècle 10 Bretons qui ne soient ni alcool… euh ni pêcheurs, ni agriculteurs et les deux plaideurs, que la juge n’avait cessé d’encourager à trouver un arrangement amiable, ont passé la première journée d’audience à se traiter mutuellement de menteurs.

Comme si cela ne suffisait pas, le principal avocat de Samsung n’a rien trouvé de mieux à faire que de communiquer à la presse une « mise au point » faisant étalage de pièces refusées à plusieurs reprises par la Cour, dans le but évident de jouer la presse et l’opinion contre le tribunal. Autant dire que le juge était fumasse…

Mercredi 1er août

On en sait davantage aujourd’hui sur ce coup d’éclat du communiqué à la presse. On aurait d’ailleurs tort de croire que le chroniqueur exagère en décrivant complaisamment des avocats réputés et aux émoluments faramineux, confondant cour de justice et cour de récréation dans une affaire potentiellement à plusieurs milliards de dollars.

La juge Lucy Koh – qui est non seulement particulièrement compétente dans ce genre de différents (lire le prologue du premier compte rendu d’audience) mais qui a du également avoir sans doute des gamins difficiles ou faire du baby-sitting pour payer ses études – avait dû sentir venir le coup puisque dans la phase de conciliation préliminaire, elle avait proposé aux deux parties de leur offrir une boîte de chocolats si cela devait faciliter les négociations… (authentique)

Ce qui est moins drôle, c’est que dans l’histoire des slides avec les documents refusés et du communiqué glissés en douce par John Quinn à la presse, on retrouve les avocats d’Apple dans le rôle du cafteur, se plaignant auprès de la juge que la manoeuvre avait pour but d’influencer le jury… et malheureusement, les mêmes ce mercredi dans le rôle du fayot, envisageant de réclamer des sanctions à l’égard de son adversaire pour comportement « non conforme à l’éthique » et « déloyal ».

« Apple requiert respectueusement que la cour sanctionne Samsung en rendant une décision en faveur d’Apple »

Dans leur requête, les avocats d’Apple ont demandé ni plus ni moins que la sanction définitive de Samsung, considérant que la partie adverse a été déjà sanctionnée à plusieurs reprises, tout récemment d’ailleurs pour destruction de preuves. Apple va d’ailleurs plus loin, affirmant que le coréen avait diffusé son communiqué et ses pièces auprès de médias qui n’en n’avaient pas fait la demande, contrairement à ce que leur avocat avait affirmé. Cette assertion d’Apple est d’ailleurs confirmée par The Verge.

Ténor du barreau, John B. Quinn est-il également un adepte de l’accro-branche ? Est-il vraiment aussi bon qu’il semble le croire lui-même ? Toujours est-il qu’à son retour mercredi à l’audience – anticipant sans doute la réaction de la juge, M. Quinn avait ostensiblement « séché » les débats le mardi après-midi – perdu pour perdu, il a revendiqué le communiqué avec pas mal de culot, réfutant toute volonté d’influencer le jury et se posant au contraire en victime, en déclarant « que Samsung est parfaitement dans son droit lorsqu’il se défend d’attaques injustes et biaisées devant l’opinion ».

Le San José Mercury News rapporte que, dans son portrait publié par un magazine professionnel, Quinn avait déclaré : « Nous disons en plaisantant que notre objectif est de dominer le monde. Mais nous ne plaisantons qu’à moitié ».

L’audience ne reprendra que vendredi matin, heure de San Francisco, que ce soit pour examiner les requêtes d’Apple ou laisser la juge se calmer. Va-t-on assister à ce qu’on appelle un retournement d’audience ? La juge Koh va-t-elle appuyer sur le bouton de l’arme atomique ? C’est tout de même peu probable.

Dans le cas inverse, on imagine mal l’Honorable Juge Koh laisser la maîtrise des débats lui échapper de la sorte pendant les trois semaines qui restent, au vu de ce qu’elle a laissé paraître jusqu’à présent…

A suivre…