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Édito

Le grand retour des Apple Distinguished Educators

Boro

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Info MacPlus : selon nos informations, Apple France s’apprêterait à réactiver son dispositif d’Apple Distinguished Educators (ADE), avec un processus de recrutement dès la rentrée prochaine.

Le terme d’ADE sera sûrement familier aux lecteurs les plus anciens de MacPlus : sous cet acronyme, se cache en effet un véritable réseau d’enseignants de tous niveaux, particulièrement férus de ce qu’on appelait encore il y a déjà 10 ans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Éducation, au point de développer des séquences pédagogiques en s’appuyant sur le Mac, puis sur l’iPod. C’est sur ce réseau d’enseignants motivés qu’Apple avait particulièrement misé pour diffuser ce qu’il est convenu d’appeler les « bonnes pratiques » dans l’enseignement, en signant avec le Ministère de l’Éducation Nationale un partenariat qui allait donner lieu à des ateliers réguliers de formation des enseignants par leurs pairs, immortalisés sous la dénomination d’ITICA (Institut pour les Technologies de l’Information et de la Communication Apple). 

Mis en place avec pour support du matériel embossé de la fameuse Pomme, et même si les ateliers étaient organisés de manière à aborder les problématiques de manière « œcuménique » d’un point de vue commercial, ces rencontres organisées autour d’échanges et de retours d’expérience étaient, comme on s’en doute, l’occasion pour les stagiaires venus d’autres horizons de se rendre compte que les problématiques sur lesquelles ils s’étaient parfois vainement cassé les dents étaient souvent bien plus faciles et naturelles à résoudre en travaillant avec l’écosystème Apple. De l’intérêt mutuel bien compris, donc, d’autant que, bénévoles, les ADE ont bénéficié un temps d’un geste supplémentaire d’Apple par rapport au tarif éducation habituel lorsqu’ils devaient renouveler leur équipement.

Les Apple Distinguished Educators pioncent

Mis en sommeil depuis 2 ou 3 ans par Apple France, ce dispositif de sensibilisation de type « viral » avait été depuis «doublé» par une formule beaucoup plus offensive, comparable à celles mises en place par Apple au niveau de ses autres marchés principaux, et intitulée “les experts en Apple Professional Development”. Ceux-ci ont pour mission d’accompagner le déploiement d’iPad chez les grands comptes, et en particulier dans le système éducatif, et de former des intervenants chargés de déployer le matériel, de former à leur tour les utilisateurs et d’assurer le support tout au long de la durée de vie du programme. Systématiquement intégré au « paquet » à partir de 50 tablettes, ce système d’accompagnement au plus près des besoins du client, est particulièrement apprécié par les utilisateurs et les donneurs d’ordres.

Les diverses formations sont présentées aux clients sous forme de catalogue, détaillées par niveaux, mais peuvent également être adaptées sur mesure aux besoins. Le système semble même être une partie intégrante de la réussite du programme et de son appropriation par les utilisateurs finaux. Il va sans dire que la concurrence a d’ores et déjà commencé à essayer de mettre en place des dispositifs similaires, à l’appui de ses propres propositions de valeur, mais c’est le jeu…

Le réveil sonne !

Or en cette rentrée, Apple France semble vouloir augmenter encore son niveau de jeu, en réactivant son dispositif d’Apple Distinguished Educators, et notamment en ouvrant à partir de janvier une session de recrutement d’enseignants, prêts à rejoindre ces nouveaux «hussards du numérique». Le modus operandi sera particulièrement simplifié, et adapté à la décentralisation, puisqu’il s’agira de répondre à un questionnaire en ligne et de réaliser une vidéo d’une minute environ, histoire de montrer un peu de quoi l’on est capable. La marque à la pomme, après avoir donné quelque peu l’impression d’aborder le marché de la tablette avec un brin de désinvolture dans l’Éducation, et sans doute trop confiante dans la pertinence de sa solution, est apparemment décidée à se donner les moyens de réussir pour de bon dans le secteur du secondaire, et de toucher enfin le Graal en allant au-delà des habituelles expérimentations plébiscitées par les utilisateurs, mais pour autant sans lendemain.

En effet, à mesure que le marché mûrit et que les propositions alternatives de la concurrence se multiplient, il s’agit d’éviter de reproduire la mauvaise surprise qu’avait pu représenter pour Apple le « podcasting dans l’apprentissage des langues ». Pour la petite histoire, l’intérêt de l’usage de l’iPad avait été pressenti par un ADE, pour une bonne partie en s’appuyant sur la facilité d’utilisation de l’iPad et iTunes. Expérimenté à une échelle importante avec l’accompagnement d’Apple, l’intérêt des méthodes pédagogiques avait été validé à différents niveaux, avec en définitive la généralisation de la méthode par l’Éducation Nationale à la rentrée 2010… à ceci près que trop souvent, au lieu du système iTunes plus iPod et sa facilité d’utilisation, on s’escrimait à réinventer la roue en montant de son côté des solutions plus ou moins bricolées, sous l’impulsion de quelques ayatollahs pour qui le mot « propriétaire » demeure le mal absolu en matière de logiciels. Et à la fin des fins, les enfants et leurs enseignants travaillaient avec quelque chose qui avait le même rapport au plaisir et à la facilité d’utilisation de la solution de départ que les fameux doubitchous de Sofia, à base de margarine et de cacao de synthèse, avec de véritables chocolats de Noël…

L’iPad en pointe

Apple, a donc (de nouveau) besoin de ses A.D.E, pour réussir à sortir par le haut de la période des expérimentations, pour aborder le temps de l’adoption généralisée avec une offre de valeur reconnue comme la meilleure… du moins si elle veut vraiment s’implanter significativement dans le marché du primaire et du secondaire à qui elle destine ses tablettes. Il lui faut pour cela s’extraire de la cacophonie entretenue par ses concurrents, et par les idéologues du « Libre », vers qui Apple a fait pourtant depuis longtemps une bonne moitié du chemin.

*Les premiers, parce qu’ils ont d’abord été pris de court par l’iPad, avant de s’organiser. Le cas de Microsoft est à cet égard assez paradigmatique puisque, après avoir martelé Urbi et Orbi que l’iPad était fait pour « consommer » et non pour produire des contenus, Redmond essaie de faire passer l’idée, à coups de liens sponsorisés s’il le faut comme le fait sa filiale française depuis quelques semaines, que sa Surface 3, ni tablette ni ordinateur, peut à la fois remplacer l’iPad et le MacBook air.

* Les seconds, parce que comme le Mac l’iPad est conçu « for the rest of us », et que par conséquent comme le Macintosh en son temps par sa prise en main intuitive il est une menace potentielle pour tous les « sachants » et leurs rentes de situation.

Or, le temps est venu pour Apple de montrer qu’elle s’intéresse vraiment au marché du K-12, du moins autrement qu’en vendant son électronique comme des petits pains. Le plan d’informatisation de l’école annoncé par François Hollande en septembre et précisé en novembre, semble avoir tiré les enseignements des 11 plans qui l’ont précédé – au moins peut-on l’espérer. Il prévoit en particulier (et entre autres) une concertation entre enseignants, industriels, éditeurs de contenus, collectivités locales et parents d’élèves, suivie d’une expérimentation massive à partir de la rentrée 2015 et au final, le coup d’envoi donné en septembre 2016 avec la généralisation de l’équipement de tous les élèves de 5e avec des tablettes, et un objectif affiché de 70 % des élèves du second cycle (collège + lycée) et de 100 % des enseignants équipés à l’horizon 2020. Et pour la première fois sans doute, le plan prend en compte la formation des enseignants, tant au niveau initial dans les ESPÉ qui ont remplacé les IUFM, qu’au niveau continu, entre pairs. Quelque chose à quoi les fameux ITICA pourraient servir de référence par leur focalisation sur l’efficacité pratique, en somme, en quelque sorte davantage orientés vers la démonstration de l’efficacité de tours de mains que centrés sur la simple diffusion de recettes de cuisine pédagogique…

Une raison supplémentaire pour Apple de remobiliser sa « vieille garde » et d’en incorporer une « plus jeune » vers de nouvelles conquêtes, prêtes à bousculer les conservatismes par leurs pratiques innovantes ? Il y a déjà eu beaucoup trop de rendez-vous manqués, et le gâchis éducatif actuel ne profite en tout cas qu’aux mêmes…« Le changement est dans l’air », clame le dernier spot TV d’Apple pour l’iPad Air 2 aux États-Unis : et ici, c’est maintenant ? :langue